Album Review : Warm Soda – Symbolic Dream (Power Pop)

Album Review : Warm Soda


Symbolic Dream

Warm Soda. Je l’ai dit et redis à de multiples reprises, Matthew Melton, leader de Warm Soda et homme à tout faire, est LE maître absolu de la power pop. Oui mais voilà, lorsque vient à nos oreilles une nouvelle émanation à ce point transcendante, on ne peut s’empêcher de penser que l’on n’a jamais été assez élogieux. C’est qu’il faut se rendre compte à quel point ce que fait Matthew Melton est grand. Composer des chansons d’amour n’a jamais été facile, et s’inscrire dans un genre musical qui a plus de 40 ans nécessite indéniablement un savoir-faire d’équilibriste. Le nouvel album de Warm Soda parvient non seulement à scorer très haut dans tous ces domaines, mais il fait également de Melton un maître de la mélodie. C’est sans difficulté aucune que l’on peut désormais l’inscrire parmi les 5 meilleurs songwriters de sa génération.
Symbolic Dream, son nouvel opus avec Warm Soda, verra le jour le 4 mai prochain via Castle Face Records. Ne cherchez pas à vous procurer un leak, cet Album Review est dythirambique et sa publication intervient en amont de la sortie de l’opus dans le seul but que vous soyez préparé à ce qu’il va s’abattre sur la planète pop. Cela fait déjà plus de 3 semaines que j’écoute Symbolic Dream sans discontinu et mon impression ne fait que se renforcer. Symbolic Dream est un album d’exception, disclaimer, le meilleur jamais produit par Matthew Melton.
Comme sur chaque album de Matthew Melton, le thème principal est l’amour, le vrai, le grand amour. Matthew est le maitre incontestable de la musique romantique, personne ne peut lui discuter le titre. Ses titres sont tous emprunts d’une vieille nostalgie que l’on connait si bien. Il y a comme un filtre sur ses créations, comme s’il pouvait rendre sa musique pastel et nous faire oublier qu’elle a en fait été composée en 2015. C’est ce qu’il y a de plus remarquable dans la musique de Matthew Melton, cette capacité à nous transporter dans une époque ancienne, non pas en nous “rappelant” un style de musique disparu, mais on le ressuscitant clairement. En cela, la musique de Warm Soda n’est pas une ultime déclaration d’amour au passé, un “c’était mieux avant” musical. Au contraire, Warm Soda prouve que l’on peut encore être sincèrement attaché à la romance d’antan sans pour autant chercher à se travestir dans un style musical parce que c’est cooool.
Warm Soda a toujours flirté entre Power Pop et Glam Rock. Cet opus semble éliminer les barrières entre ces deux genres. Le son entubé de Young Reckless Hearts, et, dans une moindre mesure, de Someone For You, a ici complètement disparu. En ce sens, Warm Soda se rapproche un peu plus encore de Milk’n’Cookies. Par ailleurs, les titres de cet opus sont plus courts que l’habitude, et on peut ainsi apprécier leur immédiateté. Matthew Melton n’a pas cherché à les pousser jusqu’à la barre habituelle des 3 minutes, quitte à les dénaturer un peu. En échange, Symbolic Dream contient 12 morceaux, avec autant de mélodies mémorables.
Alors, vous le savez peut-être, cela fait longtemps que Still in Rock ne s’est plus prêté au jeu de l’Album Review avec track-by-track. Mais voilà, Symbolic Dream doit être absolument encensé, il était donc temps de revenir à ce format d’article toujours conséquent. Au risque que cette chronique track-by-track soit trop uniforme – aucun titre n’en en dessous des autres et chacun semble être destiné à son heure de gloire -, voici ce que l’on peut dire de ces 12 créations :

  • I Wanna Know Her : Détachez vos ceintures, basculer le siège en arrière et ouvrez le toit : le drive-in musical de Warm Soda va commencer. Quoi de plus logique que d’introduire cet album par une déclaration d’amour, d’autant plus normal que tout l’album est centré autour du thème. Sur le côté Power Pop, “I Wanna Know Her” est pile là où il le fallait.

  • Dream I Left Behind : Voilà déjà le premier hit. Ce titre-là contient l’un des plus beaux refrains de l’année (so far). Sur le côté Power Pop, “Dream I Left Behind” eut été un des grands hits de Paul Collins.

  • Cryin For A Love : Toujours emmené par cette boite à rythmes, Warm Soda vient là de scorer un des titres de l’année. Qui pourra contester à Melton son génie à composer de si belles partitions de guitare. Qui pourra contester à Melton le titre de leader absolu de la power pop actuelle. Et qui pourra, de fait, contester que la Power Pop est un des 3 styles musicaux qui surclassent tous les autres. Tout est là, l’énergie du Punk, la tendresse de la pop indépendante, le raw du raw’n’roll.

  • I Know The Cure : Le son se muscle encore avec “I Know The Cure“, deux guitares nous emmènent très rapidement là où Cheap Trick l’avait fait en 1977. Et puis, comment s’empêcher de penser que ce genre de titre eut été ce que les Strokes auraient pu faire de mieux s’ils avaient continuer dans la veine de Is This it?.

  • Symbolic Dream : Le titre éponyme, toujours un bon révélateur. Un peu à l’image de “Dream I Left Behind“, “Symbolic Dream” nous transcende avec un refrain à la Dwight Twilley Band. Matthew Melton assume son poste : il est là, en plein milieu de la piste de danse au-dessus de laquelle une boule disco envoie des rayons lumineux, et, accompagné d’un seul microphone, il nous fait renouer avec le regard de la belle et tendre de l’autre côté du bar. Vivre le dream en plein.

