LP Review : Sunflower Bean – Human Ceremony (Indie Rock)

Sunflower Bean est l’une des grandes stars montantes de la scène rock. Pourquoi ? Parce que sa musique fait mieux que Courtney Barnett en studio et traîne sur les terrains du stoner en live. Parce que, aussi, son leader a le physique qui va bien, eh oui, ça aide. Si je dis ça, c’est que j’ai j’avais volontairement mis l’une des photos les plus suggestives de Julia Cumming en illustration de cet article, pour voir. On sort, quoi qu’il arrive, de ce que décrivait Total Slacker dans notre interview, quelque chose du style “il suffit d’être beau et bien habillé pour vendre des albums”. Cette affirmation ne saurait être plus vraie, mais avec Sunflower, on ajoute également une musique de haut vol à l’équation. 
Une fois cela dit, il n’est pas prévu que Still in Rock se transforme en salon de beauté. Et puis, je crois en réalité que le fait que Julia Cumming ait travaillé avec Hedi Slimane (YSL) ne peut que desservir le groupe que l’on suspectera toujours d’être (re)connu pour d’autres raisons que sa musique, preuve en est, l’introduction volontairement contentieuse de cet article. 
Passons. Sunflower Bean vient de faire paraître son premier album solo, Human Ceremony, le 6 février dernier via Fat Possum. Onze titres le composent et la tendance est au noir. “Human Ceremony“, le tout premier, est à mi-chemin entre de nombreux styles musicaux, de la breeze pop (la guitare), de la pop spectrale pour les voix rêveuses et la batterie semble emprunter au jazz son rythme envoutant. C’est déjà excellent. “Come On” vient immédiatement forcer l’ambiance sur un titre plus rock’n’roll. Le final cogne plus fort, direction “2013“. Ce titre-là, l’un des singles que nous connaissions déjà, a des allures proches des Courtneys. La douceur de la voix de Julia Cumming contraste avec l’allégresse à ce son qui se veut parfois grungy. “Easier Said” renoue avec le titre introductif à la façon de Real Estate. J’y suis moins sensible, parce que moins Sunflower Bean en ce sens que trop de références nous viennent en tête. 

This Kind of Feeling“, c’est exactement ce que l’on attend du groupe. Ce morceau embarque avec lui des reflets de Riot grrrl alors qu’il délivre une pop indéniablement sensuelle, ponctuée par un final plus rageur. Le groupe est à son meilleur lorsqu’il laisse exploser plus d’animalité, lorsque le son est le moins contrôlé. “I Was Home” adresse cela à la perfection, sa deuxième moitié est une petite merveille où la guitare trouve des jams à la King Gizzard. C’est inventif et efficace, que demander de plus.


Creation Myth” est clairement shoegaze, c’est du Galaxie 500 puissance 10 (oui, ça fait donc Galaxie 5000). Une fois encore, on trouve à mon sens plus de plaisir lorsque Sunflower tire du côté plus grungy/punk/rebèle de “Wall Watcher“, le genre de morceau taillé pour énergiser un set. “I Want You To Give Me Enough Time” alterne, une fois de plus, avec plus de lenteur. C’est l’un des seuls défauts majeurs de l’album, la tracklist est drôlement pensée, alors que l’on se réchauffe sur des riffs métalliques, Sunflower nous pose sur un bateau au milieu de la mer. Peut-être aurait-il fallu compartimenter les morceaux différemment, chacun avec ses pairs, histoire de créer une continuité plus envoutante. “Oh, I Just Don’t Know” a l’avantage de ne pas casser le rythme (écoutez la production, un modèle), mais c’est “Space Exploration Disaster” que nous attendons avec impatience. Ce dernier morceau à l’explosivité de Post Animal. Sunflower s’en va du côté dronesque du rock’n’roll, une belle conclusion.

Au final, rien ne fait plus plaisir que lorsqu’un groupe qui a tant de potentiel parvient à l’exploiter si pleinement. Human Ceremony est un très bon album, un de ceux qui marqueront 2016. Non seulement la production de l’album est irréprochable, mais en plus, il prend le temps d’explorer plusieurs styles avec la cohérence des LPs que l’on aime. Et puis, quelques morceaux viennent exploser les compteurs, c’est tout ce que l’on attend d’un album qui impose sa marque. On se dit alors que l’aventure ne fait que débuter, et lorsque l’on connaît les attirances stoner qu’a le groupe pour les lives, il ne fait aucun doute que Julia Cumming ait le potentiel des grands. Espérons qu’elle poursuive sur la voie underground. Espérons.

Liens afférents :

Post a comment

Your email address will not be published. Required fields are marked *