Album Review : Pond – Hobo Rocket (Psych Power Rock)

Pond. Cet album était très attendu. Pour cause, Beard, Wives, Denim était l’un des tous meilleurs opus de 2012, un modèle de musique psychédélique. Pond, en compagnie de Tame Impala, contribue à créer un nouveau mouvement musical, fait suffisamment rare pour être noté. Alors, qui dit attente dit également risque de déception. Et c’est la première impression qui ressort de l’écoute d’Hobo Rocket, le cinquième opus du groupe paru le 6 août dernier. Lorsque l’on s’attend un album exceptionnel et qu’arrive finalement un (très) bon opus, on est déçu. Également, lorsque l’on attend un album psyché lo-fi et que l’on doit se confronter à de la musique plus power rock psyché qu’autre chose, on ne peut qu’être surpris. Pourtant, Hobo Rocket est l’un des meilleurs albums de l’année.

Hobo Rocket permet à Pond d’évoluer dans de nouvelles sphères, ce que le groupe a toujours su parfaitement faire. Nul ne sert de s’attendre à un opus qui ressemble au précédent, Hobo Rocket ne s’apparente pas à Beard, Wives, Denim. Pond continue au contraire d’explorer tous les genres de la musique psychée. Que l’on préfère l’approche plus contenue de Beard, Wives, Denim est fort concevable, mais il n’en demeure pas moins qu’Hobo Rocket est un bel album qui repousse une fois encore les limites de la musique psychée.

Composé de seulement sept titres, l’écoute d’Hobo Rocket s’avère pourtant exigeante. Pond n’a manifestement pas lésiné sur la création de morceaux très fournis dont les nombreuses phases viennent tester notre endurance. Pour cette raison, les premières écoutes d’Hobo Rocket ne peuvent s’avérer être les plus séduisantes. Le génie de Pond fini se révéler à nous une fois l’idée de titres orgueilleux pleinement acceptée. Place à la critique track-by-track :

  • Whatever Happened To The Million Head Collide? : Une solide introduction qui prend tout son sens à 1min22. “Whatever Happened To The Million Head Collide?” est symbolique de ce qu’est Hobo Rocket : un opus de power rock psyché qui n’est pas sans effets dantesques. Il est certain qu’il ne faudra pas avoir peur d’aborder l’écoute de titres prétentieux.
  • Xanman : “Xanman” est le genre de titre très catchy qui suscite toujours quelques craintes. Si “Xanman” est parfois un poil trop pompeux, Pond y enchaine les boucles psychés avec une facilité déconcertante. La belle reprise à 3min30 et les boucles qui naissent à 4min45 font de ce titre un indispensable de l’album. “Xanman” démontre à quel point Hobo Rocket appuie avec insistance sur la wah-wah. Il s’agit sans conteste du titre avec lequel on peut avoir le plus de mal, mais aussi de celui qui gagne le plus en popularité au fil des écoutes.
  • O Dharma : “O Dharma”  est un titre à part, tantôt très convaincant, tantôt un peu plat. La guitare qui apparaît à la troisième minute est plaisante, tout comme l’interlude fleuri qui s’ensuit. La dernière minute est quant à elle bien sexy.
  • Aloneaflameaflower : Voilà le meilleur titre de l’opus (avec “Midnight Mass” ?). “Aloneaflameaflower” allie tous les éléments que l’on peut attendre de Pond : une musique créative, psychédélique, qui ose dépasser les frontières que se fixent les autres groupes, quelque chose de plus grand et qui ne se soucie pas de son image. “Aloneaflameaflower” renait mille fois de ses cendres. Toute la puissance qu’est capable de dégager le groupe apparaît à travers quatre minutes d’une noirceur absolue.
  • Giant Tortoise (ici) : Nous connaissions déjà ce titre depuis février et sa puissance demeure identique. C’est à 1min20 que l’on comprend qu’il s’agit d’une pièce inusuelle. Le son de plusieurs guitares crissent et procurent alors de très fortes sensations. C’est TRÈS, TRÈS grand. Comme Pond sait si bien le faire, le final est une pièce maîtresse de psychédélisme. L’arrivée en fanfare de la batterie accompagnée de son fuzz Pondien fait de ce titre une composition que l’on n’oubliera pas de si tôt. Le final donne à Hobo Rocket ses plus grandes secondes. 
  • Hobo Rocket : Les avis seront partagés, mais je ne crois vraiment pas que poser la voix de Cowboy John sur la musique de Pond soit du meilleur effet. Ce titre est le seul qui soit véritablement en deçà du niveau des autres. 
  • Midnight Mass (At The Market Street Payphone) : Le titre le plus noir de l’opus, pour un final exceptionnel. L’introduction rappelle l’atmosphère qui régnait sur Beard, Wives, Denim. Midnight Mass (At The Market Street Payphone)” ne fait pas dans la demi-mesure : les sonorités jaillissent de toute part, Pond met les pleins turbos avant de relâcher la pression. Difficile de résister à la puissance qu’emmène la batterie. L’album se conclut sur une touche d’espoir, le ciel laissant enfin apparaître la grisaille d’un renouveau.

En somme, le nom de l’opus est parfaitement trouvé. Pond délivre là une véritable arme de destruction, un album qui passe en force. Dieu que cet opus est noir. La quasi-intégralité des titres donne à Hobo Rocket un aspect opaque qui a le charme de la nouveauté. Après la parfaite maîtrise d’une musique cocaïnée sur Beard, Wives, Denim, Pond poursuit la psychose avec un bel album.

Hobo Rocket avait pourtant de quoi inquiéter. 2013 a non seulement vu les plus grands artistes délivrés des albums catastrophiques, mais en plus, Pond avait annoncé la sortie d’un album bien meilleur que les précédents. L’ambition de nos Australiens aura finalement donné lieu à un opus que beaucoup prendront comme trop démonstratif alors qu’il recèle en réalité de mille merveilles d’une infinie subtilité.

(mp3)
Pond – Aloneaflameaflower

(mp3)
Pond – Midnight Mass (At The Market Street Payphone)

Note : 8,4 / 10 (barème)

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Article sur l’extraordinaire session KEXP du groupe

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