Still in Rock présente : Jessica Pratt (Bedroom Folk)



Jessica Pratt. Le buzz sera fou. Cette artiste est pour moi un mystère. Non pas que sa musique ne soit pas envoutante, mais je peine toujours à comprendre pourquoi la bande à Drag City & co, d’habitude plus intéressée par le Garage Rock qu’autre chose, apporte autant de soutien à cette artiste. Après tout, tant mieux, Jessica Pratt apporte une superbe touche Indie à la Folk qui en manque cruellement. Son dernier album, On Your Own Love Again, sortira le 17 février prochain. Il s’agira de son deuxième essai, avec un opus self-titled paru en 2012 (écoutez-y “Night Faces“).
Comment résister à Jessica Pratt ? Capable d’attendrir les coeurs les plus nerveux, la musique de Jessica est une sorte de voile que l’on pose délicatement sur le reste de la scène. 

Il ne paye pas de mine, ce “Wrong Hand” introductif, et pourtant. La douceur de Jessica Pratt se retrouve déjà, elle nous enveloppe doucement. Une telle entrée en matière, simple et suave, mérite déjà le respect. “Game That I Play” accentue la grande simplicité de la musique folk, façon Beck. La voix de Jessica prend encore le lead. Quelle poésie ! Le même ressenti apparaît que lorsque l’on est confronté à la prose d’un grand écrivain. Il s’agit pourtant de l’un des morceaux les plus noirs de l’album. Il fait éclater l’évidence pour la première fois. La musique de Jessica Pratt est comparable à celle de deux fabuleuses légendes : Nick Drake et Bert Jansch. “Strange Melody” se tourne ensuite vers plus de psychédélisme, à travers notamment une structure plus complexe. Ce morceau rappelle la belle musique folk des années ’60, celle qui ressort de nombreuses fois dans cet album. 

Le grand atout de la musique de Jessica Pratt, outre sa beauté apparente, réside dans sa profondeur. On sait déjà que ces titres ne nous lasseront pas. Les paroles viennent suppléer les longs arpèges d’On Your Own Love Again. “Greycedes” en est un bon exemple, mais peut-être “Moon Dude” est-il supérieur. Ce morceau fait apparaître un grand songwriting. “Jacquelyn In The Background” est le morceau qui joue le plus sur la super-sensualité de Pratt. Le final altère le son pour la première fois. Jessica frôle les bémols, la frontière entre poésie et musique devient invisible. 
I’ve Got A Feeling” nous replonge sur du Bert Jansch, comme pour nous attendrir encore avant “Back, Baby“. Titre le plus évident de l’album, également le premier single, force est de constater que l’on se trouve là confronté à ce que la folk a de meilleur, de plus simple et de plus sincère. “There was a time that you loved me” résonnera longtemps. La voix de Jessica Pratt trouve des sonorités très californiennes qui rappellent la voix feutrée de Diane Ross (la plus belle voix féminine de tous les temps ?!). La voix d’un ange vient de se poser sur 4 minutes de folk. “On Your Own Love Again” conclut sur une note plus ensoleillée. Le voile laisse finalement filtrer quelques rayons. Jessica Pratt donne alors dans une musique qui fait penser aux grands moments de la guitare classique. Sa voix plonge dans le grave pour en ressortir plus colorée encore.
Le couple que pourraient former la musique de Juan Wauters et de Jessica Pratt est emblématique de ce que la folk délivre de meilleur ces dernières années. Sans oublier un aspect expérimental qui fait plus largement référence à Donovan Blanc, en passant par la Bedroom Pop de Chris Cohen (un des albums les plus sous-estimés de ces dernières années), Jessica Pratt explore tout le spectre d’une musique toujours délicate et attendrissante. 
Alors certes, l’album souffre de quelques répétitions. Il faut en réalité le percevoir comme un tout, avec ses variations et ses légères envolées. Le concept de “titre” se trouve ici mis à mal. On Your Own Love Again est précisément remarquable parce qu’il impose une expérience de 30 minutes, là où le single n’existe pas vraiment, là où un titre pris à part ne pourrait avoir toute la saveur qu’il a après quelques écoutes des précédents.
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