Hein ?

Partout, il y a des hommes dans la lumière et d’autres qui sont dans l’ombre. La scène musicale est très représentative de cela, pour un mec sous le feu des projecteurs, des dizaines d’autres s’agitent en backstage, de la com’ en passant par le label, en passant par l’ingé son, en passant par le graphiste, en passant par le journaliste, en passant par le fan, en passant par la salle de concert, en passant par le tourneur et ce jusqu’au groupe à nouveau.
Je réfléchissais à ce drôle d’éco-système il y a quelques jours de cela et je me suis alors dit qu’une injustice devait être réparée. Vous le savez, Still in Rock promeut la scène slacker/garage depuis de nombreuses années et j’ai eu l’occasion de faire de nombreuses rencontres dans ce cadre-là. Si la musique est avant tout une aventure humaine, j’en profite pour remercier tous ceux qui font de cet environnement ce qu’il est. Surtout, je voudrais aujourd’hui évoquer un maillon devenu essentiel de la scène parisienne – excusez ce particularisme, parce que personne ne le fera sinon. 

Ce lien essentiel entre les artistes et nos meilleures soirées, c’est Vincent Soudy, aka Freaky Loud Things aka The Dude aka le mec aux longs cheveux que tu vois à tous les concerts cool – et pour cause, il organise pas mal d’entre eux. Cette association que vous connaissez peut-être est en effet au centre de nombreux événements depuis presque deux ans. Sans elle, la scène parisienne ne serait pas ce qu’elle est et cela à son importance à deux niveaux : pour faire rayonner la réputation de la scène française à l’international et pour nous permettre la venue de groupes étrangers qui, bien souvent, remplissent d’immenses salles dans leurs pays respectifs et qui considèrent à nouveau le cool de nos ruelles pavées. 
Mais avant, qu’il me soit immédiatement permis de préciser que je n’ai pas averti Freaky Loud Things de la publication de cet article. Il le trouvera probablement sur son fil d’actualité Facebook, et c’est très bien ainsi. Je le précise parce que cet article sera ainsi nécessairement incomplet, rédigé sur la base de quelques souvenirs et autres indices glanés sur Facebook. Que le lien d’amitié entre le créateur de FLT et moi même soit également levé. Enfin, je précise que Freaky Loud Things est l’idée de Vincent – actuel leader – et de Marius. Je sais que Vince aurait voulu que ce soit précisé, car sans Marius, point de FLT ! 


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Il serait bien trop long de détailler toutes les soirées monumentales que FLT a organisé au fil de ces derniers mois, et puis, nous manquerions surtout ce qui doit être dit. Freaky Loud Things, c’est avant tout la défense d’une philosophie, un mode de vie rock’n’roll tout autant que des albums parus à droite à gauche aux quatre coins du monde. Et c’est je crois ce qui fait véritablement que l’on se souviendra de Freaky Loud Things, plus encore, que cette association pourra marquer l’histoire de la scène parisienne. J’insiste particulièrement sur ce point parce qu’il me semble en réalité faire défaut à beaucoup de ces maillons de la chaine musicale que je décrivais ci-dessus.
Quelle est alors cette philosophie de Freaky Loud Things ? Je crois que Vince se fait une certaine idée de la musique slacker comme étant émanation artistique supérieure au quotidien de chacun. Comme dans American Graffiti, nous nous retrouvons tous à l’occasion des soirées – Freaky – de fin de semaine et nous célébrons une certaine légèreté de l’existence, celle que Kundera qualifiait ironiquement d’insoutenable. 
Et il n’y a qu’à voir les groupes qu’il a récemment fait jouer pour se rappeler que nous nous sommes tous oublié quelques heures durant autour d’un combo guitare/basse/batterie : Audacity, Paul Jacobs, Johnny Mafia, Skegss, Surf Curse, Heaters, The Gooch Palms, Dr Chan, Thee Maximators et j’en passe… Sous ses airs de viking se cache en réalité un homme sensible, et sans vous tirer la larme à l’oeil, sans vouloir jouer à faire mon Marc Levy – Dieu m’en garde – je crois qu’il faut précisément le noter tant cela participe de l’engagement de Vince The Dude dans FLT. Sa philosophie de vie est ainsi partagée avec le plus grand nombre, parce qu’elle universalise. Mais trêve de psychologie de bas étage, il est l’heure que je remonte sur mes grands chevaux et que je vous explique pourquoi l’existence de FLT est bien plus indispensable que la création d’un nouveau groupe similaire à Fidlar.

