Anachronique : Teenage Fanclub (Indie Rock)

 

Vous le savez, les lundis de Still in Rock sont consacrés aux articles anachroniques, une façon de revisiter le passé et de faire sens dans une scène musicale qui nous abreuve de toujours plus de nouveauté quitte à nous faire perdre nos repères. L’article du jour fait partie de ces quelques anachroniques que je me garde sous le bras depuis de nombreuses années, parce que je les sais essentiels à la cohérence de cette rubrique – il est par ailleurs le 144ème du genre…
La discographie des Teenage Fanclub est immense, et pourtant, j’ai longtemps hésité avant de choisir quel album consacrer sur Still in Rock. Mon choix s’est finalement porté sur Grand Prix, LP paru en 1995, quelque temps après la période que beaucoup considèrent comme étant la plus florissante du groupe (tout début 90′). En réalité, s’il y a beaucoup de raison d’être nostalgique à l’écoute de la musique de Teenage Fanclub, cet album est, je crois, celui qui a le plus de quoi nous faire regretter l’impossible machine à remonter le temps, tout droit vers l’époque Jacques Chirac (oh, ça va hein!).

 

 

Je ne retracerai pas toute la biographie du groupe, de très bons livres ont été écrits sur le sujet. Sachez simplement que les Teenage Fanclub se sont formés en 1989 et qu’ils sont toujours actifs. Sachez, également, que Bandwagonesque (1991) est son album le plus connu et qu’il fut de nombreuses fois cités comme le meilleur album de l’année concernée. Cela explique probablement pourquoi les Teenage Fanclub ont autant travaillé leurs mélodies sur chacun des albums suivants, attendus au tournant et consciencieux. Ces bons élèves de la scène rock n’avaient pas l’esprit revanchard et expérimental des Sonic Youth, mais ils savaient comment faire du Beach Boys à la sauce 90s.”About You“, le premier morceau, est peut être le plus sixties de tous, une guitare jangle pop et le turbo sur la partie vocale. “Sparky’s Dream” semble vouloir être plus bluesy, mais la voix de Norman Blake vient rapidement nous rappeler que l’intention des Teenage Fanclub est POP. “Mellow Doubt” débute pour sa part comme un titre de lover bien trop peu original. Il se sauve un peu sur la seconde moitié qui tourne vers la folk, mais je ne crois pas nécessaire de m’y attarder plus longtemps.

Don’t Look Back” a tout du morceau de teenager, ce qui tombe plutôt bien dans la mesure où c’est le nom du groupe. Norman Blake raconte comment il vole une voiture pour raccompagner sa belle devant le porche de sa maison. Le titre, avec ses chorus et ses refrains à rallonge, est un modèle du titre high school à insérer dans tous les films du genre de Reality Bites. Sortez les voilons :
 
“If I could find the words to say 
The sun shines in your eyes 
So brighten up my city sky”
Verisimilitude” est un morceau plus dark-ish, à la façon de Silver Jews. “Neil Jung“, un mélange entre Karl Jung et Neil Young, ne pouvait échapper à la chanson d’amour un peu rétrospective. L’instru’ est lente, pile comme il faut, ce titre est l’un des grands hits de la discographie des Teenage Fanclub, et pour compte, Norman pousse la voix sur la base de cette instru’ un peu jangle pop qui faisait des merveilles à l’époque. La structure du morceau est tout à fait ingénieuse, Teenage Fanclub maitrise ses mélodies à la perfection.
Un titre issu de Songs From Northern Britain (1997)
Tears“, le premier titre de la face B, fait incontestablement penser à Built to Spill, époque “Car“. Et voilà bien ce qu’il y a de plus cheesy dans la musique de Teenage Fanclub. Sortez vos trottinettes et allez faire un tour sur les longues pistes cyclables de la Californie, n’oubliez pas vos patins à roulettes, vos coudières roses fluo et votre petit short, vous devez transpirer de bonheur à en faire rager la vieille mamie qui vous regarde passer du haut de son immeuble.
Discolite” fait apparaître un autre talent des mecs de Teenage Fanclub qui savaient aussi comment emprunter aux mélodies à la Beatles. Les groupes british de l’époque étaient les meilleurs du genre, et bien que Teenage Fanclub soit en réalité écossais, on fait comme si. “Say No“, en ajoutant un peu de folk qui tendrait presque vers de la country, trouve une nouvelle parade. Teenage Fanclub sait assurément comment nous faire abandonner nos repères habituels au profit d’une musique d’apparence facile.
Going Places“, sous ses airs de Yo La Tengo, ne se prive pas pour enfoncer le clou dans une sorte de pop qui prend 10% à la power pop de sorte à éviter l’écueil britpop. Le tout est très bien fait, on ne sait plus vraiment si on est sur la bande-son de She’s All That ou de Before Sunrise, le fait est que l’on voudrait être aussi mielleux que le groupe. “I’ll Make It Clear” veut nous donner une réponse, mais il ne fait jamais que réaffirmer la passion Teenage Fanclub pour un monde dans lequel la colère n’existerait pas. “I Gotta Know” avec un son assurément power pop entreprend de nous faire tomber à la renverse par un refrain asséner avec force. “Hardcore/Ballad“, enfin, est tout ce dont cet album avait besoin en conclusion : du noisy, comme pour montrer que l’humeur entichée de cet LP est un choix de circonstances plus qu’une obsession. Et Teenage Fanclub se conclure sur une comptine que l’on chante autour du feu.

 

 

A la croisée des chemins entre la power pop, Big Star, The Jesus and Mary Chain et la scène british des années 90′, Teenage Fanclub est l’un de ces groupes cultes qui a su utiliser plusieurs des styles musicaux de son temps tout en conservant toujours un filtre qui est très ancré dans son époque. Grand Prix, c’est en effet du post-nineties avant l’heure. L’album emprunte TOUS les codes à la musique nineties, comme pour délivrer un dernier essai du genre. Et pour être complet, aller également voir du côté de Bandwagonesque – The Concept” – on y retrouve cette même volonté très indie rock 90s qu’avaient les plus grands, Pavement y compris.
Tracklist:
“About You
“Sparky’s Dream
“Mellow Doubt
“Don’t Look Back
“Verisimilitude
“Neil Jung
“Tears
“Discolite
“Say No
“Going Places
“I’ll Make It Clear
“I Gotta Know
“Hardcore/Ballad
Liens :

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