Vous connaissez probablement Lars Finberg sans le savoir. Ancien membre de Thee Oh Sees, A-Frames, Wounded Lion, Puberty ou même The Intelligence, il fera paraître son premier album solo au début du mois de décembre. Moonlight over Bakersfield a été l’occasion pour lui de s’entourer de membre de La Luz, de Mikal Cronin, d’un fou des Melvins, et surtout, de Ty Segall, son principal allié. 
L’album est très inégal. Certains titres font mouche et on ne doute pas un seul instant de l’expérience de Lars Finberg. L’homme est sur la scène depuis 20 ans, ce que l’on entend souvent, pour le meilleur, sans lassitude. Mais l’exercice a également ses limites. Parfois, Moonlight over Bakersfield est trop démonstratif et cette sur-confiance le conduit à opérer des choix musicaux qui sont peu heureux. Moonlight over Bakersfield est donc de ces albums où l’on sélectionne les titres avec des pincettes avant de s’injecter le nécessaire à l’overdose.

Permanent Prowl” est un excellent exemple de ce que Lars peut faire de mieux. Et “Born Shopping” est une belle illustration de ce qu’il peut faire de plus *soupir*, un truc trop robotisé – qui rappelle parfois Cate Le Bon – pour nous toucher. “Isle Of Lucy” a l’avantage de nous présenter une texture plus recherchée, mais c’est encore trop long. 

Benevolent Panic” est d’un autre calibre. Lars Finberg retrouve le proto-rythme du premier morceau, et nous, on danse comme des sauvages après avoir découvert le feu. Ty Segall est au clavier – comme sur le titre précédent, Cronin est au cuivre. Lars Finberg est à la chaise électrique, même pas peur. L’introduction de tous ces cuivres dans les productions post-punk de 2017 mériterait bien un petit article. Malheureusement, ce qui mériterait également un petit article, c’est la tendance des groupes “de rock” à introduire de l’électronique, pour faire cool où je ne sais quoi. “Myopic Blue Heaven” donne la nausée, pourquoi donc ?!

De prime abord, “Empt Network” dit coucou à Joe Meek avant que Lars Finberg ne reprenne ses marches vers un tout finalement très aseptisé : more germs, il n’en veut pas, ce que l’on entend à l’évidence. Quelle drôle de volonté pour un rockeur habitué de John Dwyer, cette intention monsieur propre – qui, pour le coup, rappelle The Intelligence – produit rarement quelque chose de fascinant.
Iffy Love“, histoire de perpétuer le chaos de la tracklist, revient avec trois minutes de très haut vol. Shana Cleveland – La Luz – n’est pas bien loin. Ty Segall est assurément présent et l’on reconnait sa patte sur la production de la guitare. Ce titre est complet mais “I’m Welcome” peine à nouveau à nous convaincre malgré l’apparition de Coady Willis (Melvins), c’est à ne plus rien y comprendre. Et histoire que cette critique soit complètement illisible – ma faute, pas l’artiste – on conclut le tout sur “Ambiverts” et “Alone Alas“, deux titres assez géniaux. Le premier, c’est du Segall 2014, un titre mené par la batterie qui, dans un mélange mid-fi assez brumeux, cache une en réalité une belle mélodie. Tout l’album eut été de ce calibre qu’il serait une claque comparable à celle du premier album de CFM. Le second est effectivement très solitaire, Lars semble perdu sur un terrain vague et ses seuls échos comme compagnons. Chapeau bas à la production qui, non contente d’être irréprochable, ajoute un véritable élément au morceau. 

Certains d’entre-vous ont probablement vu Lars and the Real Girl, un film correct avec un bon concept et un mauvais acteur. Le plastique de ce film semble parfois rappeler le plastique de l’album de Finberg, trop post-music, trop clean. Mais pour le reste, qu’est-ce qu’elle est bien foutue – j’ai le droit de le dire, ça ? La Real Girl de cet album conduit Finberg a des titres brutaux que seule l’extrême précision permet. Cet album sent bon le latex, et nous, esclaves de ces quelques ressentis, on se dit que l’on s’en souviendra, malgré le cellophane cadavérique d’une bonne moitié.

(mp3) Lars Finberg – Benevolent Panic
(mp3) Lars Finberg – Ambiverts
(mp3) Lars Finberg – Alone Alas

Tracklist : Moonlight Over Bakersfield (LP, In the Red Recordings, 2017)
1. Permanent Prowl
2. Born Shopping
3. Isle Of Lucy
4. Benevolent Panic
5. Myopic Blue Heaven
6. Empty Network
7. Iffy Love
8. I’m Welcome
9. Ambiverts
10. Alone Alas

Liens :
Article sur le dernier CFM
Interview avec In The Red

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