Le 25 septembre dernier, Idles faisait paraître son troisième LP, Ultra Mono. Il s’agit de son meilleur essai. Il y aurait donc beaucoup à dire sur la musique qu’il contient, l’album est bourré d’excellentes idées et d’explosions à tout va. Je préfère vous laisser le plaisir de la découverte. Ce que je veux faire, en revanche, c’est parler de trois sujets qui me semblent ressortir clairement de son univers, et d’autant plus sur Ultra Mono.

War rock

Le premier de ces sujets, c’est le war rock. On connaissait le war punk des Fugazi et autres groupes straight edge, Idles, lui, se fait le fer-de-lance du war rock. Qu’est-ce donc ? Le war rock, s’il m’est permis de la “théoriser” ainsi, c’est un rock en colère mais qui véhicule un message de paix. Le war rock est l’enfant de la stratégie de l’intimidation, fidèle aux enseignements de Sun Tzu : avec Ultra Mono, Idles veut effrayer tout ceux qui comptent marcher sur les valeurs de démocratie et de bienséance. Plutôt que de le dire en folk, et de se montrer faible face à l’oppresseur, Idles montre les crocs. Ne comptez pas sur lui pour reculer lorsque viendra le moment de l’affrontement.

Finalement, le war rock, comme le war punk, découle d’un vieux constat de la philosophie politique. C’était Adam Smith qui en parlait le premier : on veut que nos amis aiment les mêmes choses que nous, mais surtout, on veut qu’ils détestent ce que l’on déteste aussi. Idles l’a bien compris, et il dédie ainsi l’ensemble de sa discographie à dénoncer ce qui lui exècre, ici, les violences sexuelles (“Ne Touche Pas Moi“), la guerre (“War“), les politiques anti-pauvres (“Anxiety“), et j’en passe.

Civil liberties vs Good punk rock

Le deuxième sujet est vieux comme le monde, ou à tout le moins, vieux comme le punk (fin 60s, donc). Alors que les indices de démocratie ne cessent de baisser, et que la règle de droit n’en finit pas de reculer depuis 2015 (source), la scène punk connait un nouvel élan. Pourquoi cela ? Précisément parce que le punk est construit sur un schéma d’opposition, et que rien ne fédère mieux que les grands mouvements anti ou pro-démocratie, anti ou pro-humanistes… Les punks ont très souvent étaient du côté libéral (au sens américain), et Idles se fait ainsi le porte-parole des nouvelles générations révoltées plus que désabusées. Il est, en ce sens, plus américain que beaucoup.

Working class hero

Le troisième et dernier point, c’est la prédominance de la thématique industrielle dans sa musique, dans ses paroles, dans l’ensemble de son univers. Idles a toujours repris beaucoup des codes de la classe ouvrière (des blue jeans jusqu’aux paroles anti-capitalistes), mais voilà qu’il en rajoute une couche au moyen d’Ultra Mono (voir “Reign“). Le clip de “A Hymn” ne pourrait mieux l’illustrer. Sa musique est grise, brumeuse et épaisse. Les sons cognent comme des coups de marteau sur du fer incandescent. Ouais, incandescent, c’est le mot qui résume le mieux cet album, je trouve. Idles est en cela plus anglais que les baroudeurs de Manchester à l’accent cockney. Arctic Monkeys avait commencé à endosser ce rôle, mais il a depuis déserté pour aller s’enfiler des rails de cocaïne sur les seins d’escort girls. Idles, c’est le nouveau Working Class Hero.

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