Kissing Kontest, la véritable bubblegum américaine



C’est ainsi que se conclut l’année 2018 sur Still in Rock : avec Kissing Kontest. Tout au long de ces derniers mois, Preston Neutrino, un artiste originaire d’Attleboro (Massachusetts, USA) a fait paraître des mini-EPs pour d’exprimer son amour de la musique bubblegum. N’ayant pas ménagé sa peine, il a ainsi fait paraître 8 EPs que voilà ci-dessous. Mais avant de vous jeter sur l’écoute de ces derniers, considérez le message suivant : Kissing Kontest décrit sa musique de sodapop (une référence devenue inavouable à Warm Soda ?), prenons-le donc au pied de la lettre et écoutons sa musique comme de l’art fast-food, quelque chose qui se dévore avec culpabilité, parce que les mélodies sont assenées avec l’insistance d’une publicité pour vendre des jouets de Noël et que la même instru’ est repliquée aux fils des morceaux, un pur produit du capitalisme (de masse, par pour les masses).









Que faut-il donc garder de tout cela ? Je serai tenté de répondre l’intégralité, mais on y trouve en réalité de nombreuses variations qui, sous ce label bubblegum (sodapop), devraient plus ou moins vous donner l’envie d’aller vivre au pays du Grinch. Après tout, voici la liste des influences assumées de Kissing Kontest : “DEVO, My Bloody Valentine, The Apples in stereo, T.Rex, Le Tigre, 1910 Fruitgum Co., Jonathan Richman, Oasis, Helen Love, Brian Eno, Jesus & Mary Chain, Happy Birthday, Redd Kross, Hellogoodbye Siouxsie & the Banshees, Pulp, Ohio Express, The Clean, Ausmuteants, Vampire Weekend, Burnt Ones, Ramones, Denim, The Cure, MGMT, and, of course, Peach Kelli Pop”.


La référence qui manque à la liste est Nobunny. Peut-être aussi Hunx and his Punx. Le premier cité, père moderne de la musique slacker, est trop souvent oublié des anthologies et autres exercices remémoratifs. C’est pourtant ce qui prédomine dès le premier morceau de Kissing Kontest, “GGG“. Le deuxième EP est plus en dedans, le son est super entubé (à la Warm Soda). Et déjà cette ritournelle qui revient. C’est là d’un thème fondateur de la musique de Kissing Kontest. Le carrousel bubblegum est lancé à pleine vitesse. “CSP” me fait un fort effet. Seul devant son ordinateur, Kissing Kontest parvient à faire de sa musique un pendant sucré et croustillant à la musique slacker des Fidlar & co. Lui aussi parle de faire la fête, seulement, on l’imagine seul dans sa chambre, les yeux tristes.

IWB” pour la première fois, joue la carte gay. Comme il n’est pas vraiment garage, je ne peux le qualifier de gayrage sans quelques réserves, mais peut-être que gaysoda lui aurait bien (voir à ce titre le classement des 5 meilleurs albums de gayrage de l’histoire, ici). “DH” est encore plus expressif, on est en plein dans le Hunx and his Punx, l’ordinateur fait la boite à rythmes, la guitare bourdonne et Preston Neutrino se charge de tout le reste avec des voix super bubblegum-ish.

I” raconte l’histoire d’un mec qui veut vraiment un Pepsi, au point d’en devenir fou. C’est l’un des temps forts de la discographie de Kissing Kontest. Spoiler : il finit par se faire interner. A une époque où j’étais obsédé par Hermann Hesse, j’aurai relevé à quel point Kissing Kontest est de ces artistes qui transcende le rire, seule variable qui vaille. À la Mike Krol.
On saute directement à “MS“, un titre plus punk dans l’âme. Les réalisateurs du film Over The Edge, une rébellion adolescente, se sont carrément trompés : ce titre devait composer la bande-son. Quant à “A“, on hésite. Les Dream Machine sont-ils quelque part dans le coin ? Kissing Kontest excelle aux côtés de ce son d’orgue un brin déchainé. Il est plus noisy que jamais sur “JLH“, sa dernière création, et plus efficace que la Reine d’Angleterre devant son téléprompteur à l’occasion de “TVP“.
Kissing Kontest fait partie de ces rares artistes “mode de vie” : à l’écoute de leurs morceaux, on se convainc en 10 secondes à peine de mener une vie désordonnée à n’écouter que de la bubblegum, crasher ses chewing-gum par terre, vomir des churros et vivre des gauffres de la fête foraine du coin. La situation n’est plus tenable. Un label doit rapidement adopter Kissing Kontest avant qu’il ne cause des dégâts trop importants.
Au final, tous ces EPs combinés montent à 16 le nombre de morceaux. C’est la taille d’un (trop) long album. Kissing Kontest gère sa communication comme il se doit. Je le précise parce que sa musique est une excellente nouvelle, un gros statement comme on en avait besoin : la bubblegum est de retour !! 2019 te voilà.










Tracklist
1st Base (1. GGG, 2. DtNA)

2nd Place (1. INNaL, 2. CSP)

3rd Kind (1. IWB, 2. DH)

4th Meal (1. LMDY, 2. I)

5 Second Rule (1. MS, 2. SSS)

6th Sense (1. 6S, 2. PK)

7 Minutes in Heaven (1. LHPTYH 2. A)


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