EP Review : Burnside XI – Blue Ruins (Grunge)

Burnside XI est un groupe originaire de Bordeaux qui fera paraître son nouvel EP, Blue Ruins, le 17 mars prochain via l’excellent Black Totem Records. Emmené par Laurie Perrin (à la batterie) et Théophile Paris (guitare et chant), il impose deux constats préliminaires. Le premier, la pochette est particulièrement réussie. La tendance est aux covers plutôt moches (sans citer de nom, langue de bois) et Burnside se démarque très agréablement du lot. Le second, soulignons à quel point cet EP super bien produit (chapeau bas à Pierre Dessauny), ce dont on est convaincu dès les premières secondes de “Stainless“. 
Une fois cela dit, je prends le pari que toutes les critiques qui seront publiées à l’endroit de cet EP feront référence à Nirvana, ce qui 1/ est plutôt logique et 2/ doit être plutôt fatiguant pour le groupe. Si évoquer certaines des plus grandes heures de l’histoire du rock’n’roll est plutôt flatteur et si je reste persuadé que cet EP mérite de multiples écoutes, Burnside pourrait aller taper tellement haut qu’il sonnerait le glas sur une scène française qui n’en finit jamais de nous étonner. Il faut bien comprendre que ce groupe a en lui quelque chose de grand. Que l’on puisse se contenter d’un EP de bon niveau avec la majorité des autres groupes, très bien, mais il faut ici garder à l’esprit que Burnside est plus qu’un simple numéro du lot “scène française”.

Alors, que nous proposent ces potes des Maximators ? “Stainless” frappe rapidement par sa ressemblance avec… Nirvana, ce que je ne commenterai pas plus. Arrive rapidement une excellente deuxième moitié, particulièrement brillante en ce qu’elle se démarque de ce que nous connaissons pour laisser à Burnside toute la place qu’il mérite. “Rotten” est plus punk-ish. Il est particulièrement intéressant de noter qu’il se rattache lui aussi à un mouvement musical né dans les années ’90, celui d’un pop punk qui passe en force. Burnside XI y est un brin moins à l’aise, mais il a l’avantage de casser avec cet esprit trop Courtney Love. 
Healed” est une belle surprise. Burnside y démontre qu’il peut aussi rassembler du beau monde autour d’une bougie. Une fois encore, c’est terriblement bien produit, un véritable coup de cœur pour cet aspect de l’EP. Et puis, il fallait logiquement que Burnside réactive le rouleau compresseur sur “Diveyoung“. Les quelques ressemblances avec Total Slacker (et “Milk It“, alléluia) nous rappellent aux meilleurs moments de l’année 2014. La structure du morceau est plutôt innovante, mais on attend encore plus
Ce plus, c’est ce que nous donne “Blue Bunny” qui reprend le final analogique qui anime les dernières secondes de “Stainless“. C’est novateur et c’est royal. On ne peut alors s’empêcher de se demander ce qu’aurait pu faire Burnside sur une plage sonore similaire d’une durée de 15 minutes… Enfin, si les premières secondes de “Blaze” jouent trop la ressemblance avec l’ange blond, Burnside nous refait le coup en se dévoilant pleinement à l’attaque de la troisième minute, lorsque la guitare subit plusieurs contre-coups. 


Au final, je me demande s’il n’y a pas la place pour un grunge différent, probablement plus post grunge que celui de Nirvana. Naomi Punk a montré la voie de ce qu’il était possible de faire avec ce style musical. Burnside vient là de prouver une ultime fois qu’il maitrisait parfaitement ses classiques. Il s’agira désormais d’imposer sa patte, de trouver une façon de se forger une identité artistique plus forte encore. Il fait preuve de trop de maitrise pour ne pas essayer de lancer un mouvement qui pourrait rapidement prendre une ampleur impensée. On trouve déjà les indices de ce vers quoi sa musique pourrait tendre, sur le final de “Stainless“, sur celui de “Blue Bunny” et de “Blaze“. 
Et il y a de la place. Le grunge n’a que peu été confronté au punk, ce qu’il fait sur “Rotten“. Il n’a que peu été confronté à l’acoustique, à l’expérimental, au noisy, et, surtout, au psychédélisme. Total Slacker a délivré un psych grunge qui restera comme l’un des meilleurs albums jamais chroniqués sur Still in Rock (lien). Burnside maitrise tellement son sujet que l’on voudrait savoir ce qu’il adviendrait si on lui imposer de créer un titre avec comme mot d’ordre d’éviter coûte que coûte any ressemblances avec un autre groupe. Je prends personnellement le pari qu’un EP clairement psychédélique serait le tremplin vers une scène plus internationale. Du Burnside qui fait des petits enfants à Sonic Youth, l’idée fait déjà frémir…
En attendant le prochain Burnside, si vous n’étiez pas à Reading en 1992, ne manquez pas la release party du groupe qui se tiendra à la Mécanique vendredi prochain (lien). Freaky Loud Things est de la partie, toujours l’assurance d’un rock’n’roll dont la brutalité s’impose comme la plus parfaite antinomie à la douceur des sous-vêtements du dortoir d’Animal House.
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