  • Find That Girl : Voilà LE hit de cet opus, le morceau le plus évident de tous. “Find That Girl” a tout du titre parfait : une guitare qui prend le lead, des paroles qui nous rappellent notre amour de lycée, et surtout, toujours cette même voix de Matthew Melton façon Power Pop / pré-sensuel. “Find That Girl” sera désormais mon nouveau titre baromètre : proposez son écoute à quelqu’un, s’il n’aime pas, arrêter de parler de musique avec cette personne. C’est tyrannique, mais que faire sinon éviter ceux qui ne reconnaissent pas le génie pop.

  • I Wanna Go Fast : Un des titres qui gagnent le plus à être écoutés. On se surprend rapidement à chantonner ces quelques paroles, comme pour se convaincre que l’on peut lutter contre le temps qui passe.

  • Just Like Me Before : La transition est parfaite. Warm Soda a toujours aimé jouer sur une guitare très saccadée, et c’est ce qu’il fait à merveille sur “Just Like Me Before“. I didn’t bother the notice that you were never there, toute l’histoire d’un nouveau titre qui nous fait aimer les Teenage Fanclub encore plus fort. Le final est le meilleur de l’opus, une fois encore, façon Strokes, une fois encore, sur un magnifique revival Glam Rock.

  • Can’t Erase This Feeling : L’intensité dramatique de “Can’t Erase This Feeling” tend à le faire se rapprocher des Real Kids. Ce sont les voix de plusieurs Melton qui viennent nous scotcher au mur. Sur son terrain de jeu préféré, “Can’t Erase This Feeling” est une nouvelle réussite power pop.

  • Will You Be There For Me Tonite : De prime abord, le refrain de “Will You Be There For Me Tonite” ne lui permet pas de prétendre à la postérité Power Pop. Que nenni ! Melton joue sur différentes gammes et finit par nous faire admettre l’évidence, une fois encore.

  • Don’t Walk Away : Le refrain de “Don’t Walk Away” est le premier à avoir réussi à me pourrir littéralement toute une après-midi. Ah, on a l’air malin à marcher dans les rues ensoleillées et à chantonner “Don’t Walk Away“.

  • Lemonade Lullaby : Ce final est une surprise. Matthew Melton avait déjà amorcé la tendance sur “Outside of Paradise”, titre paru sur son album solo, mais “Lemonade Lullaby” pousse le vice encore plus loin. Qu’est-ce qui sépare ici Warm Soda de certains Elvis Presley ? 60 ans, certes, et un background féminin, mais pour le reste, le groupe parvient à faire de ces 2min30 conclusives une véritable ode à la paresse amoureuse.
Au final, on retrouve beaucoup des références communes à celles de Young Reckless Hearts, je pense aux Flamin’ Groovies, Tom Petty et The Shoes. Mais finalement, je trouve en Symbolic Dream un beau clin d’oeil au groupe Protex. Des titres comme “I’ll Never Stop” et “Strange Obsessions” s’inscrivent en plein sur le génie de Matthew Melton. Peut-être que les morceaux de Symbolic Dream sont encore plus directs que les précédents. Peut-être sont-ils plus assumés. La seule tracklist permet de s’en convaincre : une seule chose compte, l’amour l’amour l’amour. Et puis, parce que vouloir parler d’amour ne suffit pas, il faut relever le génie mélodique de Matthew Melton. J’insiste sur ce point parce qu’ils sont si rares les groupes à avoir su composer des titres éternels. C’est une des tragédies de la Power Pop, et les Ramones en sont les héros. Melton joint le trio de tête.

Profitons de cet Album Review pour signaler l’immense réussite que représente cette pochette d’album. Elle encapsule à elle seule une partie de ce que la musique de Matthew Melton contient : une recherche du simple et de l’efficace. Cheesy et sincère à la fois, elle EST Warm Soda.
Les amis, courez dans les bacs le 4 mai prochain (oui, dans les bacs, avec un vrai magasin et un vrai vendeur et tout et tout, une expérience incomparable). 2015 vient de connaitre son premier coup de massue, Symbolic Dream est pour l’heure le meilleur album de l’année, et nul doute qu’il sera de ceux qui marqueront le genre.

Note : 8,8 / 10 (barème)

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2 Comments

  • MC5 m'a tuer

    "Ses titres sont tous emprunts d'une vieille nostalgie que l'on connait si bien. Il y a comme un filtre sur ses créations, comme s'il pouvait rendre sa musique pastel et nous faire oublier qu'elle a en fait été composée en 2015. C'est ce qu'il y a de plus remarquable dans la musique de Matthew Melton, cette capacité à nous transporter dans une époque ancienne, non pas en nous "rappelant" un style de musique disparu, mais on le ressuscitant clairement. En cela, la musique de Warm Soda n'est pas une ultime déclaration d'amour au passé, un "c'était mieux avant" musical. Au contraire, Warm Soda prouve que l'on peut encore être sincèrement attaché à la romance d'antan sans pour autant chercher à se travestir dans un style musical parce que c'est cooool."

    Mêmes ambitions avec le bubblegum comme moyen de les assumer, je vous conseille d'écouter l'album de Krautner (un des mecs de The GO) qui vient de sortir chez Burger, si ce n'est pas déjà fait : https://soundcloud.com/burgerrecords/sets/john-krautner-fun-with-gum-vol-1

    • Still in Rock

      Cher MC5, vous lisez de nos pensées. Le projet de Krautner est excellent et sera bientôt sur Still in Rock. D'ici là, bonne soirée !

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