(English version below, click here)

Aujourd’hui, je veux faire un point d’étape. 2020 est à l’évidence une drôle d’année, mais si j’en vais de ma petite opinion peu informée, la crise Covid-19 pourrait bien avoir laissé sa chance aux groupes de taille moyenne. Je m’explique.
Les petites formations qui vont de concert en concert ont bien du mal à survivre. Il faut dire que les temps sont difficiles pour qui va toujours à vue d’oeil. Comment garder sa motivation ? Comment continuer son expansion sans un accès plus direct à un public espéré ? Dans le même temps, les formations très connues semblent toutes avoir adopté la même stratégie : repousser la sortie de leurs albums puisque, de toute façon, il est impossible de tourner avec. Le nouvel album des Oh Sees est prêt depuis plusieurs semaines (voir), mais il ne sort pas.
Au milieu de tout ça, on retrouve les groupes qui ont déjà un public, mais dont la musique n’est pas (encore) le métier. Ils ont une opportunité en or. Pendant que les Dwyer, King Gizzard et Ty Segall se font (plutôt) discrets, ces groupes en profitent pour occuper le terrain. Et ça se voit ! 2020 est à ce titre une superbe année, un début de décennie sur les chapeaux de roues. Parce qu’il y a eu beaucoup à se mettre sous la dent, je veux donc faire un tour d’horizon. Le temps de l’analyse viendra en décembre prochain lors des classements annuels, mais pour l’heure, permettez-moi simplement de rappeler quelques forces en présence.
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Lorsque je pense à 2020, le premier album qui me vienne à l’esprit est New Arrows de Personality Cult. Je l’ai dit à l’occasion de mon interview avec Ben Carr, cet album est la meilleure chose post-2001 depuis Sheer Mag. J’ai dédié un article au genre (lien) parce que Personality Cult continue d’agiter mes après-midi. Ouais, c’est un LP d’après-midi, un concentré d’énergie positive, une chose qui rappelle la Grande Epoque (celle des Strokes) et des tubes à tout va.

Ensuite, je pense à Dadar et son album To Take Out or Eat In. Si la scène garage punk n’a que rarement été si active, Dadar l’a littéralement assommé avec un album sans faute, un pic, une péninsule. La sensation d’urgence que je relevais dans mon article ne s’est toujours pas estompée, Dadar, c’est un groupe pour les nerveux à la recherche d’un peu de weirdo.

Dans le genre nerveux, on a également Struggle Street de Tony Dork. L’expérience y est davantage slacker, après tout, le groupe me confiait son amour de la culture bière-pizza (lien interview), mais il n’en demeure pas moins un album taillé pour la baston. Son côté australien mélangé au garage punk slacker fini d’achever l’une des meilleures choses de 2020. Avec cet album, Tony Dork s’impose comme l’un des nouveaux piliers pour les années 2020s.

The Chats, c’est une surprise. Non pas que l’on découvre ce groupe de slackers, mais je ne m’attendais pas à les voir sortir un album qui soit à ce point… extrême. Je les pensais plus consensuel, plus dans une démonstration qui n’est finalement qu’un exercice pour le fric. J’écrivais un article plutôt pas-très-tendre à ce son sujet l’été dernier (lien), seulement voilà, High Risk Behaviour est excellent, un concentré de tout ce que l’Australie sait faire de meilleur. C’est plus débile que Dumb et Dumber, c’est plus fêtard qu’Animal House, c’est plus sale qu’Amyl et ses Sniffers (OK, peut-être pas), bref, The Chats a tué le game slacker.

Aborted Tortoise ne démérite pas. Leader de la scène post-skate, il est le seul groupe de cet article à n’avoir fait paraître qu’un seul EP. Seulement voilà, Aborted Tortoise, c’est une légende en train de se construire, un projet pour ceux qui veulent le meilleur des deux mondes : la déconne slacker, et la nervosité d’un post-skateur en manque d’adrénaline. Mon interview avec le groupe n’a fait que renforcer mon impression de facilité, Aborted produit sa musique comme un pizza-yolo enfourne ses pepperonis. Scale Model Subsistence Vendor est génial.

Lorsque je veux quelque chose de plus grave, je me tourne vers Modulator II. Le groupe français a fait paraître son premier album en avril dernier, et ce jour-là, Slivered Hearse a cogné toute la scène noisy avec ce qui s’impose comme la meilleure chose depuis Dusty Mush. Ce genre d’album est de ceux dont on construit des cultes. Il déterre des choses trop peu explorées, ça finira par mal tourner à force de ne pas conjurer le sort. Avez-vous vu Evil Dead II ?

Je viens tout juste d’écrire sur Coriky, mais il n’est en aucun besoin de plusieurs mois de recul pour classer son premier album, Coriky, dans les meilleures sorties de 2020. Mené par le légendaire Ian MacKaye (Fugazi), le groupe originaire de Washington vient de donner la leçon à tous ceux qui croyaient faire de la musique puissante. Une ligne de basse et une batterie sèche suffisent à sublimer sa voix, et des textes qui nous rappellent constamment aux alentours de la Maison-Blanche. Quel hit !

