Boise Noise : post-punk dansant et désabusé

Boise Noise, c’est le groupe de très jeunes artistes originaires de Chicago. Permagrin, son premier album, est sorti à la fin de l’année 2016 et si j’ai un temps hésité à vous le présenter, il me semble désormais évident de le faire. Disons-le d’entrée, Boise Noise n’a pas derrière lui toute la machine susceptible de rendre les groupes connus : labels, photographes à la cool, le réseau qui permet de jouer dans les bonnes salles de concert… Ouais, mais Boise Noise c’est un projet qui étonne – notamment – par sa maturité et qui me semble ainsi mériter notre attention. Empruntant à quelques groupes des années ’80, il fait dans une sorte de pop mélancolique proche du post-punk – bien que cette étiquette veuille tout et rien dire – qui le rend si particulier dans la ville de Buddy Guy.

Bubye” débute sur des bases analogico-électronique qui étonnent. Boise Noise nous abreuve immédiatement d’une musique à la fois joyeuse et spleenétique, c’est sa force. Et puis, Calvin Johnson ne renierait pas cette façon de placer sa voix. Le refrain n’est pas aussi prometteur que l’on pouvait l’attendre, mais voilà qui est déjà très bon.

Going Out” place la barre plus haut dans un tout autre exercice qui me fait étrangement penser à Orange Juice. Peut-être est-ce le côté faussement dansant de ce morceau, ou la façon qu’a la batterie de reprendre les codes du jazz, toujours est-il que ce titre est singulier et réussi. Vient alors “Macky“, probablement le titre le plus “indie pop” de cet EP. La guitare prend des airs de jangle pop pour nous conduire sur les terrains du début 2000′. Il y a aussi un peu de surf qui rajoute à l’efficacité de l’ensemble. Une fois encore, quelle maitrise de la part d’un groupe si jeune !
Beach” attaque la deuxième moitié de cet album. Les airs de Future Islands sont toujours là (voir la vidéo ci-dessus), et toujours ce petit surf qui vient nous rappeler une volonté de contraster avec la morosité recherchée du chanteur. Le titre aurait gagné à être prolongé pendant 1 minute ou 2, mais ne boudons pas notre plaisir. “Crying” ajoute à son tour un esprit dream pop que Boise Noise accompagne d’une guitare plus crunchy qu’à l’habitude. Les contradictions sont nombreuses et font de Permagrin une oeuvre artistique aboutie. “Sand Dreams” clôt la journée sur un brin plus de rock’n’roll. 

Au final, Permagrin est un très bon EP, un peu à contretemps des styles “cool” du moment, aussi à contretemps de ce qui fait le socle de la ville de Chicago. Boise Noise a des velléités à nous faire danser sur la base d’un post-punk qui est rarement aussi bon que lorsqu’il embrasse l’esprit eighties qui l’a constitué. Je ne doute pas que ce groupe soit capable de très belles choses dans les mois à venir, il y a une voix spleenétique profonde, une instru’ bien pensée et des mélodies séduisantes. Je reparlerai de Boise Noise dès qu’il sera possible de le faire.
Tracklist

1. Bubye
2. Going Out
3. Macky
4. Beach
5. Crying
6. Sand Dreams

Liens :
Article sur Orange Juice
Article sur The Homosexuals

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