Thurston Moore: 30 minutes instrumentales & post-apocalyptiques

Jamais je n’oublierai mon interview avec Thurston Moore. C’était un dimanche après-midi parisien, en juillet 2016. Nous avions initialement rendez-vous au bar de son hôtel, mais, en dernière minute, il m’avait demandé si j’acceptais finalement de me rendre au studio où il enregistrait un nouvel album. J’avais été frappé par son accueil, sa gentillesse, sa taille, sa voix grave, ses attentions et… sa vision. A l’époque, je tenais déjà Sonic Youth comme l’un des dix meilleurs groupes de l’histoire et cette expérience n’avait fait que renforcer mes impressions.

Dimanche 2 juin 2019, 17h, je reçois un message sur mon téléphone : “hey man, j’ai deux places pour Thurston Moore, il joue demain à OCCII, ça te dit ?”. Pardi ! Me voilà donc embarqué dans une nouvelle soirée Thurston Moore, cette fois-ci, dans une salle de concert d’Amsterdam. Lorsque j’arrive, un groupe est en train de s’essayer au rock expérimental. Je ressors pour aller boire une bière au Vondelpark et, trente minutes plus tard, reviens dans la salle. Thurston Moore se prépare. Le reste est plus mystique que musical. Pete Shelley est à la batterie, un groupe accompagne le duo qu’il forme avec Thurston. Pendant presque deux heures, ils vont délivrer un set instrumental à faire coucher mémé dans le jardin. Des montagnes, qu’ils ont soulevées. Un visuel vient couronner le tout. Je n’aime pas les visuels, ils viennent presque toujours suppléer une musique trop pauvre pour se suffire à elle-même. Ici, c’est magistral. L’expérience est complète, Thurston Moore fait du Sonic Youth sans Kim Gordon, Thurston Moore est un gourou. Voici un extrait vidéo (de 30 minutes) de ce set, ainsi que le mp3 qui va avec. Les possibilités sont infinies.