Shannon Shaw, I think I’m in love with you

Shannon a toujours été bien traitée par ici, et je n’entends pas déroger à la règle. Connue pour son Shannon and the Clams, elle a débuté aux côtés d’Hunx and his Punx avant de mettre à profit sa voix extraordinaire. ll était donc logique qu’elle finisse par sortir un album solo. Intitulé Shannon In Nashville, ce dernier est paru le 8 juin dernier via Easy Eye Sound. Il se compose de 13 morceaux excellemment produits par Dan Auerbach (Black Keys) ; il mimique parfois Dusty in Memphis de l’excellente Dusty Springfield.


Shannon y opère un véritable virage doo-wop / soul / rhythm and blues, s’éloignant ainsi du gore des premiers Clams ! Si l’on préfère le second genre au premier, on se retrouve dans la difficulté d’évaluer un album qui nous rappelle que les Clams d’antan ne sont plus. Mais si l’on veut apprécier cet album pour ce qu’il est, on doit alors noter à quel point il est réussi.


Golden Frames“, c’est la première comparaison avec Ronnie Spector. Shannon n’a rien à lui envier. Sa voix porte tout l’album, ce que l’on comprend immédiatement. Elle est devenue inégalable en son genre. “Bring Her The Mirror” est un brin plus classique.

Avec “Broke My Own“, on se rappelle que Shannon sait également pousser la voix du côté punk de la force, mais elle repart très rapidement vers une musique très fifties, très Motown ! Le chorus fait d’ailleurs resurgir le spectre des Supremes. “Leather, Metal, Steel” est volontairement plus berçant, on se rue alors vers “Freddies ‘N’ Teddies“. Et c’est ici que la production de l’album prend tout son sens. Le son semble y être étouffé, ce qui contraste parfaitement avec les 4 premiers morceaux. 

Sur “Love I Can’t Explain“, Shannon fait ce qu’il était nécessaire de faire : délivrer le titre d’amour qui joue tous les clichés. Sa voix n’a jamais été aussi grave, elle en devient frissonnante. C’est une immense réussite de l’album. Et “Cryin’ My Eyes Out“, le single, de venir immédiatement prend le relais ; que c’est bien fait !
Goodbye Summer” joue alors la pièce psychédélique. Tarantino tient là le bande-son de son prochain western, seriously ! “Cold Pillows“, le 9ème, fait partie des grands titres de cet album, parce que quitte à ne plus faire dans le gore-fun, autant que Shannon soit la plus sensuelle possible. Le côté saloon y est renforcé, ce qui est encore plus efficace que le burlesque – à mon sens.


Et “Lord Of Alaska” de venir renforcer le suspens de cet LP. Sur “I Might Consider“, Shannon ose la grandiloquence que le genre appelle. Make Believe” et “Coal On The Fire“, les deux derniers, ajoutent la dose de fun USA que cet album sait magnifier. Le dernier, particulièrement, est parfaitement balancé, entre féérie et everyday life.


Au final, Shannon In Nashville est une réussite, parce qu’il score très haut tout ce qu’il entreprend. Cet album est la chose la plus américaine que j’ai pu entendre cette année – c’est un compliment ! – et il est trop sensuel pour que je puisse y résister ! Shannon Shaw est désormais une grande dame de la chanson américaine. Je ne suis plus certain que l’on puisse lui accoler l’étiquette “indé”, mais cela a finalement peu d’importance. Du reste, on se dit que l’avenir sera brillant, que Shannon enfantera probablement d’une scène qui osera ce renouveau Motown sans tomber dans le tout cliché, parce qu’après tout, cette scène mérite aussi son dépoussiérage. Shannon, I think I’m in love with you.


TracklistShannon In Nashville (LP, Easy Eye Sound, 2018)
1. Golden Frames
2. Bring Her The Mirror
3. Broke My Own
4. Leather, Metal, Steel
5. Freddies ‘N’ Teddies
6. Love I Can’t Explain
7. Cryin’ My Eyes Out
8 .Goodbye Summer
9. Cold Pillows
10. Lord Of Alaska
11. I Might Consider
12. Make Believe
13. Coal On The Fire

Liens :
Article sur le dernier Clams


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