(© Simon Foureyes)

Le rôle sublimé de Freaky Loud Things

La chaine musicale dont je parlais est ainsi faite que, lorsque les groupes que l’on aime souhaitent jouer en France, ces derniers doivent obtenir l’aide de “tourneurs” qui 1/ les aiguillent sur les salles où jouer et 2/ font les contrats et autres paperasse. Sans ces tourneurs, nous aurions donc quelques groupes égarés par-ci par-là, ceux en capacité d’identifier où jouer et de convaincre les salles de signer un contrat directement avec ces derniers ce qui, pour diverses histoires d’assurance, limiterait drôlement le nombre de téméraires. Mais ce n’est pas tout. Ces tourneurs servent également, comme peu le faire un webzine, à identifier quels sont les groupes à faire jouer. Les tourneurs sont ainsi en relation avec les salles et ils ont pour mission de convaincre un bar D.I.Y. que faire jouer un Ty Segall inconnu vaut mieux à long terme que de diffuser un match de football. Ainsi, lorsqu’un tourneur est bon, l’ensemble de la presse sait son intérêt à l’accompagner, ne serait-ce que pour repérer les nouvelles formations qui méritent d’être sorties du lot. 
Et bien, laissez-moi vous dire que Freaky Loud Things fait ça mieux que personne, parce que ses groupes sont – en termes slacker/garage – ceux que l’on veut voir et parce qu’il le fait avec une régularité vertigineuse. Ah, les “gens” sont forts pour créer des projets, générer des logos et se dire créateur de quelque chose. Peu tiennent la route sur le long terme, ce que FLT ne se contente pas de faire dans la mesure où il renouvelle constamment son offre et ne semble jamais en finir d’augmenter le niveau de ce qu’il nous propose. Vous l’aurez-vous compris, suivez Freaky où que vous pouviez !
Une soirée Freaky Loud Things, c’est quoi ?

Une soirée Freaky Loud Things, c’est une soirée pas comme les autres. Plusieurs ingrédients participent de cela et il va sans dire que la lineup est le premier d’entre eux. Je vous laisse plutôt juger de la liste des événements de sa page Facebook (lien). Mais comment ne pas immédiatement citer la présence de Vincent, viking je l’ai dit qui est toujours prompte à partager tout l’amour du monde. Vous pensiez l’esprit de Woodstock disparu, détrompez-vous, The Dude en était le fils et Vince en est le petit-fils. 
Oubliez également tout ce que vous pensiez savoir de la scène parisienne, sa prétention, son dédain, le snobisme de quelques journalistes ou l’arrogance du mec qui a le label du moment. Tout cela est interdit dans une soirée Freaky Loud Things. Vous y trouverez, à la place, des adeptes qui viennent de tout Paris – et bien souvent d’ailleurs – pour passer un moment confraternel entre slackers enchantés plus que désenchantés. Oui, je crois que ce qui caractérise plus que tout une soirée Freaky, c’est l’optimisme qui y règne, les sourires qui s’échangent et les corps qui se touchent, bref, une expérience rock’n’roll digne des dunes du Cap d’Adge. Et déjà pourrait-on j’en suis sur compter les groupes qui se sont formés à la suite de discussions tenues lors d’une soirée Freaky.

Mes souvenirs de ces soirées, rencontres et discussions, sont aussi nombreux qu’ils sont heureux. Je me revois descendre les marches de la Méca et demander à Arsène si Vince est déjà arrivé pour espérer recevoir mon hug mensuel. Je me souviens de la soirée de Johnny Mafia avec cette vieille télé placée au fond de la scène, d’Audacity qui jouait si fort que j’avais plaisir à avoir mal, de Paul Jacobs qui semblait incarner le zombie de Kurt Cobain, des Dr Chan qui faisaient encore leurs débuts à l’Inter, mais aussi, de l’excitation à entendre Vince parler de son premier concert au Point Ephémère et des nombreux DJ sets réalisés avec honneur. La simplicité de ces moments est inégalable.

Le futur est-il coloré ?

Assurément ! Freaky Loud Things ne compte pas s’en arrêter là. Peut être que j’aurai pu glaner quelques informations à l’occasion d’un interview – une fois encore, j’ai choisi d’écrire cet article dans mon coin – mais je crois surtout que l’humilité de Vincent l’aurait pousser à ne pas trop m’en dire. Ce que je sais déjà, c’est que Freaky Loud Things sera là pour des années encore, que nos vendredis soir sentiront bon la transpiration et que les groupes australiens trouveront un point commun avec la scène californienne et new-yorkaise à la ville de Paris : Freaky. Je le sais car je le veux, voyez.
Alors, je crois qu’il serait inconcevable de conclure cet article autrement qu’en t’adressant un immense “MERCI”, Vince. Il est de bon ton d’adopter une attitude un peu je-m’en-foutiste et nonchalante à la cool, ce que l’on fait tous en se rendant à des soirées qui marqueront notre jeunesse comme si elles nous étaient dues, mais ce que tu fais aura un impact bien plus grand que ce que tu l’imagines. Oui.

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