WORLD PREMIERE: Paul Jacobs – I’m Into What You’re Into (Garage Rock)

(© Chloé Gassian)

Paul Jacobs est un artiste canadien sur lequel Still in Rock a déjà écrit de nombreuses fois. Il se hissait déjà à la 8ème place des meilleurs LPs de 2014 (lien), occupant ainsi une bonne partie de nos écoutes garage. Good news, Paul Jacobs est de retour. Le mieux ? Still in Rock a tout plein d’info à vous livrer en exclu.
La première info, c’est que Paul Jacobs va faire paraître son nouvel album… demain, via Danger Collective Records. Intitulé I’m Into What You’re Into, il sera composé de 12 morceaux, toujours dans un style garage rock, mais plus sombre que ceux que nous connaissons déjà. Ces titres-là sont brutaux, ils semblent souvent être l’œuvre d’une âme dérangée, à la façon d’Alexander Skip Spence, Malcolm Mooney ou d’un Lux Interior, bien que dans un style tout à fait différent.

La deuxième info à vous livrer en exclusivité est son dernier clip. On le sait, Paul Jacobs a toujours eu un lien très particulier à l’image. Musicien et dessinateur, ala Crumb, il avait déjà demandé l’aide d’Attic Video pour réaliser le clip de “Waiting For The Grave“. C’était fort réussi. Cette fois-ci, Paul Jacobs a décidé de mettre ses propres dessins à l’honneur, et ça fonctionne parfaitement. Alors qu’il a déjà dévoilé la vidéo de son morceau self-titled (lien), voici en exclusivité interplanétaire la vidéo de son premier single, “America“. 
Plus punk que la plupart de ses morceaux précédents, il se tourne d’avantage vers la scène de Washington des années ’90, délaissant ainsi la pop new-yorkaise avec laquelle il flirtait parfois. Le titre est tout aussi court qu’il est explosif. S’il est difficile de rentrer dans le vif du sujet après la première écoute, on se rend rapidement compte qu’une écoute répétée permet de traverser Paris à vélo en 15 minutes à peine. Paul Jacobs promet donc de belles choses. Ce premier morceau, sorte d’Amérique de Donald Trump sous acide, a le mérite de nous éclairer sur ce que contient son LP.

(14 heures de travail, quand même)

La troisième information, c’est le FULL STREAM de l’album, cette fois-ci, en exclusivité inter-galactique. Cliquez sur chacun des titres et laissez vos tympans jouir de l’instant. La playlist est toujours privée, mais Still in Rock a obtenu l’autorisation de la partager avec vous (ça, c’est pour le côté reportaire sans frontière). Et puis, tant qu’à faire, voici l’album review. Ouais, aujourd’hui, c’est jour de fête. Alors alors, que contient cette petite merveille ?
L’album est introduit par “I’m Into What You’re Into. Premier constat, la production est excellente. Deuxième constat : Paul Jacbos ne nous trahit pas. Troisième constant : ce morceau est déjà un hit, un petit slogan dont on se souviendra longtemps. Suit “Human Emotion” qui marque une rupture avec le son de son précédent LP. Bien que son aspect D.I.Y. et mid-fi reprenne les codes que la scène empreinte régulièrement, Paul Jacobs ne cherche pas à tout exploser sur son passage. 
Trapped Inside” laisse paraître la véritable substance de cet LP : nerveuse et plus grave que celle de ses essais de 2014 qui étaient plus skateurs dans une fête foraine. Ce coup-ci, la nuit est tombée et le film de skate se transforme en film de série B. “How Did You Find Out” perpétue cette ambiance façon Zombieland pas drôle. Une fois encore, c’est un nouveau Paul Jacobs qui se montre à nous. Les termes de contrôle et de maitrise apparaissent pour la première fois. 


Je ne présente pas “America” qui fait l’objet de la vidéo qui illustre cet article. Notons simplement que les voix se multiplient, peut être serait-on en fait coincé dans l’Armée des 12 singes ?! Paul Jacobs alterne une fois encore avec “Sleeping In“, prenant le temps de délivrer un titre plus fouillé que les autres. La différence entre le son de ce morceau et celui de ses premières démos est flagrante. Paul Jacobs a étoffé son instru’ au point de faire douter qu’il soit le one man band d’un mec où il serait qu’un dans sa tête. Peut-être Hermann Hesse a-t-il encore raison, peut-être ne sommes-nous pas UN mais une multitude de personnalité qui s’entrechoquent en permanence, et peut-être Paul Jacobs en fait-il le meilleur usage. Notons à ce titre qu’il s’entoure désormais d’un full band, ça a son importance (en live, cela va sans dire).
Stages For You” est une drôle de partition. Elle est rythmée mais qui n’en demeure pas moins difficile, du Country Teasers en puissance. “Under The Stairs” se la joue plus post-apocalyptique, v’la Casper mais avec une guitare autour du cou. Paul Jacbos délivre sa voix la plus fantomatique et le final est probablement le plus psychédélique de tous, c’est fort, c’est très fort.

Beautiful” aurait tendance à nous rappeler certaines de ses montées en puissance, on pense notamment à “Sharp Dress“. C’est, en somme, du Paul Jacbos tout craché. L’artiste prouve qu’il vient d’ancrer son identité dans la scène gargae, s’éloignant encore du “son” Ty Segall (s’il est possible d’en définir un seul) qui caractérisait Do It Again. “Stay At Home“, pour sa part, est encore plus noisy, un brin plus Paul Jacobs encore. 

Lorsque arrive, “Come Along“, l’avant-dernier morceau, on se dit que l’on est au bout de nos surprises. Pourtant, force est de reconnaître que l’on n’avait pas vu arriver une petite balade tropicale, le vrai titre de surfer façon early Tomorrows Tulips. Et puis, il fallait remettre les pendules à l’heure, ce que fait “With My Friends” avec sa garage pop qui prouve une dernière fois que les ghosts pas beau, et ben, ce sont quand même nos amis.

Au final, Paul Jacbos enrichit sa discographie d’un album fort bien abouti. Le passage du format de one man band, aussi génial soit-il, à celui de full band lui donne la liberté nécessaire à encore plus d’expérimentation, se délivrant ainsi des codes d’un garage rock plus classique. Cela faisait un moment que l’idée occupait Paul Jacobs, lui qui m’avait récemment confié à l’occasion d’une interview (lien) que si l’idée de former un groupe l’avait toujours refroidi, il venait récemment de changer d’avis. C’est surement pour le mieux.

Mais que l’on se rassure, Paul Jacobs est toujours le trublion dont la scène canadienne a besoin. Sa musique n’en demeure pas moins centrée sur le thème de la mort, un sujet qu’il a toujours affectionné. Et puis, comme je l’ai mentionné un peu plus haut, cet EP lui attribue une identité sonore plus singulière. Paul Jacobs se distancie de l’ensemble des autres groupes de la scène, au bénéfice d’une image qui lui est désormais propre. Surement est-ce LE statement de cet LP. Adieu les comparaisons à gogo, bienvenue à la reconnaissance et au plagiat des formations moins inspirées. Et pour conclure cet article, relevons qu’il se dit déjà que Paul Jacobs serait déjà sur le point de finir un autre LP. Ouais, ça sent sacrément bon tout ça. 

(mp3) Paul Jacobs – America
(mp3) Paul Jacobs – Beautiful

Album Review de Do It Again
Article sur la discographie de Paul Jacobs

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