Shitty Life, c’est un groupe originaire de Parme et Trento (Italie) qui vient de faire paraître un premier scud officiel via Spastic Fantastic Records, label allemand qui, de fait, est déjà excellent. Et pour cause, Shitty Life délivre un garage punk a faire frémir les grands noms de la scène. Ses tags bandcamp disent déjà beaucoup sur ce qui vous attend : budget rock punk chitarrino punk hardcore punk killed by death Parma. Comprenez-là : il y aura du punk, des morts, des sons hardcores façon nineties et probablement un garage sale à ce point que les compiles Killed by Death de 2030 ne pourront faire l’économie de ce groupe. 

Formé en 2015, il y aura fallu trois petites années pour que Shitty Life parvienne à cet album. Et trois années pour faire souffler une telle violence sur la scène italienne… c’est finalement peu. Switch Off Your Head est un excellent album de type obscur des années 70′, d’une époque révolue où les nouveaux amplis rendez complètement fou quiconque allé entrer en studio. Avec cet LP, Shitty Life dynamite un peu notre rentrée. Considérant le faible nombre de groupes italiens de ce calibre, on ne peut que se réjouir de ces 12 morceaux aussi Teenage que Retarded. 

L’introduction est pourtant bonne sans être exceptionnelle. “We’re Dead” est gueulard et probablement hyperactif. C’est un morceau avec qui on aime bien trainer, mais chez qui on ne passerait pas toutes nos soirées. Switch Off My Head“, à l’inverse, est à ce point teenage que l’on ne peut résister à l’envie de quelques inclinaisons. On perd probablement 10 ans à son écoute, ce qui veut dire que si vous en avez 21, cela vous renvoie en 6ème. Et avec “Weirdos“, on comprend tout de la nature de cet album. Ma théorie semble toujours tenir : les 3 premiers morceaux d’un album permettent d’évaluer le style délivré ainsi que la qualité de l’album. La troisième place sur un LP est bâtarde, les groupes ne semblent guère l’apprécier et le titre qui s’y trouve donne ainsi de nombreuses indications.

No Way Back” fonce tellement vite que l’on peine à s’y raccrocher, c’est du punk-une-minute. Et “Neighborhood Watch” de ne pas relâcher la tension. “Stained Coat” non plus d’ailleurs. Shitty Life fait partie de ces groupes qui n’acceptent aucune concession. Comme nous, non ?



SelfDestruction“, c’est l’ultime réussite de cet album, me semble-t-il. Il illustre ce que je développais à l’occasion de la critique du nouvel album de Skegss. Qui dit dumb rock ne dit pas forcément crétins. Shitty Life est suffisamment nerveux pour que son exutoire soit tout aussi bon que ses parties plus reposées. Rappel :

Le crétin se contente de mélodies ensoleillées, il bronze sur la pelouse de son campus (ou de son immeuble) sans se soucier d’exulter son énervement. Le slacker, lui, passe également son temps à bronzer (sur son canapé, dans un basement) aux UV de sa lumière à marijuana, mais lorsque vient le moment, il délivre un rock nerveux qui cri son envie de bière et de pussy and money. Shitty Life semble être prêt à ne se contenter de rien. Skegss, lui, se contente de tout.

Clone Generation” c’est le cri du punk qui gueule sur ses compères – un classique – tandis que l’on en vient à se demander, avec “C.C.T.V.“, si le groupe va continuer longtemps à nous dire à quel point on doit se battre. “Sleepless” est la réponse. Le même rythme revient inlassablement. Shitty Life n’aime pas les variations.
Retard” complète mon propos sur le rejet absolu de tout ce qui semble s’approcher d’un peu de maturité. A-t-on déjà vu des groupes de punk matures de toute façon ? Je reformule : a-t-on déjà vu de bons groupes de punk qui soient matures ? “Inside Outside” conclut sur la même formule fast food de Shitty Life.


Au final, l’album ne démord jamais de ses principes :

    – pas de concessions
    – pas de contentements
    – pas de variations

Le label dit de cet album qu’il balance des grenades punk, et effectivement, Shitty Life balance son punk à la figure de tous ceux qui veulent un peu de retenue. Ce sont les Peter Pan du punk italien. Et nous, nous vivons à Neverland.

Tracklist : Switch Off Your Head (LP, Spastic Fantastic Records, 2018)
1. We’re Dead
2. Switch Off My Head
3. Weirdos
4. No Way Back

5. Neighborhood Watch
6. Stained Coat
7. Self-Destruction
8. Clone Generation
9. C.C.T.V.
10. Sleepless
11. Retard
12. Inside Outside

Liens :
Article sur Bee Bee Sea (italien)
Article sur le groupe Freez (italien aussi)


Post a comment

Your email address will not be published. Required fields are marked *