Album Review : Wavves
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FRENCH version
English below
La Californie est enfin de retour, Wavves est enfin de retour. V est le… cinquième album studio de Wavves. Il est, surtout, le digne successeur de Afraid of Heights, son excellent album paru en 2013 (que nous classions à la place 3ème meilleure place de l’année).
Seulement, cette musique contient aussi quelque chose de particulièrement universel. On se retrouve confronté à la notion d’inconscient collectif (salut Jung, c’est cool le punk hein ?) : et si la musique de Wavves avait cette capacité à nous raccrocher à la partie commune de notre adolescence ? Et si Wavves avait trouvé comment faire ressurgir ces vielles sensations de nos 15-18. La musique de Wavves est particulièrement forte en ce qu’elle ne nous projette pas une idée plaquée de l’adolescence comme peut le faire Fidlar, mais en ce qu’elle nous laisse nous rappeler ce qui a constitué la notre. Avec V, Wavves perpétue ainsi le travail commencé avec King of the Beach il y a 5 ans déjà. On se rappelle nos premières soirées cool, nos premières tenues cool, nos premières réflexions cool, nos premières révoltes à la cool, ou du moins, tout ce que l’on croyait l’être.
Les grandes œuvres parlent “pour un individu spécifique, pour un autre, pour chacun”. L’idéal de V est justement fondamentalement supra-individuel, parce qu’il rattache chacun d’entre nous à une période de nos vies. Certains ont par ailleurs défendu que “l’art caractéristique est le seul art véritable”. Je profite de cette critique pour présenter mon désaccord de fond avec cette idée selon laquelle seul l’art qui est profondément ancré dans son époque et dans son espace soit véritable. A son échelle, Wavves participe de prouver que c’est l’universel d’une création qui en fait sa beauté. Tous les grands chefs d’œuvre n’ont pas une patrie (n’est-ce pas), au contraire, ils sont extirpés de leur environnement direct. V le prouve mainte fois, sans aucun doute.
V est super fun, plein de punchlines, de refrains entêtants et de souvenirs rêveurs. La most invincible joke in history dont parlait Lester Bangs trouve ici une véritable traduction. Cet album ne prend rien au sérieux, il est là pour nous donner le sourire et l’adrénaline que l’on recherche constamment.
Pourtant, il serait faux de décrire Nathan Williams comme un simple slacker de San Francisco. Non seulement ses mélodies sont recherchées, mais en plus, Wavves fait part d’un sens du détail que peu d’albums à l’esprit punk font apparaître. On se rend compte, à réécouter King of the Beach, que le son y était bien plus linéaire. V fait partie de ces albums qui révèlent toute l’importance d’un excellent travail studio. Entre lo-fi (véritable) et hi-hi sophistiqué mon cœur balance, une chose est sur, du mid-fi ou hi-fi mal foutu ne vaut assurément pas la peine.
Le premier morceau, “Heavy Metal Detox“, annonce d’entrée la couleur : Wavves est en détox des sons super noirs et caverneux de son album Wavvves. La cure a commencé avec King of the Beach, et depuis lors, Wavves tend de plus en plus vers la pop. Son attitude punk se retrouve collée à cet univers plus fidèle à celui de sa moitié, Best Coast. Le pari est réussi, sa musique ne sonne comme aucune autre, parce que plus détachée et plus artistique que toute celle de ces groupes à la American Pie, et parce que plus enjouée que celle de la scène punk anglaise et/ou de Washington D.C.
“Way Too Much” restera comme LE single de l’été 2015 (avec Kurt Vile, alright). Quelques semaines plus tard, son intensité n’a fait que se renforcer. Comme tous les meilleurs morceaux du groupe, il parvient à allier catchy et longévité, une formule (très/trop) secrète bien gardée. Ce titre est probablement celui le plus slacker de l’album (I’ve been drinking way too much). Je rappelle ici la petite histoire qui se cache derrière cet album. En juillet, Nathan Williams a publié le premier single du dernier album de Wavves, “Way Too Much“. Cela a fortement déplu à son label, Warner qui lui a demandé de le retirer des plateformes d’écoute. Nathan a rétorqué que non seulement il conserverait son titre en ligne, mais qu’en plus il diffuserait gratuitement l’intégralité de son prochain album si Warner ne calmait pas ses ardeurs, tout Major qu’il soit. Nathan en a profité pour dénoncer les méthodes de ce label qui, après une seule écoute de l’album, a proposé de multiples modifications afin de façonner les titres à son goût.
“My Head Hurts” n’est pas là pour réduire l’intensité du numéro V. Quant à “Redlead“, il est probablement le titre le mieux produit de tout l’album. Ce dernier ressuscite les vieux fantômes (et leur hoverboard) de King of the Beach. La guitare de Wavves y est déchirante, le soleil commence à tomber sur Santa Ana Skatepark et le rythme accélère encore.
Au final, le travail de Cian Riordan au mastering se fait ressentir : la touche pop de son producteur est bel et bien là. Mais surtout, V est l’occasion du retour de Dennis Herring comme chef de projet, lui qui avait déjà bossé sur King of the Beach et, accessoirement, avec les Hives, Elvis Costello… Peut-être là se faire la différence avec Fidlar & co qui sont tous deux crans en dessous. Le côté slacker de Wavves ne prend pas le dessus sur sa musique, et c’est appréciable.
