Rips, c’est un groupe originaire de Brooklyn, à la frontière entre 70s et 90s. Peut-être est-il même garde-côtes. Alors qu’il se revendique de l’influence de late ’70s New York City bands like Television and The Feelies“, son premier album self-titled a été produit par Austin Brown du groupe Parquet Courts. Ça s’entend !
Cet album, paru en 2017, vise les mélodies pop que les descendants de rock alternatif aiment emprunter. Mais il ne fait pas que cela. Parfois à la limite des titres instru’ de Built to Spill, il vient aussi nous dire que l’on peut écrire des morceaux pour les lives sans être cheesy ou grandiloquent. En ressort une très grande impression de facilité, frustrante par moment tant les Rips peuvent viser les meilleures salles du monde entier.

Rips débute avec “Losing II“, parce qu’après tout, il ne sert à rien de toujours commencer avec la première installation. Il est déjà très bon, et si “Malibu Entropy” vient brouiller les pistes avec ses airs de breeze pop, vient ensuite “Break” qui est un très bon morceau dans la droite lignée de Parquet Courts. Cest à se demander si l’influence d’Austin Brown n’est pas aussi grande que celle d’Andrew Savage tant ce morceau est une véritable signature.


L’intensité redescend d’un cran sur No More“, Rips est plus efficace lorsqu’il veut nous rentrer dedans. L’illustration est parfaitement faite sur Damaged“, un titre british qui fait ce que la scène New-Yorkaise ne fait plus depuis longtemps : de la baston.


L’équilibre de “Save Room” est remarquable. On y trouve l’influence des Feelies que Rips annonçait dans sa bio. Tout fonctionne à la perfection. Et “Delay” de venir prendre las suite. Ce titre n’est pas le plus mélodique de l’album, mais à ce stade, on est trop embrigadé dans la musique seventies de Rips pour ne pas y céder. Le côté bricolé (et donc garage) de ce morceau est attachant, qui plus est.

Si la durée des titres s’allonge sur la deuxième partie de l’album, “Vs” est l’exception qui confirme la règle. Le côté nineties et progressif que l’on semblait attendre depuis l’introduction prend enfin toute son envergure. On passe.
Psychics” est parfaitement nonchalant, il et difficile de ne pas penser à Julian Casablancas à l’écoute de ce dernier (je ne sais pas comment le groupe prendra cette remarque). Mais nous, on veut encore de la bagare, ce qu’il nous donne sur “Spell“. Ce genre est, sans conteste je crois, celui qui convient le mieux à cette belle formation : 1% anglais, 10% punk, 20% mélodies, tout le reste dans l’intention de nous rouer de coups. Et “Losing” de finir sur l’un des meilleurs morceaux de cet album. La voix y est particulièrement convaincante, pour la première fois peut-être. Elle semble avoir été produite différemment.

Au final, Rips est un très bon premier album. Rips fait son statement avec facilité : il sera seventies, un brin progressif et finalement très Strokes (dans l’intention, du moins). La production n’est pas toujours optimale et quelques titres auraient mérité de passer au couperet. Mais on se laisse guider par une maquette très bien foutue qui fait de cet LP est un bel exemple de ce que New York sait faire de mieux.


Cet album s’inscrit dans la lignée des Dumb, Aborted Tortoise, Thigh Master and co : ceux des groupes de post-2001 qui savent aussi où sont leur racine punk. C’est du skatepop, en somme. Peut-être pourrait-il oser des mélodies encore plus pop accompagnées d’un son de guitare encore plus crunchy. C’est le combo gagnant de Sheer Mag. Mais pour l’instant, Rips ressuscite nos espoirs de voir éclore un nouveau groupe New-Yorkais.

Tracklist : Rips (LP, 2017)
1. Losing II
2. Malibu Entropy
3. Break
4. No More
5. Damaged
6. Save Room

7. Delay
8. Vs
9. Psychics
10. Spell
11. Losing

Liens :
Article sur Dumb

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