Still in Rock présente : Ought (Indie Rock)


Ought est un groupe originaire de Montréal, symbole de la musique progressive D.I.Y. de la ville, façon The Feelies à North Haledo. On se souvient que Ought avait fait paraître son premier album, More Than Any Other Day, en 2014. Il est revenu sur Constellation le 18 septembre dernier avec un second LP, Sun Coming Down
Le groupe a récemment attiré l’attention d’une large partie de la presse. C’est une excellente nouvelle, ce genre de formations indépendantes et innovantes méritent d’être soutenues. Et puis, le premier essai du groupe était plutôt convaincant, il était donc normal que Sun Coming Down s’attire la sympathie du plus grand nombre. Seulement, qu’y verra-t’on une fois la hype de cet LP retombée ?
Ought a toujours marché sur les plates bandes de plusieurs autres groupes actuels, je pense notamment à Parkay Quarts et So Cow. Et puis, il emprunte également beaucoup au son des années ’90, à celui de Pavement, à celui de Silver Jews, à celui de Sonic Youth. Cela se ressent dès le premier morceau, “Men For Miles“, où le rythme qui accèlere au fil des minutes donne un bel élan à l’album. On l’aura donc compris dès les cinq premières minutes, le combo de toutes ses influences est prometteur, mais suffit-il seulement ?
Force est de constater que Ought passe parfois à côté de son sujet. Je pense à “Passionate Turn“, un titre pas vraiment incisif qui ne fait jamais office que de transition. Le même vaut pour “Sun’s Coming Down” (le single, qui plus est), un titre qui se veut plus expérimental à la Sonic Youth sans pour autant parvenir à nos accrocher/écorcher l’oreille. Peut être que Ought aurait gagné à travailler sur la mastering avec un spécialiste plus reconnu, de sorte à donner une nouvelle couleur à ce titre. 
The Combo” renoue avec le brin d’énergie punk qui se trouvait sur More Than Any Other Day. C’est, à mon sens, la direction que devrait emprunter Ought. La puissance de la voix de Tim Darcy trouve sa place dans un univers plus noisy qui rappelle agréablement Parquet Quarts. Et puis, une fois encore, “Beautiful Blue Sky” rappelle terriblement l’univers du groupe précité. On se croirait en pleine suite de “Content Nausea“. Le côté mono-maniaque obsessionnel trouve un parfait échos dans la structure du morceau. Le “I’m not long afraid to die” asséné à 4min40 donne un second souffle à ce morceau qui gagne à être écouté. Il participe finalement de créer le premier titre identifiable de cet album, à la frontière entre les différentes influences du groupe. 
Celebration” réintroduit le style initial du groupe, façon Battles, sorte de Math Rock bien assemblé mais qui n’emporte pas non plus une excitation particulière. L’aspect nonchalant de ce morceau nous rapproche (trop) des nineties. “On the Line“, l’avant-dernier, justifie l’étiquette d’Indie Rock dont le groupe peut jouir allégement. Son style Brighten the Corners est clairement bienvenu, mais peut être que le groupe aurait pu apporter une touche plus personnelle avec de meilleures paroles (ce qui n’aurait pas fait de mal à l’ensemble de l’album), ou bien, une structure moins attendue. L’album se conclut enfin sur “Never Better“, sans éclat particulier.
Au final, Ought emprunte à différents groupes que l’on n’a pas vraiment l’habitude de voir confrontés. Seulement, il est encore trop collé à ses influences pour que l’on puisse considérer Sun Coming Down comme une oeuvre majeur. S’il m’est impossible de critiquer les fondements d’un album qui semble rendre un hommage marqué à Pavement, notons bien qu’il n’atteindra jamais la chevile du groupe de Malkmus. On peut alors se demander, à quoi bon ? Et puis, Ought est, pour l’heure, surpassé par Parquet Courts. Notons toutefois que Sun Coming Down contient ses bons moments et ses idées ingénieuses, preuve qu’il faudra compter sur Ought dans les années à venir. On attend donc le troisième album avec impatience. 



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