V est relativement facile à décrypter : tous les morceaux sont des hits. Wavves vient de réaliser l’exploit de délivrer 24 morceaux d’exception, sans aucun discontinu (13 de Afraid of Height + 11 de V). Quels sont les autres artistes qui ont fait de même récemment ? Kurt Vile, Ty Segall, Mac Demarco, Naomi Punk et Total Slacker ? Autant dire que l’on vise très haut.
A mon sens, V témoigne une nouvelle fois de “ce qu’était la west-coolitude durant la décennie ’10”. Il suffira d’un ou deux albums du même niveau pour que la décennie soit marquée au fer rouge par le groupe. En attendant, V vient d’exploser une large partie de 2015.
(mp3) Wavves – All The Same
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ENGLISH Version
V is not fundamentally different from Afraid of Heights as it incorporates the same skateboard-punk feeling. It also features a surf music imaginary, though he did not feature any elements of this particular type of music. It is, in short, the most logical continuation of Afraid of Heights. But there is much more to it. Wavves is doing Wavves, and it is harder than it may seem.
An LP from Wavves necessarily includes a lot of pop-punk singles. It also has a good deal of amazing guitar riffs that aim at creating a demonstrative music that some may dislike, just as for the music of Pond. In a certain way, Wavves is part of the MC5 / Blue Cheer tradition.
The music of Wavves also contains something very universal, something close to concept of collective unconscious (hi Jung, punk music is cool isn’t it?). The music of Wavves has indeed this ability to remind us of the common part of our adolescence as if the band manages to bring us back those old feelings of our 15-18. Wavves is particularly great because it does not project us a pre-conceptualized idea of our adolescence, as Fidlar does. With V, Wavves continues the work of King of the Beach. We remember our first cool parties, our first cool outfits, our first cool girlfriends, our first cool feeling of rebellion, or, at least, everything we thought was cool.
Nathan Williams did not over-thought the concept of its album. The leitmotiv is indeed quite simple: have fun. The making of the music must require a substantive work, not its message. Wavves still manages to remain within this framework, creating a music for our Friday nights without falling short on creative ideas.
V is then super fun, full of punchlines, of catchy choruses and dreamy memories. The most invincible joke in history, as Lester Bangs described rock’n’roll, is here well alive. This album takes nothing seriously, it aims at giving us a great smile and the adrenaline that we are constantly looking for.
Yet, it would be wrong to describe Nathan Williams as a simple slacker from San Francisco. Not only his melodies are very well found, but in addition, Wavves conveyed a sense of detail that few punk albums have. We realize, when listening to King of the Beach, that the sound of the band is much less linear today. V is one of those albums that reveal the importance of a good work studio.
The first song, “Heavy Metal Detox“, already sends a clear message: the cavernous sounds of Wavvves is over. Wavves has gone towards more pop music, and it succeeds at making it better this way. His music sounds like no other, way cooler than the one of these American Pie’s bands, and more cheerful than the English/Washington D.C. punk scene.
“Way Too Much” will be remembered as THE single of our last summer. A few weeks later, its intensity has only increased. Like all the best hits, he manages to combine a catchy feeling with great durability, a formula (way too) secret. This track is probably the most slacker of the entire album (“I’ve been drinking way too much”). And let me here recall you the story behind this album. In July, Nathan Williams published the first single, “Way Too Much“. It infuriated his label and Warner asked him to remove it from the listening platforms. Nathan replied that not only he would maintain his track online, but also that it would broadcast the entire album for free if Warner did not calm down. Rock’n’roll!
Then comes the third piece, “Pony“, with its perfect production. “It gets better, it better” stands out as one of the best punchlines of V. We understand here that the all album is about a a break-up (as for the last Mac DeMarco, Kurt Vile and Shannon & The Clams). “All The Same” is feigning indifference, “My Head Hurts” maintains the intensity of the number V and “Redlead” probably features the best mastering of the whole album. This track waken the ghosts of King of the Beach. Wavves’ guitar is heartbreaking, the sun begins to fall on Santa Ana skatepark and the pace is accelerating.
“Heart Attack” is pleading allegiance to the beloved one. The use of the acoustic guitar (played as electronic one, ala Ty Segall) is super well done, and Nathan Williams leads the song with his voice on two tracks, the usual trade name of Wavves. Then comes the great chorus of “Flamezesz“. “Wait” is a bit different, which makes the richness of V. For the first time, the voice of Nathan Williams crushes the rest of the orchestration. The pace remains homogeneous, and yet manages to infuse something still very captivating.
“Tarantula” could have been the biggest single of the entire album. I am already very curious to read good arguments (if any) about why a rock’n’roll lover would not immediately fall madly in love with this piece. “Cry Baby” is the latest, also the most nervous of the whole album. Wavves crosses the limit, it is bold, super punk and super trash. Radical. 20/20.
The work of Cian Riordan is quite obvious: this pop producer knows how to make it good. But above all, V enshrines the comeback of Dennis Herring as project manager, him who had previously worked on King of the Beach and, incidentally, The Hives and Elvis Costello… Here lies another difference with Fidlar & co… The slacker side of Wavves does not overcome the rest of music, and it is very appreciable.
V is relatively easy to analyze: all songs are hits. Wavves just achieved to deliver 24 super great pieces of music (13 from Afraid of Heights + 11 from V). Which other artists have done the same recently? Well, Kurt Vile, Ty Segall, Mac Demarco, Naomi Punk and Total Slacker, in other words, the greatest names of the world scene…
In my view, V is a further evidence of “what was the West Coast coolness during the ’10 decade.” Wavves only needs to add one or two great albums to his discography to be described as one of the very best bands of the entire decade. Meanwhile, V just exploded a large part of 2015.
Liens afférents :
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