Premiere: Ah God – It’s Tiiime for Martian Punk!

Ah God, c’est un groupe originaire de Portland qui s’apprête à faire paraître son troisième album via Halfshell Records. Intitulé Tiiime, ce dernier est une excellente nouvelle pour qui croit que Dieu est une vaste arnaque, pour qui rejette le moralisme rock’n’roll ou pour qui aime son punk avec une texture sonore plus travaillée que celle des Reatards – en tout bien tout honneur. 



C’est donc non sans un certain nihilisme et une fierté tout à fait complexée que je vous présente en exclusivité intergalactique ce nouvel album de Ah God qui verra officiellement le jour ce vendredi. Composé de 11 morceaux, il pèse lourd à la pesée du meilleur album apocalyptique de l’année 2018. A vrai dire, on retrouve dans cet album beaucoup de ce qui fait de Naomi Punk un groupe à ce point extraordinaire. Les voix semblent être fantomatiques, martiennes par moment, et la musique à ce gout amer des titres qui ont été irradiés. Tiiime semble nous dire que les body snatchers arrivent. Leur invasion sera noisy ou ne sera pas.



Plusieurs artistes de pop martienne ont débarqué sur la planète terre en 2017. Je pense à Cut Worms, Martian Subculture & co. Ah God, lui, vient d’une autre planète que la Lune. Surement est-ce Jupiter. Comme l’illustre sa pochette, le rouge prédomine tout au long de cet LP. Le label relève son “extraterrestrial afterglow” et le premier titre est nommé Another Planet“, aucun doute, ce punk futuriste a quelque chose que les autres n’ont pas. 

Tiiime“, le second – et premier single dévoilé – est en plein dans la thématique de cet album. Ce combo de distorsions, sur la voix et l’intru, fait du spleen qui s’en dégage une excuse à la paresse. C’est l’un des paradoxes de cet album : alors qu’il est saturé et flamboyant, il appelle à se retirer de nos activités terrestres pour plaider allégeances aux envahisseurs. Et lorsqu’arrive la pop de V-I-I“, on a jamais été si convaincu de la nécessité de sortir de nos enveloppes corporelles.

Looser Eye” est d’une autre nature. La voix enfantine, les paroles directives et l’intru’ ralentie en font la parfaite excuse pour un slow avec l’au-delà. Et “Cherry Cheeks” de créer une sensation similaire. Ah God parvient à être noisy sans nous massacrer avec un fuzz-a-go-go. Ah God est mélancolique. Sa musique n’hésite pas à faire du pathos son meilleur allié.

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(again)

C’est ce que dit aussi “New Fast Slow“. Ah God veut redéfinir les genres. La guitare en fond traine sur les bords d’un précipice alors que la batterie semble vouloir accélère le rythme. Le chorus vient calmer le tout. Le titre semble être tiraillé entre plusieurs intentions, c’est ce qui fait de Tiiime un album que l’on appréhende au fil des journées. Il est difficile, après tout, de lui attribuer un seul objectif : veut-il nous rendre tristes, nous faire danser avec des fantômes ou susciter en nous l’espoir d’une nouvelle scène ? Peut-être est-ce un peu des trois.

Dibby’s Always Like” est le titre le plus spleenétique de tous. Je trouve sa production particulièrement intéressante parce qu’elle est entubée tout le long sans jamais exploser. On veut parfois plus de brutalité, mais Ah God semble avoir capitulé. La violence était réservée à ces deux premiers albums (voyez la vidéo ci-dessous), ici, le groupe n’est pas assagi, mais saturnien. Les allures parfois grungy de sa musique y sont pour beaucoup.

