Owen Derrick : Jizz Jazz-man !

Owen Derrick, attention à lui, un nouveau Jizz Jazz-man est arrivé ! Le jizz jazz, c’est le genre popularisé par Mac DeMarco qui fait référence à cette mauvaise musique des films érotiques des années ’80. Le précité en a sublimé les contours et une horde d’artistes a immédiatement suivi, souvent avec peu d’inspiration. Si Owen Derrick rappelle incontestablement le grand Blue Boy, il y ajoute une touche suave pleine de spleen qui lui donne un charme singulier. 


Article sur Another One de Mac DeMarco


Son premier essai, Anonymous Safari, était paru en septembre 2015, et depuis, Owen Derrick a délivré une poignée de morceau qui concourent tous à la création de la même sensation de voyage astral au-dessus de son propre corps. Son dernier EP, Another Time, est paru le 25 février dernier. Cela fait un moment que je le scrute à la loupe et que j’attends le moment idéal pour vous présenter son projet. Cet EP est l’occasion parfaite parce qu’il permettra la conversion rapide de nombreux amateurs, un peu comme un Tom Cruise qui découvre la scientologie-pas-scientifique. 
Another Time“, c’est l’un des meilleurs singles de la discographie d’Owen Derrick. Sans jamais se presser, il transforme une guitare jangle pop en une sonorité fondue qu’il surpasse avec une voix de crooner. “I Don’t Know” se la joue british, une sorte de Only Real analogique du début des années 2010′.  Moins pertinent, il n’en demeure pas moins un bel essai dans un style musical un brin daté – 6 ans déjà, comprenez. 
In The Air” reprend la balade en béquille du titre introductif. L’intro très pop spectrale fait de cet EP une petite plongée dans l’univers d’un vieux film noir, avant que Owen Derrick ne revienne dans un style proche de King Krule / Alex Calder. “To You” vient conclure ces 4 titres avec une ambiance digne de la salle d’attente d’un cabinet de sophrologie. 
Si l’on remonte un peu le temps, on tombe alors sur Dazed Love, son LP paru en janvier dernier. “What A Catch” y joue très bien le titre jangle pop, il est bien construit et plus riche que la plupart, bien que l’on croit parfois entendre le générique d’une nouvelle série policière. “The Smokers Delight“, pour sa part, y rappelle des terres plus connues, elles aussi du côté du Rock and Roll Night Club de Mac DeMarco. La production est… “fait main”, c’est une certitude qui a son charme et qui laisse encore une belle marge de progression. 
Les morceaux continuent longtemps d’osciller entre Alex Calder et Mac DeMarco, sans jamais rappeler Makeout Videotape pour autant. Mais Owen Derrick a ses idées, en témoignent “Old Amber” et “Sunny Day” où l’intru’ semble venir d’une autre planète. “Hana Nerve” est étonnamment grungy et “Lemonade” rappelle ce que pourrait faire Calvin Johnson : un morceau de pop complètement désossé, sans structure, sans mélodie, sans arrangement. “Far Away Girl” conclut le tout, encore avec ses fantômes. 

Au final, Owen Derrick est sûr de sa ligne artistique et on le suit avec gaîté. Ça fait un peu secte, mais c’est cool comme ça ! Et n’hésitez pas à allez vous perdre dans la discographie déjà fournie d’Owen Derrick. On y trouve beaucoup de belles choses et on en ressort la tête dans les étoiles, un peu comme après une journée de Sun Ra intensif. Pour le côté hypnotique qui manque à beaucoup trop de groupes, c’est tout bon. Il ne reste qu’à sortir un album mieux produit qui lui donne tout le brillant qu’il mérite. À surveiller !

(mp3) Owen Derrick – Another Time
(mp3) Owen Derrick – The Smokers Delight


Tracklist:
1. Another Time
2. I Don’t Know
3. In The Air
4. To You

Liens :
Article sur Alex Calder
Article sur Another One de Mac DeMarco

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