Chastity, c’est un scud. Ce groupe originaire de Whitby (Ontario) est la dernière trouvaille de Captured Tracks. Il est noisy, hardcore, clivant. Je me souviens avoir demandé à Mike Sniper – le boss de Captured – quelle était la philosophie du label et voici quelle était sa réponse : “Je ne pense pas qu’il y ait vraiment une “philosophie”. À vrai dire, un label qui n’essaie pas de créer une “niche” n’a pas besoin d’une philosophie. On essaie simplement de rester ouvrir d’esprit“, ce qu’il démontre une fois de plus. Si on peut voir quels sont les liens entre Chastity et Perfect Pussy, un autre groupe de CT, on comprend dès les premières secondes que l’univers de Mac DeMarco est très éloigné de celui que nous propose ce nouveau venu. Et c’est très bien ainsi !
Chastity a fait paraître un premier album chez Captured Tracks à la fin de l’année 2016. Il est depuis revenu avec deux singles, “Peroxide” et “Die From My Mind“, mais le coup d’éclat se fait avec ce nouvel EP, Chains, officiellement sorti il y a une semaine. Cinq titres le composent, et quelle explosion ! La musique de Chastity est très opaque – elle rappelle en cela certains Wytches, et le groupe y ajoute quelque chose de nineties, côté Washington D.C. Sortez les battes !

Le disclaimer de cette introduction vous prépare tout juste à “Manning Hill“. Quasi punk, on y retrouve un Chastity une pointe hardcore, sans trop l’être encore. Il faut dire qu’il y a de la pop dans ces deux minutes, et je me pose alors une question qui fera bondir le groupe s’il tombait sur cet article : Jackson Scott n’avait-il pas raison lorsqu’il me confiait que le retour de Nickelback était chose imminente ? 
Vient alors “Chains” qui règle les comptes, la véritable raison d’être de cet article. Oubliez les ténèbres du dernier film d’horreur à la mode, “Chains” est une telle claque qu’il assommerait le diable à grand renfort de petites cuillères. Rares sont les titres d’une telle intensité, Chastity mime la voix de LCD Soundsystem et décolle les tympans avec ses phases expérimentales avant de nous extirper la rétine dans un final qui redéfinira le pogo. Les Fugazi seraient fiers d’un tel déchainement ! 
Il est difficile de s’en remettre, mais fort heureusement, “Flesh” vient dans un nouvel élan nineties – voyez par là – ajouter encore un peu d’emphase. “Institution” calme son monde. On est alors sur de l’hardcore le plus pur. Chastity ne feinte pas un stonegaze mal inspiré, au contraire, il rentre dans la chair comme un boucher sur son bout de gras. Le groupe lobby pour la suppression du mot “modération” du dictionnaire et “Popular Belief” vient porter l’estocade à coup de fusil à pompe. Et de bazooka punk.

Allez coucher vos enfants et cachez vos copines – oui, Chastity est une musique sexuée, biberonnée à la testostérone – il est l’heure de redonner vie à nos rituelles sataniques de l’adolescence. Chastity n’est pas post-hardcore, il est hardcore. Il n’est pas post-war punk, il est war punk. 
Et c’est encore Captured Tracks qui frappe un grand coup, montrant à la scène du monde entier qu’il est capable de sortir le meilleur de différents sub-genres. J’écrivais sur Reptaliens il y a quelques jours à peine – un autre groupe CT qui fait dans la pop pour weirdos – et voilà que l’on se retrouve dans un grange à danser en compagnie d’Annabelle, The Grunge et Hannibal. Il faudra surveiller de très près ce que fera Chastity dans les semaines à venir. A ne pas en douter, un nouvel LP arrivera bientôt, et s’il contient plusieurs morceaux du niveau de “Chains“, le déclenchement de la bombe automatique ne sera pas du fait de D. J. Trump…

(mp3) Chastity – Chains

Tracklist : Chains (EP, Captured Tracks, 2017)
1. Manning Hill
2. Chains
3. Flesh
4. Institution
5. Popular Belief

Liens :
Interview avec Captured Tracks
Article sur l’album hardcore de Perfect Pussy

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