Back On My Block” ronronne. “Mild Zepp” assomme. C’est à ce stade de l’album que Ah God semble se détacher de son punk originel pour embrasser une musique définitivement spectrale. Seule la voix nous rappelle ses premières envies. “No Sun On My Brain” en rajoute une couche pile quand il le faut : le thème est extra-terrestre, la musique est spleen et punk, l’album fait un sans-faute. “Wet Pink Light” conclut dans un élan plus garage que hi-fi. C’est à croire que les OVNI ont également besoin de quelques hangars pour réparer leurs véhicules.
Au final, cet album pourrait être bien d’une importance capitale : si mes informations sont exactes, Ah God serait le premier groupe de Martian Punk (ou Spectral Punk) de l’histoire. Naomi Punk avait montré la voie, Alex Calder & co avaient insisté sur le besoin de se convertir au paranormal, Ah God l’a fait !
Tiiime est un album dont la singularité appelle le respect. Et l’amour. C’est tout.

Tracklist : Tiiime (LP, Halfshell Records, 2018)
1. Another Planet
2. Tiiime
3. V-I-I
4. Looser Eye
5. Cherry Cheeks
6. New Fast Slow
7. Dibby’s Always Like
8. Back On My Block
9. Mild Zepp
10. No Sun On My Brain
11. Wet Pink Light

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ENGLISH version

Ah God is a band from Portland who is about to release its third album via Halfshell Records. Entitled Tiiime, it is excellent news for those who believe that God is a vast scam, for those who reject rock’n’roll moralism or for those who love their punk with a sound texture more carefully developed than that of the Reatards.

I am therefore really proud to introduce Ah God’s new album in world premiere. Made of 11 tracks, it will easily run for the title of Best apocalyptic album of the year 2018. This album actually contains a lot of what makes Naomi Punk such an extraordinary band: the voices are ghostly, the music is Martian at times and most tracks have a bitter taste of irradiation. The body snatchers are coming and their invasion is about to be noisy.

Several Martian artists have landed on planet earth in 2017 : Cut Worms, Martian Subculture & co. But Ah God comes from a planet other than the Moon. Surely it’s Jupiter. As its cover illustrates, red predominates throughout this LP. Its label says Ah God has a “extraterrestrial afterglow” and the first track is named “Another Planet”, no doubt, this futuristic punk is truly unique.

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“Tiiime”, the second track, is right on the theme of this album. The combo of distortions, on voice and orchestration, makes spleen an excuse for laziness. It is one of the paradoxes of this album: while it is flamboyant, it calls to withdraw from our terrestrial activities to plead allegiances to the invaders. And when the “V-I-I” pop comes, we’ve never been so convinced of the need to get out of our body envelopes. “Looser Eye” is of a different nature. The childish voice, the directive lyrics and the tempo make it the perfect excuse for a slow with the afterlife. And “Cherry Cheeks” to create a similar feeling. Ah God manages to be noisy without killing us with a fuzz-a-go-go. The band is melancholic and make pathos his best ally.

With “New Fast Slow”, the guitar in the background drags on the edges of a precipice while the drums seem to want to accelerate. The chorus comes to calm everything down. The title seems to be torn between several intentions, that’s what makes Tiiime such a good and profound album. In the end, we aren’t quite sure about its objectives: does it want to make us sad, to make us dance with ghosts or to arouse in us the hope of a new scene? Maybe it’s a little bit of all three. “Dibby’s Always Like” is the most splenetic title of all. I find its production particularly interesting because it is screwed all along without ever exploding. We may want some more brutality, but Ah God have surrendered. The band was violent with its first two albums (see the video above) and he is now saturnian. The sometimes grungy gaits of his music have a lot to do with it.

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“Back On My Block” is purring. “Mild Zepp” is knocking us out. At this stage of the album, Ah God detaches himself from his original punk to embrace spectral music. Only the voice reminds us of his first desires. “No Sun On My Brain” adds a layer: the theme is extraterrestrial, the music is spleen and punk, the album is flawless. “Wet Pink Light” concludes in a garage rather than hi-fi intention. It seems that UFOs also need a few warehouses to repair their vehicles. In the end, this album could be very important: to the best of my knowledge, Ah God is the first Martian Punk (or Spectral Punk) band in history. Naomi Punk had shown the way, Alex Calder & co had insisted on the need to convert to paranormal, Ah God did it! Tiiime is an album whose singularity calls for respect. And love. That’s all.

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