LP Review : Cate Le Bon – Crab Day (Pop Avantgarde)

Cate Le Bon. La dernière fois que nous en entendions parler, c’était à l’occasion de la sortie du premier album de Drinks, son projet commun avec Tim Presley aka White Fence. On se souvient que, dans notre interview avec Tim, ce derneir confiait déjà sa volonté de travailler avec Cate, seule artiste de la scène actuelle à trouver grâce à ses yeux dans l’optique d’une collaboration. Et Drinks fut beau ! 
Cette artiste originaire du Pays de Galles et maintenant situé à Los Angeles a bien travaillé depuis et elle revient avec un nouvel LP, Crab Day, son quatrième. Il succède à Mug Museum, paru en 2013. Cette fois-ci, Cate est épaulée par Drag City, l’atout charme de Ty Segall. Cela va avec la présence de JJ Golden au mastering, lui qui a également travaillé sur Emotional Mugger. Oh, et puis il y a bien Noah Georgeson, producteur de Devendra Banhart et Bert Jansch. 
Il y a toujours, chez Cate Le Bon, une quête vers la spiritualité. Elle passe vers de drôles de recoins qui rappellent parfois le travail de Nico avec les Velvet, parfois les élucubrations de Sun Ra. Cette quête la mène parfois à des morceaux avant-gardistes qui détonnent. D’autres fois, elle pousse Cate Le Bon à quelques émanations qu’il est plus difficile de comprendre, ou d’aimer.


Crab Day“, le premier morceau, reprend l’aspect proto-pop des créations de Drinks. Cate Le Bon y exprime déjà une certaine poésie un peu désuète, ça a son charme. On enchaîne avec “Love Is Not Love“, un titre plus folk-ish, sorte de PJ Harvey réinterprétée qui a pour lui la grâce naturelle de la voix de Cate Le Bon, mais pas vraiment plus. “Wonderful“, pour sa part, est parfaitement maitrisé, un titre en deux-temps qui alterne entre pop de la factory et sophistiques expérimentales. 
Find Me” est probablement le meilleur titre de l’album, parce ce que suffisamment représentatif de l’ensemble et un cran en dessus. Pour le coup très proche de la pop allemande qui a séduit Andy Warhol, ce titre a une véritable force captivante, proche d’un Philippe Katerine inspiré. Le titre est tout à fait minimal et pourtant Cate Le Bon impose sa touche en quelques notes à peine, prouvant le tort d’une large partie de la scène à la poursuite d’une identité artistique nécessairement alambiquée. 
I’m A Dirty Attic” peine à convaincre, la vieille cantatrice d’opéra se fatigue au pied de la rambarde et on ne suit pas le mouvement. “I Was Born On The Wrong Day” ne fait pas vraiment mieux. C’est plan-plan et ça manque de folie, de plus d’avant-gardisme. 

We Might Revolve“, pour le coup, est plus dissonant, sorte de Prokofief indie pop pour le compte d’un trailer. “Yellow Blinds, Cream Shadows” est un titre loufoque qui semble tout droit sorti d’un album de la Space Lady. On enchaîne avec “How Do You Know?” qui est un brin à côté de la plaque, c’est le lot des albums qui essaient, on ne saurait le lui reprocher. 
What’s Not Mine“, enfin, vient donner un beau final à cet album qui, pour le moins, change des derniers albums chroniqués sur Still in Rock. Cate Le Bon innove et, à mon sens, mérite le plus de presse possible. Il faut encourager les artistes qui tentent l’expérience d’une autre pop qui abandonne son premier sens, celle de la musique trop populaire et, a fortiori, tout à fait construite pour satisfaire. 

Aucune artiste actuelle ne rappelle autant l’époque Nico des Velvet Underground que ne le fait Cate Le Bon. Si l’abus de revival est malsain pour la santé, ceux qui laissent place à quelques artistes que l’on n’a pas l’habitude d’entendre doivent être applaudis des deux mains. Cate Le Bon peut être fier de son Crad Day. Cet album ne marche pas droit mais au final, il ne prend jamais l’eau. Cate Le Bon expérimente quand il le faut.

Et puis, Cate Le Bon a pour elle sa simplicité. L’album ne surjoue à aucun moment, jamais il ne dépasse la ligne rouge et jamais il ne s’aventure sur des terrains trop démonstratifs. Cate Le Bon a pour elle le sens de la justesse, à l’image de Murals et quelques groupes qui se font rares. Well done!
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