Le dernier album que je veux citer, et pas des moindres, c’est Fungus II de Ty Segall & Wasted Shirt. Cela faisait longtemps que j’attendais un album expérimental qui sorte du lot. Ty Segall avait tenté le coup l’an dernier sans parvenir à ses fins (voir le film du combat), mais cette fois-ci, les choses sont différentes. Avec cet LP, on dit bye bye au gentil Ty Segall qui s’impose chaque année un peu plus comme le père de la scène garage. On redécouvre plutôt le Ty Segall mordibe des années 2012/2013, l’époque du Band. Cet album est l’un des plus complets de 2020, que dis-je, le plus complet de tous. Et cette fois-ci, il fait sens.

Voilà. C’est bien entendu très loin d’être complet, mais si le coeur vous en dit, il y a toujours les playlists mensuelles qui résument chaque mois en une quinzaine de titres. Elles sont accessibles à ce lien (ici), et elles contiennent tout le post-skate, slacker, garage punk, alt rock, garage pop et punk rock nécessaire à passer l’été en enfer. Cheers les amis !


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ENGLISH version

Today, I want to make a stopover. 2020 is obviously a strange year, but in my uninformed opinion, the Covid-19 crisis may well have given the medium-sized groups a fantastic opportunity. Let me explain.

The small bands that go from concert to concert have a hard time surviving. How do you keep your motivation? How to continue your expansion without more direct access to a hoped-for audience? Those are taff questions. In the meantime, the most well-known bands seem to have all adopted the same strategy: to postpone their albums’ release since, in any case, it is impossible to tour with them.  The new Oh Sees album has been ready for several weeks (see), but it’s not coming out.

In the middle of all this, we find the bands who already have an audience, but whose music is not (yet) the job. They have a golden opportunity. While the Dwyer, King Gizzard, and Ty Segall are (rather) discreet, these bands are taking advantage of it to occupy the field. And it shows! 2020 is a great year, an excellent beginning of the new decade. Because there’s been a lot to get through, I want to take a step back, and a look around.

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When I think about 2020, the first album that comes to mind is Personality Cult’New Arrows. As I said in my interview with Ben Carr, this album is the best post-2001 thing since Sheer Mag. I dedicated an article to the genre (link) because Personality Cult continues to rock my afternoons. Yeah, it’s an afternoon LP, a concentrate of positive energy, something reminiscent of the Great Era (the Strokes’ one) and hits galore.


Then I think of Dadar and its album To Take Out or Eat In. If the garage punk scene has rarely been so active, Dadar literally knocked it out with a flawless album, a peak, a peninsula. The sense of urgency that I discussed in my article still hasn’t faded away, Dadar is a band for the nervous looking for a bit of weirdo.


In the nervous genre, we also have Tony Dork‘s Struggle Street. The experience is more slacker, after all, the band told me quite a lot about their love of beer-pizza culture (link), but it’s still an album made for fighting. Its Australian side mixed with the slacker garage punk finishes off one of the best things of 2020. With this album, Tony Dork imposes itself as one of the new pillars for the 2020s.


The Chats, it’s a surprise. Not that we’re discovering this slacker band, but I didn’t expect them to release an album that would be so… extreme. I thought they were more consensual, more in a demonstration that is ultimately just an exercise for cash. I was writing a not-very-tender article about it last summer (link), but here it is, High Risk Behaviour is excellent, a concentrate of all the best things Australia has to offer. It’s dumber than Dumb and Dumber, it’s more partying than Animal House, it’s dirtier than Amyl and his Sniffers (OK, maybe not), in short, The Chats killed the slacker game.


Aborted Tortoise does not demerit. Leader of the post-skate scene, it is the only band in this overview to have released only an EP. Yes, but Aborted Tortoise is a legend in the making, a project for those who want the best of both worlds: the slacker’s slackness, and the nervousness of a post-skater in need of more adrenaline. My interview with the band only reinforced my impression of ease, Aborted produces its music like a pizza-yolo bakes his pepperonis. Scale Model Subsistence Vendor is awesome.


When I want something more serious, I turn to Modulator II. The French band released its debut album last April, and that day, Slivered Hearse hit the noisy scene with the best thing since Dusty Mush. This kind of album is one of those LPs for which you can start a cult. It digs up things that are too little explored, doing everything you want but conjuring the spell. Have you seen Evil Dead II?


I’ve just written about Coriky, but it doesn’t take several months of hindsight to classify its debut album, Coriky, as one of the best releases of 2020. Led by the legendary Ian MacKaye (Fugazi), the Washington-based band has just taught a lesson to all those who thought they were making powerful music. A bassline and dry drums are enough to sublimate his Ian’s voice, and lyrics that continuously remind us of the White House. What a hit!


The last album I want to mention, and not the least, is Fungus II by Ty Segall & Wasted Shirt. I’ve been waiting a long time for an experimental album that would stand out from the rest. Ty Segall tried it last year without succeeding (see the fight), but this time, things are different. With this LP, we say bye-bye to the nice Ty Segall father of the garage scene. We instead rediscover the darker Ty Segall of the years 2012/2013, from the Band‘s era. This album is one of the most complete of 2020, in fact, the most complete of all. And this time, it makes sense.


There you go. Of course, this article is far from being complete, but if you feel like it, there are always the monthly playlists that summarize each month in about fifteen tracks. They can be accessed over here; they contain all the post-skateslacker, garage punk, alt-rock, garage pop, and punk rock necessary to spend the summer in hell. Cheers, my friends!

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