FAKE NEWS #13: Calendrier de la dissolution des groupes Howlin Banana Records



In a post-truth/post-music critic world, I am so proud, oh yeah, so, so proud to present a new Still in Rock column entitled “Fake News“. Every once in a while, mostly on Fridayzzz, I’ll publish a paper developing an alternative fact/theory in which I am the only one to believe. Only buzz matters so let’s flush what they call “truth” down the toilet. And by the way, Jay Reatard is not dead and Donald Trump listens to his music. Did you know that?

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Calendrier de la dissolution des groupes 
Howlin Banana Records

Paris
12 décembre 2019




Howlin Banana Records (2011 – 2019) est était le meilleur label français. Avant qu’il ne devienne interplanétaire en exploitant TH da Freak, le label s’était fait de nombreuses fois remarquer. Son roaster est était le plus beau de l’hexagone. Il avait le spleen de Volage, le garage 60s de Kaviar Special, le trash de Dusty Mush, le weird d’Anna, la power pop country de Sapin, le cool absolu du Wild Raccoon et j’en passe. Il propulsait ses groupes sur toutes les meilleures scènes de France, dans la presse la plus pointue ainsi qu’à la télé (c’est dire), bref, Howlin Banana Records était (et je le pense, en plus de le dire) le rêve de tout label indépendant.


Seulement voilà, une terrible maladie a commencé à toucher les groupes du label un certain 7 février 2019. Ce jour-là, sans avoir encore compris le virus, Sapin annonçait sa retraite en ces mots :

Bon, OK. Ça faisait quand même sacrément chier, Sapin était le seul groupe au monde à oser jangle pop et chapeau de cowboy, mais bon… OK donc. Et puis, le 11 avril de la même année, les (LE?) Madcaps annonçaient à leur tour l’envie d’en finir (lien). Ah, OK alors ?!


Tout cela cachait le terrible virus désormais identifié sous le nom de “Mortus Howlinatus”. En mai 2019, Wild Raccoon disait vouloir se consacrer à ses vidéos, les membres de Volage se tapaient dessus à un concert un mois plus tard et, juste avant le début de l’été, les Kaviar Special, Anna et Dusty Mush décidaient tous ensemble d’en finir avec la pop pour se consacrer à la création d’une marque de bière. Les TH da Freak annonçaient la fin de leur collaboration en septembre. Les deux frères ne s’étaient pas supportés, non mais quel cliché rock’n’roll ! Le reste du roaster Howlin Banana publiait un communiqué commun en novembre 2019. Le voici en exclusivité intergalactique : 

On voudrait vous faire croire que l’on s’aime beaucoup et que la musique, ça compte, mais tout ça, c’est du pipo. Les années ont passé et l’on s’est rendu compte que notre musique ne servait à rien. L’art ne sert à rien, de toute façon. On a joué des shows dans toutes les caves de France, serré quelques groupies et on a bien bu, trop, en réalité. Seulement, à quoi bon ?

À cette réflexion s’est ajouté notre détestation mutuelle. Notre batteur est un gros feignasse qui reste assis tout le concert et cogne comme un sourd sans jamais parvenir à garder le rythme. Notre bassiste est toujours défoncé, de toute façon, son instru’ ne sert à rien, preuve en est, le type joue les mêmes quatre accords en boucle sur chaque morceau. Notre guitariste se prend pour Iggy Pop avec son (sur)jeu de scène alors qu’il est en réalité incapable de jouer autre chose que les 12 morceaux de notre dernier album. Et moi, chanteur, je souffre du syndrome de l’imposteur. J’écris des textes qui cache à peine ma dépression et je cours toujours après ma putin d’ex, la connasse ! 

Ainsi les groupes Howlin Banana Records ont-ils tous décidé de ranger les guitares. Certains ont depuis monté des projets de musique électronique (vomi) tandis que d’autres ont décidé de ne plus jamais écouter de musique de leur vie. Une poignée d’entre eux ont poursuivi une carrière qui rapporte du fric (ben ouais). Des gosses ont commencé à pulluler. Voilà quel est le cycle de la scène indépendante.

Les groupes se forment et disparaissent après un petit succès d’estime. Cela arrive généralement lorsque… qu’ils se rendent compte. De quoi ? Eh beh, que la musique ne fait plus rien, que ce n’est pas une vie, qu’il faut bien trouver un moyen de mettre de la bouffe sur la table, et puis, que de toute façon, seul un look permet la célébrité. Que Bowie a tout buter en donnant tant d’importance au visuel, que la blank generation des artistes vides mais beaux a gagné, quoi. Le con. Sans avoir quelques clips réalisés par Hedi Slimane et des fringues APC sur le dos, le rock’n’roll et ses sous-genres garage sont cantonnés aux caves françaises. Le Mortus Howlinatus saisit alors les groupes qui, dégoutés, ont finalement La Grande Révélation. Seul problème : le virus opère par vague. Ce qui est arrivé au meilleur label français, l’immense Howlin Banana Records, arrivera à d’autres. Et à Still in Rock, un jour. Fake newz or not, this is your call.


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