Anachronique : Suicide – Suicide (Electronic Pop)

 

Suicide est un duo New-Yorkais créé en 1970 par Martin Rev et Alan Vega. A cette époque, Alan Vega va ouvrir le Project of Living Artists, lieu fétiche des New York Dolls de Johnny Thunders (article anachronique) et Television (article anachronique). L’influence de cette belle bande de potes va être déterminante sur la musique de Suicide. Peut être trop. Suicide n’aura véritablement était le groupe que d’un seul et unique album, opus self-titled sorti en 1977. Le reste de l’existence du groupe, loin de ses amis de la première heure, n’aura finalement été qu’une parodie du génie de ce premier essai.
Pourtant, ce premier album est remarquable à bien des égards. La qualité de chacune des secondes de Suicide aura largement participé à créer sa légende. Aussi, Suicide est l’un des rares albums Punk sans guitare, sans cris (presque), sans transpiration (on le suppose), sans paroles appelant à la révolution. Suicide a indéniablement un effet hypnotisant, à la CAN (article anachronique). On se sent étrange et transcender à chaque écoute, avec le sentiment de ne pas avoir été véritablement là.
L’album s’ouvre sur “Ghost Rider” qui a l’immense avantage de ne donner aucun indice sur ce qu’est véritablement Suicide. “Rocket U.S.A.” perpétue ce son électronique brumeux, un titre qui pousse à explorer ses pensées. Toute la magie de Suicide apparaît sur “Cheree“, un titre à la fois féérique et parfaitement mélancolique. Influence Velvet Underground, 100%. Vient ensuite “Johnny“, l’une des ultimes perles de l’album. Ce morceau est le plus court de l’opus, un contraste très apparent avec son style de musique, étendu et paresseux. “Girl“, turn me on. Suicide continue sa balade mélodique sur fond de musique érotico-expérimentale. C’est très fort, à la fois sensuel et inattendu.
Inattendu certes, mais rien ne pouvait préparer l’auditeur à l’arrivée de “Frankie Teardrop“. Un des plus grands titres expérimentaux de tous les temps, ce morceau de plus de 10 minutes est et restera insaisissable. L’écoute de “Frankie Teardrop” est de ces exercices qui transcende l’âme. En plein dans la factory, Suicide y décrit le cheminement d’un homme perdu, assassin, fou rhétorique s’il en est. La voix d’Alan est déchirante, ce titre est horrifique, un chef d’oeuvre. Le MoMA en fera une de ces pièces permanentes, des dizaines de musiciens le citeront comme étant l’une des créations musicales les plus perturbantes jamais écrites. Et puis, Suicide vient conclure son album sur “Che“, un autre morceau d’excellence, abordant en plein le thème de la mort qui semblait flotter sur l’album depuis le début, sans que Suicide n’est même besoin d’en prononcer le mot.
Suicide est un album intense. Ce groupe est celui que Stanley Kubrick aurait pu avoir. Les titres recèlent d’indices bien cachés, annonçant l’apothéose de “Frankie Teardrop” sans qu’on ne parvienne jamais à en saisir l’existence. On ne procède pas à son écoute par hasard. Il faut y être préparé au mieux possible, Suicide produit ce qu’aucun autre album n’a jamais effleuré. Chaque écoute fait un peu plus vieillir son auditeur, le marque en jouant de sa mortalité. Et pourtant, je ne peux m’empêcher, une fois “Che” éteint, de prendre le vinyle en main, le retourner, le repositionner, attendre que les premières notes de “Ghost Rider” surgisse à nouveau, et m’extasier. Il est certain que le jour de la sortie de Suicide, Bronze Records a définitivement marqué l’histoire.
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