Comment souvent désormais, j’attaque mes chroniques d’albums les samedis, en fin d’après-midi, avec l’intention de les caser dans mes articles Delusions du lundi. Seulement, il arrive que je tombe sur des LPs qui m’inspirent une chronique plus complète. C’est le cas de Casino, le premier album de Mini Skirt, parce qu’il est un véritable monstre australien, et que l’on a précisément besoin de monstres.
C’est Tony Dork qui me parlait la première fois de Mini Skirt (ici). J’avais donc décidé de le mettre sur mes radars, et voilà qu’il a fait paraître l’un des LPs qui marqueront 2020, un 8 juillet, sans qu’on ne l’ait attendu, sans qu’on ne l’ait même soupçonné. Originaire de la Byron Bay (Australie), Mini Skirt semble être le genre de groupe qui fait dans le garage classic shit, déjà un sérieux concurrent pour les Back From The Grave du futur. La voix passe en force dès les premiers morceaux, elle me fait à Andrew Savage (Parquet Courts). Si les premiers morceaux sont ainsi très fidèles au punk 77′, Mini Skirt devient très dangereux lorsqu’il saccade batterie et guitare en direction du post-punk, à la Stiff Richards.
La première claque, c’est “Give It Up“. Pour la première fois de l’album, Mini Skirt délivre au punk de très haute intensité en ralentissant la voix (elle en devient presque parlée). C’est la formule 2020s qui fonctionne si bien : l’instru’ n’en finit pas de monter d’un ton, c’est subtil, mais on se rend vite compte que son ‘I’m A Man’ est finalement suppléé par trois sons de guitares. L’album si dirige ensuite vers des choses quasi-slacker, à la Tony Dork, justement. On comprend mieux sa description Bandcamp, “four blokes from Bryan Bay”. Si “Censorship” me fait logiquement penser au livre Censorship Now!! de Ian Svenonius, tout commence véritablement avec “Pretty“.
Ce morceau et ceux qui s’ensuivent constituent à eux trois l’un des combos les plus extraordinaires de 2020. Outre les excellentes mélodies (je vais y revenir), j’aime par dessus tout son côté baston et dangereux. On tient là quelque chose d’exceptionnel. Avec Mini Skirt, tout le monde en prend pour son grade, et tout y passe : le physique, le sexe, la drogue, l’envie, l’agressivité. Il commence ainsi par gueuler son “Pretty” sur qui passe par là. Sans jamais déborder sur l’intolérable, il fait de son album un moment cynique et pugnace. Petites natures, s’abstenir, parce qu’ici, votre corps va redevenir l’objet qu’il a toujours été.

Sur “Farkunell“, Mini Skirt pose doucement sa main sur sa bite (je cite) et délivre un garage punk presque post-skate. Vient alors “Tissue“, véritable masterpiece de cet album. Mini Skirt dégouline sur le monde entier, tout est là, tout est dit. “The world is my tissue” restera comme la phrase la plus iconique de 2020. Et sur “Animals“, il rappelle l’évidence. Arrêtons le faux-progrès, à vouloir empêcher tout objectivisation, on se coupe de nos instincts.
Choquant ? J’en ai sérieusement ras le cul de ce “cancel culture” à la con, mais c’est bien noté, je vais jouer à votre petit jeu, je vais vous annuler. Mes potes et moi, Mini Skirt, Stiff Richards, Tony Dork et cette scène qui cogne, on va venir vous foutre sur la gueule, on va relever à quel point vous êtes woke. Tout vous choque, vous êtes offensé pour un rien. C’est excellent. Pendant que Mini Skirt vous bavera dessus, Tony Dork vous cognera la tête avec ses gants de boxe, et Amyl and les Sniffers adoptera une posture ultra-sexualisée, un truc bien trop évident pour que l’on puisse échapper aux seins d’Amy Taylor. Les rednecks viendront vous rappeler que l’on peut vouloir être libre et ne pas suivre bêtement toutes les consignes du gouvernement. Et moi, je vous dirai des choses malsaines, insultantes et pornographiques. Si vous avez déjà eu l’envie de “cancel” quelqu’un, partez d’ici. Le rock n’est pas un safe space, il ne l’a jamais été, il ne le sera jamais. OK, j’ai besoin de vacances.




(“get out of town, bitch”).


English version

I often write my album reviews on Saturdays (in the late afternoon), with the intention to put them in my Mondays “Delusions” articles. But sometimes, sometimes, I come across an album that inspires me to write something longer. That’s the case with Casino, Mini Skirt’s first album. It’s a real Australian monster.

Tony Dork first told me about Mini Skirt last June (here). I put Mini Skirt on my radar right after, and it just released one of 2020 very best albums just a few weeks after (on July 8), without anyone waiting for it, without anyone even suspecting it. Originally from Byron Bay (Australia), Mini Skirt is the kind of bands that does classic garage shit, already a serious contender for the Back From The Grave of the 2040s. The voice passes in force from the very first tracks. It often reminds me of Andrew Savage (Parquet Courts). If the first tracks are faithful to 77′ punk, Mini Skirt becomes very dangerous when it aligns drums and guitar toward post-punk, a la Stiff Richards.

The first slap comes with “Give It Up“. For the first time, Mini Skirt delivers some very high-intensity punk rock by slowing down the voice. It’s the 2020s formula that works so well, the orchestration keeps going up a tone, it’s subtle, but we end up realizing that his ‘I’m A Man‘ is substantiated by three guitars. It then directs the album toward something akin to slacker music, a bit like Tony Dork. And if “Censorship” logically reminds me of Ian Svenonius’ book Censorship Now!, it all really starts with “Pretty“.

This song and the ones that follow are together one of the most amazing combos of 2020. Apart from the excellent melodies, it’s Mini Skirt’s dangerousness that convinces me of its music. Everything goes: physicality, sex, envy, aggressiveness. Mini Skirt turns its album into a cynical and rebellious work of art. Please fuck off if you think too highly of yourself because here, your body will turn back into the object it has always been.

On “Farkunell“, Mini Skirt gently puts his hand on his dick (I quote) and delivers an almost post-skate garage punk. Then comes “Tissue“, a real masterpiece in which Mini Skirt drips all over the world. “The world is my tissue” will remain as the most iconic sentence of 2020. And on “Animals“, it reminds us of the obvious. Let’s stop preventing all kinds of objectification. We cut ourselves off from our instincts.

Shocking? I’m seriously fed up with this “cancel culture” crap, but ok, I will play your little game, I will cancel you. Me and my mates, Mini Skirt, Stiff Richards, Tony Dork, and this scene that’s banging hard, we’re going to come and get you, we’re going to find out how woke you are. You’re shocked and offended by everything. That’s great. That’s great! While Mini Skirt will drool on you, Tony Dork will hit you on the head with his boxing gloves, and Amyl and the Sniffers will take an ultra-sexualized posture, something far too obvious to escape Amy Taylor’s boobies. The rednecks will come to remind you that you may want to be free and not to follow government orders. And I’ll tell you unhealthy, insulting, and pornographic things. If you’ve ever had the urge to “cancel” anyone, get out of here. Rock is not a safe space, it has never been, and it never will be. Okay, I need a vacation.


(“get out of town, bitch”).
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