Anachronique : Chris Darrow (Country Folk)

 

Chris Darrow, c’est un artiste originaire de Dakota du Sud qui a fait les beaux jours de la musique country. En autre. Après avoir joué dans plusieurs groupes, Chris Darrow s’est consacré à une carrière solo lancée par son album Artist Proof (1972). Initialement paru sur Fantasy, il a été réédité par Drag City 40 ans plus tard, au grand plaisir des amateurs de la scène country folk à la Burrito Brothers. Il faut dire que Chris Darrow avait sorti l’artillerie lourde, se faisant accompagner du légendaire Cy Coben, de Dave Mattacks (“best folk drummer in UK“) et Clive Chaman (qui a aussi collaboré avec Jeff Beck). Il en ressort un album qui est non seulement un beau témoignage de l’époque, mais aussi, l’occasion parfaite de se convaincre que la country a encore beaucoup à nous donner.
Parfois, un seul morceau suffit à l’écriture d’un article. C’est le cas de “Beware Of Time“, premier titre de cet album qui est déjà une démonstration de ce que la folk peut délivrer de plus doux. Ecouter Chris Darrow, c’est un peu comme accepter un filtre sur le monde entourant, les couleurs sont plus chaudes et le dôme est plus accueillant. “Lovers Sleep Abed Tonight“, le petit second, est assurément mélo, surement est-ce l’influence de Van Morrison.
Shawnee Moon“, c’est la véritable introduction de la country sur cet album. Ce morceau de Chris Darrow brille par son excellente ligne de basse qui renforce la tiédeur du chorus. “Move On Down The Line” est du même calibre, romanesque, quelque chose pour les tendres. Et ce sont les titres à l’image de “Song For Steven” qui participent de faire de cet album une oeuvre plus complexe que la simple représentation d’un genre. Les fantômes de Bert Jansch et Nick Drake semblent s’être accordés sur une dance.

 

Cocaine Lil“, c’est tout le cheesy que la country sait délivrer, ce pour quoi on aime ce genre qui ne s’est jamais pris au sérieux. Et si l’on considère, une fois encore, que le rock’n’roll est question de rire, on retombe alors sur ce que me confiait Bret Easton Ellis : “tu dois écouter de la country pour trouver des gens qui écrivent de bonnes chansons de pop ou de rock aujourd’hui, mais ça, c’est une autre histoire“. “Alligator Man” remplit pour sa part toutes les cases du genre tandis que “Keep On Trying” est le fameux titre des regrets, il en faut un pour les mélancoliques que ce genre attire.

 

New Zoot” participe de donner à Chris Darrow ses lettres de noblesse, parce que l’on y comprend ce qui fait de lui un pionnier du country sixties. Et ce sont les morceaux à l’image de “The Show Must Go On” qui attire le plus ma sympathie, cette country lyrique et tendre. “The Sky Is Not Blue Today” – mais de quelle couleur est-il ? – force à prendre un peu de recul sur cet album qui marque son temps. C’est un peu soupeux – pour ne pas dire mielleux – mais c’est aussi ce que l’on veut avec ce genre d’albums, j’imagine. “We Can Both Learn To Say I Love You“, enfin, fait de nous le témoin d’une demande en mariage à ce point fleur bleue qu’elle en devient violette.

Au final, Artist Proof est un album complet qui brosse beaucoup des sous-genres de la country folk, pour le meilleur, toujours pour le meilleur. Cet LP ne convertira pas les masses à la vieille musique américaine, mais elle donnera un peu de baume au coeur à Natural Child tous ceux qui, un jour, se sont permis une larme en écoutant Buck Owens et Van Morrison.

(mp3) Chris Darrow – Beware Of Time (1972)
(mp3) Chris Darrow – Cocaine Lil (1972)

Tracklist : Artist Proof (LP, Fantasy, 1972)
1. Beware Of Time
2. Lovers Sleep Abed Tonight
3. Shawnee Moon
4. Move On Down The Line
5. Song For Steven
6. Cocaine Lil
7. Alligator Man
8. Keep On Trying
9. New Zoot
10. The Show Must Go On
11. The Sky Is Not Blue Today
12. We Can Both Learn To Say I Love You

Liens :
Article sur Van Morrison
Article sur les Flyin’ Burrito Brothers

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