Mean Jeans: Gigantic & Cheesy

En 2018, Mean Jeans faisait paraître un album qui passait complètement sous tous les radars. Il s’intitulait Jingles Collection et rendait hommage à 23 marques bien connues des américains à travers quelques nouveaux jingles pour chacune d’entre elles. Quelques semaines plus tard, je déménageais à Amsterdam et j’avais la joie de découvrir FEBO. Voyez par vous-même :

Mon amour incommensurable pour FEBO me conduisait, au détour d’une soirée, à “composer” un générique instantané en hommage à cette belle institution néerlandaise. Mon inspiration ? Mean Jeans. La puissance du truc ? Très, très puissant, puisque mon entourage chantonne désormais systématiquement ce jingle lorsqu’il croise la route d’un FEBO.

Si je vous raconte tout ça, c’est parce que je veux montrer que Mean Jeans n’est pas qu’un groupe cheesy qui compose des morceaux un peu faciles pour les slackers de passage. Mean Jeans, comme White Fang, comme les Memories, c’est un créateur de fun, un fidèle représentant de ce que la scène 2010 aura produit de plus dumb et silly et magnifique. Son allure un peu doll et sa guitare mécanique tout droit sortie d’un cours de gratte sur garageband semblent indiquer une formation sans trop d’ambition. En réalité, Mean Jeans fera partie des grands gagnants des années 2010, de ceux qui auront embarqué avec eux de très nombreux groupes slacker. Les meilleurs sont ici (LIEN), j’espère.

Le 30 août dernier, il a fait paraître son nouvel album, Gigantic Sike. Composé de 11 morceaux qui pèsent très lourd sur la balance slacker.

Lorsque je regarde le menu FEBO (lien), je me dis que cet album est un concentré de chicken croquette, ou un Bami, ou un bon vieux Frikadel = merveilleux, dégoulinant, punk, trash, gross, obèse, pop, cheeeeesy, bourré de friture et de riffs, caloriques, bref, un hommage à la culture fast food qui a envahi nos sociétés. Oh, il n’est pas question pour le groupe de délivrer le moindre morceau qui prêterait à réfléchir. Aucun slacker n’a jamais eu cette ambition. Ici, tout se fait dans l’immédiateté. Et dans le rire. Une fois encore, voyez par vous-même :

Cet album, c’est d’abord une révélation : il dévoile l’affiliation de Mean Jeans. Devinette : ils sont les petits-fils de deux célébrités bien connues des milieux rock’n’roll qui se sont fait remarquer dans un film culte. Alors, alors ? Si je vous dis Mike Myers et Dana Carvey ? Non ? WAYNE’S WORLD. Sérieusement, que tous ceux qui n’ont pas trouvé la réponse quitte Still in Rock de ce pas et se mettent à regarder le film qui va changer votre vision du fun.

Bon, j’en reviens à mes Mean Jeans. S’ils sont les petits-fils de Wayne’s World, c’est que rien ne semble jamais pouvoir les affecter. Sans aucune pause, le groupe enfile les hits comme un pervers enchaine les colliers de perles. Ah, n’est pas Pape du Dumb Rock qui veut. Dès “Party Line“, Mean Jeans fait résonner son punk slacker à fond la caisse, des bières dans le coffre. “Stuck in a Head” fait ensuite ce après quoi tous les groupes du genre courent toujours : le morceau composé en 2 heures qui fait crisser les guitares sans pour autant copier du mauvais dad rock.

Si Mean Jeans jouent aux tendres amoureux sur “What the Fuck is up Tonight?“, la même batterie continue de battre la mesure, direction toute sur “Time Warp”, le clou du spectacle slacker, la 4ème roulette de la planche de skateboard, la mousse sur la IPA, le téton du sein de Shady Lane. Au final, le match continu entre le slacker très gros son des Australiens et le slacker très cheesy-dumb des Américains. Les deuxièmes viennent de marquer un nouveau point. La fin de la décennie approche, la victoire aussi.

(mp3) Mean Jeans – Time Wrap
(mp3) Mean Jeans – Party Line

Tracklist: Gigantic Sike (LP, Fat Wreck Chords, 2019)

Liens :

Article sur l’album Jingles

Article sur l’album Tight New Dimension du groupe