Ooz, c’est un lieu où seuls les véritables magiciens peuvent entrer. Harry Poter, Gandalf, Saroumane et les autres vieillards de passage sont laissés à la porte. Dans le pays d’Ooz, seuls les guitaristes ont une place. Beaucoup des membres ont délaissé leur enveloppe corporelle, je pense à Hendrix, à Joey Ramones, aux membres de Blue Cheer, à ceux du MC5, à Richard Hell et autres chamans inspirés par les voies divines. Cela ne les empêche pas de trainer dans les parages, parce qu’au pays d’Ooz, les immortels ne disparaissent jamais. Ainsi peut-on les voir en compagnie de John Dwyer, Ty Segall, ORB, King Gizzard et… de Charles Francis Moothart.

Il y a deux semaines à peine, j’écrivais un article Look Back sur CFM, disant que Still Life of Citrus and Slime était l’album le plus fantasmagorique de la décennie. Je me gardais difficilement de parler de Dichotomy Desaturated, sorti un an après, et encore plus difficilement d’évoquer Soundtrack to an Empty Room, paru en juillet 2019. Je voulais attendre le bon moment pour en parler, un mois d’octobre brumeux avec ses feuilles mortes et ses intérieurs lumineux, parce que cet album, c’est un LP d’automne. Paru sur In The Red Recordings, il participe de la légende de CFM. Le mot est désormais de circonstances tant je suis persuadé, après l’écoute de ces 9 morceaux, que CFM marquera la décennie. 

CFM prend désormais le trône de l’artiste “le plus guitare” de toute la scène mondiale. John Dwyer donne trop de place à ses batteries le qualifier de guitare-driven, quant à Ty Segall, il s’amuse à sortir des albums claviers. Ça lui vaut un K.O, m’enfin bon. Il ne fait donc aucun doute que CFM mérite son titre, ce que “Black Cat” affirme d’entré. Et laissez-moi me tourner immédiatement vers “Sequence” et “Street Vision“. Ce combo, d’une puissance peu souvent atteinte au cours des années 2010s nous plonge dans une sorte d’extase sonore où les aspects noisy viennent envelopper une danse macabre dont seul CFM a le secret. Et ce rythme !
Greenlight” et “Soundtrack to an Empty Room” introduisent les parties acoustiques qui avaient fait briller CFM à l’occasion d’un “Voyeurs” que je classerai quelque part parmi les indispensables 2010s. Et puis, “Lovely” fait ce que seul CFM sait faire : un patchwork sonore qui fait de sa musique un véritable cabinet des curiosités. Que dire alors de “Crashing Through the Static” sinon que seul ORB et Fuzz auront délivré quelque chose d’aussi funèbre.
River” vient convaincre les quelques réticents, s’il en reste. Tout cela m’inspire un article que je ferai paraître en 2020, une fois le nouveau format de Still in Rock dévoilé, j’y reviendrai. Enfin, “Peace” de faire la paix à la façon CFM, dans un stoner psychédélique qui accompagne les plus belles heures des Oh Sees, Mutilator Defeated At Last et A Weird Exits.

Au final, trois choses me viendront désormais à l’esprit lorsque le nom de CFM sera évoqué : la première, c’est le cabinet des curiosités sublimé grâce à l’une des meilleurs prod’ des années 2010s. La deuxième, c’est la toute-puissance de la guitare, ce que je viens d’exposer. La troisième, c’est la sensation de puissance qui s’en dégage. Rien n’était pourtant joué d’avance, ceux qui innovent éblouissent parfois grâce à leur ingéniosité, mais CFM y ajoute une frénésie tout à fait singulière qui fait de lui un grand sur le territoire d’Ooz.
Tracklist: Soundtrack to an Empty Room (LP, In The Red Recordings, 2019)
1. Black Cat
2. Sequence
3. Street Vision
4. Greenlight
5. Lovely
6. Crashing Through the Static
7. Soundtrack to an Empty Room
8. River
9. Peace
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