Kim Gray : entre post-nineties et pop d’été

Kim Gray est un artiste originaire de Vancouver. Kim Gray est un nom futur. 
On se souvient que Kim Gray avait fait paraître son premier LP, Perfume, en 2016 (via Resurrection Records). Le revoici avec un deuxième essai, Compulsion, qui est paru le 11 août dernier via Bad Diet Records. Composé de dix titres, il perpétue sa “pop de chambre pour gens de garage“, idéalisant la vie d’un pacha comme on n’en fait plus depuis la grande époque des années ’70. 
Plus consistant que son précédent album, Compulsion vise moins le single pour se concentrer sur un songwriting plus complet. Je ne sais pas si la stratégie est idéale en termes de com’, mais c’est justement ce qui fait la beauté de cet album. Finalement, le nom des deux albums aurait pu être interverti. Le premier est plus pop, plus compulsif en ce sens que les hits s’enchainent rapidement. Ce deuxième essai est un brin plus ambiant, comme le son les meilleurs albums de dream / spectral / breeze / bedroom pop.

L’album est un brin plus électronique que le précédent, les synthés font leur grande apparition. Malgré tout, Kim Gray sait comment rattacher sa musique a des racines beaucoup plus anciennes. “P.I.G.“, le premier titre, est mené par une excellente ligne de basse qui nous rappellerait presque un son groovy seventies. 
Avec Compulsion, Kim Gray dit vouloir se détacher de la “distractions of sex, substances, memes, eating, YouTube and internet dating“. Ce retour au réel, qui devient une véritable mode – et c’est tant mieux – est parfaitement transmis par la musique de Kim Gray dont la simplicité a de quoi étonner. “Peroxide Blondes“, sans que l’on sache s’il fait l’apologie du style ou sa critique tout à fait cynique, est encore une excellente composition pop. Les Ducktails & co peuvent le jalouser.
No Moonlight” se veut plus premier abord, comme “Kicking Rocks” qui mime la musique doo-wop. C’est un peu convenu, mais Kim Gray le fait mieux que les autres. “Compulsion” vient clore la première face A sur une pièce plus mystérieuse. C’est finalement lorsque Kim Gray est le plus proche de la pop spectrale qu’il est le meilleur. Sans tomber dans le cliché de l’artiste maudit qui peine à produire quelque chose de consistant, Kim Gray parvient à captiver à travers une pop suffisamment vaporeuse pour qu’il laisse place à notre imaginaire.

Taking It Too Easy” se rapproche volontairement de Real Estate, faisant fi de toute intention shoegaze. “Reflection of You” rappelle un peu le cool du début 2010′ en matière de pop, à l’époque où le garage envahissait toutes les salles (voir Gap Dream, Sonny and the Sunset et The Beets dans un genre proche), sous toutes ses formes. Une fois encore, la basse de Kim Gray est très bien faite.
What’s in a Smile” est une autre production classic shit, et une fois encore, je crois que Kim Gray n’est jamais aussi bon que lorsqu’il ose des sons moins connus, à l’image de Restless Legs“. Il est évident – et c’est déjà énorme – qu’il sait composer de très bons morceaux pop, qu’il sait les produire et les délivrer. Sa place est acquise sur les meilleures scènes. Mais quid de son influence dans dix ans ? Des titres comme “90’s Baby” font partie de la réponse, jouer du post-nineties décomplexé lui permettra d’intégrer un mouvement, et pourquoi pas de le conduire.

Au final, Compulsion est un très bon album de pop qui brosse plusieurs des sous-genres qui bercent les lignes de Still in Rock. Kim Gray semble parfois osciller entre post nineties (“Peroxide Blondes” et “90’s Baby“, par exemple) et breeze pop (“Taking It Too Easy“, “No Moonlight“…). Le premier emporte ma préférence sur le second. Kim Gray qui produit un album très noir pourrait avoir un sacré cachet. 
Quoi qu’il en soit, je me souviens que le premier article sur Kim Gray avait suscité un écho très positif. Espérons qu’il en aille de même avec cet album qui est plus (attention le gros mot) mature. Que les censeurs qui veulent empêcher l’usage d’un vocable en aient pour leur grade.

(mp3) Kim Gray – Peroxide Blondes
(mp3) Kim Gray – Compulsion

Tracklist : Compulsion (LP, Bad Diet Records, 2017)
1. P.I.G.
2. Peroxide Blondes
3. No Moonlight
4. Kicking Rocks
5. Compulsion
6. Taking It Too Easy
7. Reflection of You
8. What’s in a Smile
9. Restless Legs
10. 90’s Baby

Liens :
Article sur les artistes post-nineties
Article de présentation de Kim Gray

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