Anachronique : Blues Magoos (Psych Pop)

The Blues Magoos était un groupe de pop psychédélique originaire du Bronx. Formé en 1964, il officie d’abord sous le nom de The Trenchcoats. Il se pliera au mouvement psychédélique en 1966 et adoptera alors sa line-up du jour. Il commencera à sortir quelques singles sur des petits labels de la scène, dont Ganim Records et Verve Records, avant que Mercury le signe.
Dans l’optique d’avoir un jour tracé la carte de l’ensemble des premiers groupes de musique psychédélique, voici un nouvel article sur l’un des grands représentants du genre. Si le groupe fera paraître plusieurs LPs du genre, son premier, Psychedelic Lollipop, demeure son meilleur essai. De la même scène que The Electric Prunes et The Left Banke, ils auront notamment été compagnons de route des Who et d’Herman’s Hermits. Mais peut-être leur amitié avec Moby Grape est-elle plus symbolique de ce qu’étaient les Blues Magoos, un groupe qui faisait le lien avec la scène de Cream et de celle des compilations Pebbles.

(We Ain’t Got) Nothin’ Yet“, le premier morceau est également le hit de cet album, bien qu’à mon sens en dessous des autres. 5ème des charts US, il traduit l’attachement qu’avait le groupe au garage. Il traduit également le peu d’expérience des Blues Magoos. La plupart de ses membres sortaient à peine du lycée lorsque ce single paraît, il était difficile d’imaginer qu’il puisse véritablement révolutionner le genre. “Love Seems Doomed” est un morceau bien plus singulier. Sorte de ballade pop dont la mélancolie rappelle certains titres de Love, il nous introduit avec grâce à la douceur des Blues Magoos. On retrouve cette même volonté pre-bedroom pop avec “Sometimes I Think About“, en fin d’album. Ce titre est particulièrement fort en ce qu’il fait la liaison entre les deux scènes de l’époque, celle encore accrochée aux fifties, aux crooners et aux slows, l’autre qui faisait alors rage avec tout ce qu’il y avait de plus décadent et de plus… psychédélique. 
Tobacco Road” vient rapidement montrer que le groupe sait également y faire en matière de rock psyché. Alors qu’il semble partir sous les hospices d’un titre classique, il nous embarque rapidement dans un long jam psychédélique à faire pâlir les 13th Floor Elevator. Cette reprise des The Nashville Teens est la preuve que les Blues Magoos maitrisaient parfaitement leur sujet, capable de transformer un classique en quelque chose de plus dissident. “Queen Of My Nights“, pour sa part, est la parfaite chanson de Prom’ Night. La Reine est belle et dangeureuse. “Worried Life Blues“, c’est l’étape d’après, celle du moment de conclure. Il introduit, enfin, le blues que le nom du groupe nous promet. Cette reprise d’un vieux classique trouve une résonnance très Pink Floyd (époque Syd Barrett) avec des Blues Magoos fort bien inspirés. Clapton en fera également quelque chose de beau. Et puis, l’histoire d’amour est complète avec “She’s Coming Home“. 
Il y a, sur Psychedelic Lollipop, cette magnifique idée d’un mélange entre rock’n’roll pour high school et recherches expérimentales. L’album est parfois rabaissé pour ne pas avoir (ré)inventé le genre psychédélique, mais là n’est pas le point. Les Blues Magoos savaient comment donner à cette mouvance les attributs d’une musique punk, j’entends par là une musique qui s’intéresse à la junk culture, à la vie de suburbs. Le fait est par ailleurs suffisamment rare pour être noté, deux versions des Blues Magoos se feront concurrence en 1969. Le groupe venait de spliter en 1968 lorsqu’Emil Thielhelm décide de recréer le groupe à New York. Cela ne sera pas du goût des autres membres originaux du groupe qui formeront un Blues Magoos californien. Peu importe les conflits à ce jour, les Blues Magoos sont et demeureront un formidable groupe de musique psychédélique. Tachez de ne pas manquer ses autres hits, je pense à “Baby, I Want You” (sur Electric Comic Book, paru en 1967). Les Blues Magoos pourraient en surprendre plus d’un et je prends le pari que lui donner une écoute attentive ennivrera l’essayeur d’un son psychédélique Louisiana aux racines anglaises.
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