LP Review : Kaviar Special – #2 (Garage Pop)

Qu’on l’on sache, Kaviar Special n’est pas le nom de la nouvelle opération montée par Vladimir Poutine pour éliminer ses concurrents. Kaviar Special, c’est plutôt la belle appellation d’un groupe rennais qui oscille sur la scène garage-un-peu-crade depuis 2012. Après avoir fait paraître un premier album en 2013, il était revenu nous susurrer quelques doux mots de garage pop durant l’été 2015 à l’occasion d’un EP quatre titres. Armé de ses 80 concerts lives et de son expérience sexuelle aux Trans de Rennes, il a finalement entrepris la création de son nouveau bébé, #2 (à paraître le 8 avril prochain via Howlin Banana et Beast Records).

Il ne fait plus aucun doute que Kaviar Special soit désormais l’un des représentants premium de la scène garage rennaise française. Il fallait donc que le groupe réponde à son statut, et l’on sait l’exercice être difficile. Cet album sera donc scruté à la loupe par tous les amateurs de rock’n’roll, un peu comme le Codex Seraphinanus passionne les Illuminati de la vie extraterrestre. Plus pop que le précédent, il a pour lui quelques jams psychédéliques à la Nuggets qu’il couple avec de la Bubblegum à faire pâlir de honte le cheewing gum de Britney Spears. Sortez vos patins à roulettes du garage, la boom de Kaviar Special va commencer !

Que l’on ne s’y trompe pas, #2 est plus pop que le précédent, mais pas plus complaisant. Avec cet LP, Kaviar Special fait de son garage pop la maîtresse en porte-jarretelle du Spleen de Rennes, une musique pour les coeurs tendres à la recherche d’une douce violence. Peut-être est-ce dû aux allures anglaises que le groupe met à l’honneur pour la première fois. Peut-être est la résultante de l’aspect mécanique de certains titres de proto-pop couplés avec un psychédélisme qui emporte avec lui quelques jams à la Nuggets (“Highway“, c’est sale). Cet album envoie un sacré message au reste de la scène qui, au prétexte justement de trainer sur les terrains de la pop, transforme sa musique en quelque chose de plastique où l’identique vient tuer tout le fun dans l’oeuf. Il serait donc possible de concentrer son énergie sur les mélodies, de prendre à la bubblegum pop ce qu’elle a de plus jubilatoire et de conserver l’esprit punk du club des 27.


L’album s’introduit sur “Starving“. On va se chercher une bonne baguette, un peu de Nutella et l’on trempe son biscuit dans de la pop aux allures mid-fi que le groupe arbore déjà. “Sleep Thoughts” prend le relai sur un morceau plus rythmé, plus sixties aussi. Mais c’est à “Highway” que revient la tache d’attirer le premier notre attention, et à partir de là, tout s’emballe. Le titre se démarque de tout ce que l’on entend en France. C’est tout aussi inspiré des sons heavy des années ’70 (à la Vanilla Fudge) que des restes de la guerre tribale du clip “Come On“. Ça sent bon ! 
Sur la route de l’Aigle à deux têtes se trouve également un “I Wouldn’t Touch You With A Stick” en plein dans la continuation de Mudhonney. Kaviar Special le montre sur scène et en studio, sa musique célèbre également le mariage entre Country Teasers (“Mad“) et Peach Kelli Pop (“Come On“). Et en sandwich ? “Mind Fuck“, du proto-punk à la Real Kids. Le titre est fun, loin d’un rock pompeux qui veut tout faire à la fois. 
Kaviar Special se rapproche de la Power Pop de notre ami de Warm Soda (photo) avec “Morning Light“. Peut-être ce titre ressemble-t-il plus encore à Bare Wires, son précédent projet qui donnait vie au rock’n’roll de nos années lycées (fantasmées). Je parie que ce titre plaira particulièrement à la scène américaine, voilà 3 minutes pour aller chercher du fan au pays de l’Oncle Sam (sérieusement !)
Now I Know” reprend le chemin d’un titre de Radio Gold et “Yolove” vient nous donner toute la paresse que l’on aime, celle d’une bonne après-midi en caleçon sur son canapé. Tonight, ce sera bien, c’est le groupe qui le dit. Mais d’ici là, on restera là à rêvasser encore un peu. Le groupe conclut finalement sur “Drowned In Doubts“, et ne le croyez pas, ce titre est tout sauf douteux. Kaviar y fait ce qu’il gère le mieux : du rock’n’roll pour amoureux. 


Au final, il ne fait aucun doute que #2 est un album qui va faire parler. De nombreux morceaux méritent une petite échappée au pays des Gremlins, que ce soit avec la superbe power pop de “Morning Light“, le psychédélisme de “Highway” ou l’esprit plus punk de “Mind Fuck“. En somme, plus Kaviar Special s’éloigne d’un son trop sixties, plus il est brillant. Cet album fera date sur la scène française !

Cachez vos grand-mères, parce que si #2 n’est pas un album pour les garçons bien éduqués, il est certain qu’il ne s’adresse pas à l’adolescente prépubère. Il faut aimer le goût de la transpiration, avoir l’expérience de ce que l’exultation d’un bon live est toujours sexuelle et avoir vu les Reatards en couche-culotte pour pleinement apprécier #2. Ouais, Colette est dans la merde, et il ne faudrait pas que la (magnifique) pochette soit déjà un premier indice de son traitement. 
En concert le 7 mai au Point Ephémère : lien FB
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