LP Review : EZTV – High In Place (Indie Pop)

EZTV. La nouvelle sortie d’un album chez Captured Tracks est toujours un évènement qui doit être regardé de près et ce nouvel LP du groupe EZTV ne déroge pas à la règle. On se souvient que le groupe avait fait paraître un premier album sur le même label il y a 2 ans environ. Calling Out était un très bon album de jangle pop qui avait fait naitre un nouveau groupe du genre. Après tout, ils sont finalement assez peu à s’aventurer sur les terrains d’une pop indépendante qui n’hésite pas à afficher son ambition mélodique à travers des albums hi-fi. EZTV avait tout placé sur un songwriting qu’une superbe production avait sublimé, c’était une formule gagnante. Et puis, il était revenu il y a quelques semaines à peine avec une reprise de Mil’n’Cookies (article). C’était grisant.
Avec High In Place, EZTV s’inscrit en plein dans la continuité de son premier album. High In Place étonne avant tout par la qualité de sa production. On ne saura pas étonné d’apprendre que Chris Cohen est de la partie, ça aide. En fait, Captured Tracks donne la liste de tous les collaborateurs, de quoi donner le tournis : “Jenny Lewis, Chris Cohen, Martin Courtney and Matt Kallman of Real Estate, John Andrews of Quilt, Nic Hessler and Mega Bog“. Autant dire que tout était en place pour que High In Place occupe effectivement une place très haute dans nos favoris de 2016.

High Flying Faith” est une excellente introduction. EZTV reprend une partie du son jangle pop qui a fait le succès de Calling Out et il y ajoute une multitude instru’ de sorte que ce “High Flying Faith” soit riche en émotions. “Racing Country” enchaîne dans un style similaire. La voix d’Ezra Tenenbaum est sur le fil, délicate et nébuleuse. La sensation de légèreté que dégage ce morceau se retrouve tout au long de l’album. Ah, qu’il est bon de flotter au-dessus du reste de la scène. Réussir à composer un tel morceau n’a peut-être l’air de rien, mais la facilité d’EZTV cache en réalité un songwriting à faire pâlir les Cass McCombs & co. Et puis “Reason to Run” vient compléter le trio introductif avec la guitare de Martin Courtney du groupe Real Estate. Tout ça est prometteur.
Si “Clear” avait été un morceau de rock, ce serait assurément du classic rock. Seulement l’étiquette de classic pop ne veut rien dire (il va pourtant si bien à EZTV), on s’en remettra alors à décrire son contenu. “Clear” fait apparaître comme une ambition de nous raccrocher à une vieille tradition de la chanson pop, convenue et codée. Non pas que ça ne fonctionne pas, mais à ce stade, on commence à se demander où sont passés les hits qui venaient ponctuer Calling Out. Après, c’est ce que l’on attend d’un album de pop ; des hits…
En voilà un avec “States of Confusion“, un magnifique morceau qui rappelle Big Star, ou probablement plus encore une composition de Chris Bell. Cette balade brille par une guitare acoustique qu’EZTV emporte avec de nombreux rythmes. Et puis, les aspects folk de ce morceau rappellent l’album d’Emitt Rhodes paru en 1970. C’est Icewater qui sait également y faire (écoutez “My Land“, un perfect).

Hammock” amorce la deuxième face de l’album, et toujours, l’élégance de la production de cet album saute aux oreilles. “Temporary Gold” est très golden-pop, comme son label aime à décrire l’album. EZTV joue clairement sur le côté jangle pop de sa musique, loin des mélodies brumeuses de certains des titres précédents. “Still” fait ensuite dans le même registre et c’est alors que l’on se dit que l’on aurait bien apprécié un peu plus de spleen. La voix d’Ezra Tenenbaum fait que l’on veut se plonger dans une chambre aux volets fermés, comme pour broyer d’un noir que l’on connait trop bien et qui nous réconforte. 
How Long’s It Gonna Be” nous conduit doucement vers la sortie concrétisée par le doux “Goodbye Morning“, un titre qui pourrait être le mantra du groupe, comme pour dire au revoir à la jangle pop qui a bercé ses deux premiers albums. Une chose est sure, il le fait très bien, mais il faudra néanmoins qu’il se réinvente un brin sur le troisième album (sans vous servir le speech ridicule sur l’album de la maturité).

Au final, d’un strict point de vue mélodique, il se pourrait bien qu’High In Place soit moins inspiré que Calling Out. Il n’en demeure pas moins qu’EZTV a parfaitement travaillé ses textures sonores et qu’High In Place est un album dont le combo composition/production peut servir d’exemple. Avec ses faux airs de Big Star / Shoes (notons qu’aucun autre groupe actuel ne me semble pouvoir être comparé aux Shoes), EZTV s’inscrit dans la lignée des plus grands noms de l’histoire de la pop indépendante. Une fois encore, peu de groupes osent faire de même et EZTV doit en cela être encensé. Seulement, comme la presse l’a fait pour les deux groupes précités, il ne sera pas étonnant qu’elle feigne d’ignorer EZTV encore un peu avant de lui conférer le statut qu’il mérite, en… 2025 ?
Cette 250ème sortie de Captured Tracks (auquel est venu s’associer Differ-Ant, toujours du flair) est un bel objet pop. Concluons simplement en disant qu’il est possible qu’il manque de hits pour réussir à s’imposer à nous/tous. Les Shoes, qui avaient compris mieux que personne comment composer des titres légers et vaporeux, n’oubliez pour autant jamais de nous donner à entendre des mélodies qui résonne encore à ce jour (Wyatt Blair, créateur du label Lolipop Records, me confiait récemment que les Shoes étaient de très loin son groupe préféré, tout est dit). Avec High In Place, EZTV fait parfaitement la première moitié du travail, mais plus de titres du calibre de “State Of Confusion” eut été appréciable.
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