Skegss, c’est l’un de mes pires interviews (lien!). Ce qu’ils avaient à me dire était à peu près aussi intéressant et détaillé que ce que Mourn voulait bien partager, c’est dire. Cet article, à l’inverse, ne relate pas ma pire expérience d’un album. Skegss tourne sur la scène “slacker” depuis quelques années, et nous, on le félicite de s’inscrire dans le sillon de Dune Rats. Il fallait donc que le groupe clarifie les choses et sorte – enfin – son premier album. C’est désormais chose faite avec My Own Mess, un LP de 15 morceaux (c’est trop !) qui contient son pesant de Carlton Dry (je n’ai rien contre la Super Crisp non plus). Il parait via Ratbag Records. 
Parce que j’ai donc un conflit avec le groupe et que je tiens à régler mes comptes, mais seulement derrière un écran, je m’en vais décliner mon article sur le thème du crétinisme. 
1. La Définition
Crétin (définition reprise par le CNRS): “chez les vrais crétins, le cerveau n’ayant presqu’aucune action comme organe de la pensée, le foyer inférieur prend, avec l’âge, une prédominance remarquable…” Cabanis, Rapports du physique et du moral de l’homme, t. 1, 1808, p. 464. Comprenez là que plus le crétin vieillit, plus il parle de bite. Ça promet pour les prochains albums de Skegss dont le nom évoque déjà ce mot que l’on utilisait à nos 7 ans.
Et la définition anglaise de nous apprendre également sur Skegss. Moron, c’est “Anyone driving a car and doesn’t know what the fucking blinker is for.” (Urban Dictionnary). On a encore plus le détail sur le niveau de crétinisme : “Moron was originally a scientific term, coined by psychologist Henry Goddard from a Greek word meaning “foolish” and used to describe a person with a genetically determined mental age between 8 and 12 on the Binet scale. It was also once applied to people with an IQ of 51-70 and was a step up from “imbecile” (IQ of 26-50) and two steps up from “idiot” (IQ of 0-25). The word moron, along with “retarded” and “feeble-minded” (among others), was once considered a valid descriptor in the psychological community, though these words have all now passed into common slang use, exclusively in a detrimental context.”
Voici donc la table officielle du crétin:
– QI de 0 à 25 : idiot
– QI de 26 à 50 : imbécile
– QI de 51 à 70 : crétin
L’idiot et l’imbécile ont du mal à délivrer de la musique slacker. Ils font de la musique électronique, nul besoin d’apprendre un instrument et quelques cours de logiciel suffisent. Skegss est tout de même au-dessus du lot de ces DJ. Skegss magnifie un style de vie et le rire. En fait, Skegss joue le crétin plus qu’il ne l’est. Skegss rêve d’aller à l’université et de devenir boss de sa fraternité. Bon, lui, il a choisi les fiestas-à-gogo et les litrons de bières, ce qui, dans une certaine mesure, pourrait être compatible avec les études – voir obligatoire – mais ce qui, dans le cas présent, semble l’en avoir éloigné. Bref, Skegss délivre une musique de crétin-smart, parce que savoir inclure autant de belles mélodies dans un album relève forcément d’une parfaite maitrise du créténisme.
2. La musique du crétin
Ça commence en douceur avec “Up In The Clouds“. Comment, d’entrée, m’enlever cette image des télétubbies sur leur nuage. Vient ensuite “Infinity“, une copie de Wavves, je ne savais pas que Skegss faisait dans le cover band pour Bar Mitzvah. C’est OK. “Transaction Fee” – une apologie du Bitcoin ? – passe sans faire de vagues. Voici le premier morceau que l’on aurait pu couper de la maquette (il faut attendre le numéro 10, 10 titres c’est bien).
Road Trip” semble alors affirmer ce qu’est devenu le nouveau style de Skegss : de la pop college avec une guitare acoustique pour mieux pécho sur la plage au coin d’un feu de cheminée. “Smogged Out” et “Paradise” veulent être un plus pêchu, alors plutôt que de sortir les amplis, Skegss a accéléré le rythme. C’est OK. Et puis vient l’apologie de l’alcool, parce qu’on ne peut pas se revendiquer de la scène Dune Rats sans ce passage obligatoire. “Margarita” fait le taf. “Couch Party” assure la transition avec la face B de cet LP. C’est crétin et bien joué, parce qu’après tout, on s’amuse bien sur les canapés hein ?!


L’introduction de “Stop” pourrait annoncer une véritable déflagration, mais on a désormais bien compris la volonté de Skegss : ne pas froisser la groupie, parce qu’elle pourrait servir. Alors, Skegss sort le grand jeu lorsqu’arrive Midnight Eyes“, le premier titre d’amour de cet album. La voix est excellente, l’instru est OK. C’est OK. C’est gentil et brave, même.

Harry Mac“, c’est le type un peu gras du bide qui veut aller au Mac Do pour passer une bonne après-midi, mais le Mac Do est fermé… alors il n’y va pas. Harry se demande donc que faire. He “thinks about what he is doing”. Il est paumé, ce bon vieux Harry.  A ce stade, on ne s’attend plus vraiment à une énorme surprise de la part de Skegss. Need To Do” est OK, tout comme les trois qui suivent. Testing” est OK, My Own Mess” est OK et My Mind” est OK. Voilà ce que l’on peut en dire. C’est déjà beaucoup. C’est au moins autant qu’un interview de Skegss.

3. Le constat crétin (vs. slacker)


(Ceci n’est pas une blague Carambar) Quelle est la différence entre un crétin et un slacker ? Facile, le crétin est pop tandis que le slacker est rock’n’roll (même pas drôle, mais vrai). Le crétin se contente de mélodies ensoleillées, il bronze sur la pelouse de son campus (ou de son immeuble) sans se soucier d’exulter son énervement. Le slacker, lui, passe également son temps à bronzer (sur son canapé, dans un basement) aux UV de sa lumière à marijuana, mais lorsque vient le moment, il délivre un rock nerveux qui cri son envie de bière et de pussy and money (ouais, c’est ça, cliquez). Skegss, lui, est donc plus crétin qu’il n’est slacker. Seuls quelques morceaux tendent à saluer le punk qui passe au loin, mais pour le reste, il préfère passer sa journée devant Disney Channel avec Dumb et Dumber. Si je crois avoir une préférence tout à fait personnelle pour le slacker, je vous laisse vous délecter de ce créténisme de haut vol. My Own Mess est incontestablement un très bon album de ce registre.

TracklistMy Own Mess (LP, Ratbag Records, 2018)
1. Up In The Clouds
2. Infinity
3. Transaction Fee
4. Road Trip
5. Smogged Out
6. Paradise
7. Margarita
8. Couch Party
9. Stop
10. Midnight Eyes
11. Harry Mac
12. Need To Do
13. Testing
14. My Own Mess
15. My Mind

Liens :
Article sur l’EP de Skegss
Article sur le dernier Dune Rats




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