Bryan’s Magic Tears : Insanity the Ride

Bryan’s Magic Tears, c’est la nouvelle sensation de la scène française, celle sur laquelle il FAUT écrire parce que sinon, le père Fouettard de la scène indépendante française va venir partouzer tous les chroniqueurs qui n’ont pas obéi au dicta du bien. Plaisanteries à part, le nouvel album de Bryan’s Magic Tears est excellent à bien des égards, il ne fait donc aucun doute qu’il mérite l’attention qu’on lui porte. Reste à savoir quoi faire de cette attention et que dire d’un album qui baffe son auditeur à de multiples reprises. Cette introduction est volontairement violente parce que Bryan’s Magic Tears m’a donné l’envie d’exprimer mon côté sadique que la noirceur de ses créations fait ressortir : c’est décidé, à peine l’écriture de cette chronique finie que je sortirai de chez moi pour écraser des fourmis.
Composé de 6 morceaux, cet album self-titled fait dans un genre en réalité peu exploité : une sorte de pop/rock pysché assez mélodique et qui emporte avec lui 1% de son eigthies. La scène psychée tend à être sur-exploitée par les groupes à tendance shoegaze, mais point de cela avec Bryan’s Magic Tears, le groupe vise plutôt des morceaux rentre-dedans qui donnent la Monsieur patate. 



Hand Of Summer” est une bonne introduction, parce que thématique. Le son est immédiatement fidèle à ce que contient le reste de l’album, ce qui est toujours mieux senti que “l’introduction suspense” à la mords-moi-le-nœud qui ne mord d’ailleurs pas que le noeud.  Et “Come” est encore un cran au-dessus. Abandonnez toutes vos références aux groupes nineties, Bryan’s Magic Tears se montre à nous avec un titre qui lui appartient pleinement. Et c’est si rare ! Une fois encore, la scène psychée – à laquelle je rattache le groupe, bien que sa musique ne puisse se contenter d’une seule étiquette – est infusée de ces anciens groupes de mecs qui tournent encore avec leurs gros bides d’anciens hippies devenus vieux beaufs. Bryan’s Magic Tears évite cet écueil avec un certain affront.
Small Dicks Fuck Cheerios” a pour lui sa noirceur post-nineties, mouvance Tomorrows Tulips. Moins mordant que le précédent, il nous plonge dans une nébuleuse absolument léthargique qui nous fait dire que Socrate aurait dû boire la ciguë en écoutant ce dernier. Une fois encore, le final deviendra classique. 
La face B de cet album est introduite sur “Lighting Breast” – c’est Good Morning TV qui doit aimer ce son. Une fois encore, Bryan’s Magic Tears va chercher une sonorité que l’on n’avait pas pensé possible : il y a le côté buttoir et cathartique de Naomi Punk qu’il compense avec une pop spectrale qu’Alex Calder avait sublimée sur son album Strange Dreams. Le groupe a tendance à partir sur d’énormes phases noisy dans les dernières minutes de ses créations, comme pour mettre un point final à ses introductions plus contrôlées. Question : quid s’il essayait à devenir le Michel Houellebecq de la scène française – avec lequel les scènes de cul ne sont jamais le point final d’un chapitre, mais des scènes qui s’inscrivent dans la continuité du story telling – en introduisant son morceau par une phase noisy plutôt que de les conclure systématiquement de la sorte ? Ce serait encore moins attendu et encore plus brillant… peut-être…

Happy And Tired” porte bien son nom, on passera donc rapidement sur ce dernier : il vous rendra content parce qu’il est bon – forcément, mais BMT semble fatiguer un poil. Il conclut finalement cet album sur “Son Of A Witch“, quatre minutes plus musclées encore que les précédentes. Il faut ici tirer un sacré coup de chapeau au producteur de cet LP qui a fait un travail de qualité. “Son Of A Witch” porte l’estocade, mais l’essentiel n’est pas là. 

Au final, cet album éponyme est une EXCELLENTE nouvelle pour la scène française, européenne, mondiale et vers l’infini et l’au-delà. Ouais, il y a chez Bryan’s Magic Tears quelque chose qu’aucun autre groupe ne sait magnifier, une tentation constante de tirer sa musique vers un cortège funèbre qui serait venu accompagner la mort brutale des frères Reid (JAMC).
Et maintenant ? Maintenant, Bryan’s Magic Tears DOIT faire savoir au monde entier sa maitrise du genre musical qu’il définit avec cet album. Maintenant, Bryan’s Magic Tears a l’obligation d’être aussi bon en live qu’il ne l’est sur cet album. Le groupe est récemment passé sous la houlette de Hello Acapulco, et avec l’aide de son label, le très bon Eighteen Records, nul doute que le groupe aura une chance de conquérir la vieille Europe. Y parviendra-t-il ? Réponse au terme de 365 jours qui pourrait bien changer la destinée de ses membres. Sans rire. 

Tracklist :
1. Hand Of Summer
2. Come
3. Small Dicks Fuck Cheerios
4. Lighting Breast

5. Happy And Tired
6. Son Of A Witch

Liens :
Article sur le dernier Tomorrows Tulips
Article sur le premier EP de Good Morning TV

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