Hoorsees, c’est le projet solo d’Alexin du groupe Dr Chan – pour lequel il compose également les titres en solo. Il avait déjà fait paraître un EP sous ce nom en janvier 2017 et le revoilà déjà à la charge avec The Horror Sees, trois morceaux toujours autant spleenétiques qu’ils sont réussis. Si le titre de cet article est pompeux, la musique de Hoorsees ne l’est donc pas… pompeuse…
The Horror Sees“, le premier titre, est une excellente introduction à ce qu’est Hoorsees à la scène de 2017. Il y a ce que l’on voit et entend, c’est la musique garage pop avec cette production mid-fi qui rappelle le très bon LP de Peacers, et puis il y a ce que l’on ne perçoit pas avant plusieurs écoutes, des paroles qui nous bercent tranquillement dans le marasme nébuleux digne de Twin Peaks. Il y a ce que Hoorsees nous jette à la figure – sa maitrise mélodique – et puis il y a le regard de Laura Palmer qui se cache dans le noir. 
Crackhead” semble prendre des allures de balades pour les vieux romantiques qui n’ont jamais décollé des années ’80. Tout l’intérêt de ce morceau se cache dans la dernière minute qui est parfaitement amazing (à prononcer avec un accès new-yorkais à la con) : alors que n’importe quel autre groupe se serait contenté de quelques boucles en dégression, Hoorsees rentre dans une phase quasi psychédélique qui va bien au-delà des structures classiques que la scène consacre généralement. Comme toujours avec Alexin, un soin particulièrement est porté sur les transitions qui découpent le morceau en autant de tableaux que nécessaire.
Vient alors “The Gift“, une première inspiration jazz dans la musique de Hoorsees. Ceux qui suivent également la scène new-yorkaise savent que la batterie de ce titre-là n’est pas innocente. Dans une autre vie, Alexin aurait donné des conférences sur le jazz des années 2010′, mais dans celle-ci, il met à profit sa culture Jazz Royalty au service d’une garage pop dans laquelle où trouve toujours plus de spleen. Trop peu d’artistes s’y osent à mon sens, par manque de culture musicale, surement, aussi par peur de ne pas savoir exécuter le titre une fois sur scène. Pourtant, le jazz est la musique la plus spleenétique qui soit et teinter la garage pop de l’univers de Buddy Rich est une excellente idée.

Un peu comme dans Tristessa de Jack Kerouac, la musique d’Hoorsees est sombre, mais ne tombe jamais dans le trop évident. Si les antagonistes de ce livre sont souvent mélancoliques, ils ont aussi leur moment de quiétude et d’ivresse. Il en va de même avec Hoorsees, le spleen est là, mais Alexin ne tombe jamais dans le tout-dépressive – Dieu l’en protège. 
En réalité, le spleen est ici tout à fait optimal, il règne en maitre mot même dans les moments d’allégresse où la guitare se confond avec la voix pour apporter un peu de couleur. Finalement, comme à l’image de la pochette, tout semble criard lorsque l’amertume est là, les couleurs que l’on nous présente sont rapidement fluorescentes et agressives, il en va de même pour le sourire de notre voisine de palier et les couples heureux qui se tiennent la main. Ecouter Hoorsees rend réaliste. 
Tracklist: The Horror Sees (EP, 2017)
1. The Horror Sees
2. Crackhead
3. The Gift
Liens :

Article sur son premier EP
Article sur le dernier LP de Dr Chan

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