Reptaliens : lounge, expérimental et lézards

Reptaliens est un groupe Captured Track, voilà, merci, au revoir. Si je devais toutefois en dire plus, je dirais alors qu’il est originaire de Portland et qu’il vient de faire paraître son premier album, FM-2030. Composé de 11 titres qui flirtent entre l’indie pop, la dream pop et une sorte de folk mal comprise, il fait parfois très bien le travail alors que, d’autres fois, il se laisse emporter dans un élan plus facile.
Pourtant, Reptaliens dégage quelque chose de captivant. Peut-être est-ce son nom qui fait invariablement penser à toutes ces théories sur les lézards qui remplaceraient les humains (si si : ils tombent en panne, ils arrivent). Peut-être est-ce la tranquillité qui en émane, il faut dire que l’enregistrement est irréprochable et que la voix de Bambi Browning nous berce volontiers.

29 Palms” et “If You Want” introduisent l’album sur des notes classiques. C’est avec “Simulation” que Reptaliens joue véritablement la carte du group weird, après tout, il vient de Portland. La montée en puissance est très bien faite, ce troisième morceau est d’une qualité largement supérieure aux deux premiers, Reptaliens ose la phase instrumentale qui nous sort définitivement du côté cute de la force. On se rappelle alors que le groupe est un hommage au “cult mentality, transhumanism, and conspiracy theories“.


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666Bus” reprend la même structure. L’introduction est très indie pop et il faut attendre qu’il se développe un peu pour prendre des habits plus singuliers. Mais là n’est pas ce que cet album a de meilleur. “These Days“, avec son rythme de bedroom pop, nous demande de nous relaxer au pays des lézards. Les sonorités électroniques dans le fond nous rappellent parfois Joe Meek

Satan’s Song” annonce la couleur, Reptaliens n’a jamais été aussi hippie. Peut-être même est-il un peu twee sur les bords. “Nunya” renoue quant à lui avec le bizarre de quelques artistes des années 60′. C’est ce qui fait l’identité de cet album. 

Butter Slime” joue la carte “cabinet des curiosités”. Il est logiquement réussi. On flotte avec Reptaliens au-dessus du reste de la scène, satisfaits de savoir. Et puis, avec “Forced Entry“, Reptaliens se rapproche un peu plus encore des Éthiopiques 4 de Mulatu Astatqé. On comprend tout l’intérêt que porte Captured Tracks a cette formation qui, en réalité, n’a aucun équivalent sur le reste de la scène. Mêler ethio-jazz, bedroom et lounge expérimental est une excellente idée !
Plus on avance dans l’écoute de cet album et plus Reptaliens fait ce que l’on attend de lui : l’anormal. “Dreaming” illustre cela. Le contraste entre la douce voix de Bambi et le bizarroïde de cette musique pop altérée aux radiations d’un vaisseau spatial fait ce que l’on veut entendre pour se réconforter un matin où Tom Petty est mort. “Ubik” nous fait nous en aller ailleurs, assurément chez Joe Meek. C’est jazzy !

Au final, Reptaliens est une bonne surprise de l’année 2017. Le groupe aurait pu aller plus loin, tenter l’album plus bizarre encore, mais peut-être aurait-on perdu le côté suave et mélodieux qui contraste justement avec cette intru’ parfois venue d’ailleurs. Et puis, on retrouve parfois une sérénité égale à celle de Beach House. Le groupe n’a pas fait le choix des grandes envolées sur FM-2030, il délivre au contraire un album avec beaucoup de proximité, mais le fait est que l’on apprécie cette compagnie martienne.

(mp3) Reptaliens – Simulation
(mp3) Reptaliens – Forced Entry

Tracklist : FM-2030 (LP, Captured Tracks, 2017)
1. 29 Palms
2. If You Want
3. Simulation
4. 666Bus
5. These Days
6. Satan’s Song
7. Nunya
8. Butter Slime
9. Forced Entry
10. Dreaming
11. Ubik

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