Double Cheese: les Rois slashers français


Double Cheese est, sans aucun doute, le meilleur groupe qui soit originaire de La Rochelle. Voilà plusieurs années déjà qu’il nous régale d’une garage pop que je tiens désormais comme étant LE son de la scène française des années 2010s. Je me félicite que nos groupes hexagonaux se soient réunis autour d’une même ambition. Ils marqueront l’histoire de la sorte. Je me félicite également que Double Cheese ait accepté de faire une reprise des Ramones pour la compilation Still in Rock, voyez donc :


Still in Rock, c’est un webzine qui parle de musique et, trop souvent (?), de films série B. Une fois n’est donc pas coutume, je vais écrire cet article sur fond de slasher. Je le fais d’autant plus volontiers que Double Cheese, comme son nom l’indique, applique la même recette sur l’ensemble de son album : l’ambition est garage, les mélodies sont pop, le spirit est trash-gentil et le tout est enrobé par des paroles d’amouuur mais gore. Il a d’ailleurs bien raison de se cantonner à ces quelques ingrédients tant ça fonctionne parfaitement. Les slashers étant des films qui utilisent toujours la même recette avec le succès que l’on connait (en quelques mots, l’assassin doit être un type dérangé, il doit opérer avec un masque, il doit aimer les couteaux et égorger les post-adolescentes sexy, ah oui, il y a toujours une paire de boobs dans un bon slasher), cela fait donc sens, me semble-t-il, d’associer les deux.

Lovagain” introduit l’album sur ce qui s’apparente à du Chillerama, un excellent slasher daté de 2011. Le groupe présente sa formule, il y a un petit côté bluesy-sixties-ringard qui fonctionne bien. Et puis, Stranger to the strange” d’enchainer sur ce qui est probablement A Nightmare on Elm Street. L’étranger sort ses griffes sur les adolescentes bien trop gaulées, et avec lui, les Double Cheese sortent la guitare garage-2011 (ça existe !).

Sur “Bruised” (meurtris), les Double Cheese sont plus surf qu’à leur habitude, et c’est ici que je réalise ne jamais avoir vu un bon slasher en Floride ou Californie (Psycho Beach Party et Killer Waves n’y parviennent pas). Vient alors “For you“. L’album gagne alors en consistance. Les DC se montrent plus patients qu’ils ne le sont généralement, le titre est plus lourd que ne le sont les autres, à ce stade, on ne peut que penser à Friday the 13th. Les Double Cheese font gicler quelques cervelles dès la 2ème minute, quant au final, il met Jason Voorhees sous les spotlights.
Alors qu’on attaque ainsi la 2nd moitié de l’album, le slasher évolue en un véritable bain de sang. “Baby’s gone“, avec ses deux phases alternatives, participe de ce mouvement en donnant l’accès au dortoir. Et sur “Summer is over“, un titre instrumental, le groupe en profite pour envoyer du lourd faire s’échapper le gaz qui va transformer le petit villlage cotier en un véritable nid de zombies, c’est The Return of the Living Dead (un chef d’oeuvre, oui M’sieur). Une fois cela fait, il suffit de venir cueillir les morts vivants à la tronçonneuse. On ne s’étonnera donc pas de trouver un “Modern society” criant. Les Double Cheese nous montrent leur gros bas : ils excellent lorsqu’ils sont psychédéliques. La place de meilleur groupe français du genre est vacante, je suis donc impatient de voir si les DC décideront de faire paraître un prochain album entièrement dédié au genre. C’est noir, trashy, gore, garage, salace, bref, c’est un Double Cheese à la sauce arsenic.

Brain damage” introduit le quatuor final sur un gros élan de punk. WOW. La second moitié de l’album est assurément plus inventive que la première. On s’en remet alors à Braindead, probablement le meilleur film cité dans cet article. “Robert Hue” fait éclater le communiste en 14 morceaux, il y en a partout. “D’s world” en rajoute une couche, voyez la scène : le tueur de Scream se balade au milieu d’un parterre de victimes, et il remet un p’tit coup de tronço à qui bouge encore. Sur “FUZZ“, la Terre explose.



Au final, Brain Damage est un très bon album de garage slasher, un LP à thème qui balance tous ses coups avec le punch d’un psycho-killer face à la belle Shady Lane, nue sous sa douche. Les différents sub-genres que le groupe explore (avec brio, à vrai dire, j’aurai aimé qu’il en essaye davantage) me renvoient vers mon introduction à la sauce Chillerama. L’album ne recule devient rien, il est super généreux, il en fait des tonnes lorsque l’on veut qu’il en fasse des caisses, il nous écrase lorsque l’on veut qu’il nous titille les tympans, bref, les Double Cheese viennent de tuer le game slasher. Ah, et au fait, Brain Damage, meilleure pochette de l’année 2019 ? Très probablement, oui.


(mp3) Double Cheese – Modern Society
(mp3) Double Cheese – FUZZ



TracklistBrain Damage (LP, Dead Beat Records, 2019)
1.
Lovagain
2.
Stranger to the strange
3.
Nono feel good
4.
Bruised
5.
For you
6.
Baby’s gone
7.
Summer is over
8.
Modern society
9.
Brain damage
10.
Robert Hue
11.
D’s world
12.
FUZZ

Liens :
Article sur le 1er album du groupe
Article sur la reprise Ramones du groupe


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