Anachronique : Scott Walker (Pop Folk)

 

Scott Walker. On connait tous les films noirs, voici le pendant musical, la musique noire. Non pas que les créations de Scott Walker rappellent le blues ou le jazz, mais elles ont toutes cet aspect assez brumeux et parfois corrupteur qui nous plonge en plein dans les années ’50. En réalité, la grande époque de la prohibition resurgit dès que l’on pose le diamant du vinyle sur la musique de Scott Walker. On l’imagine chanter ses quelques titres avec un vieux costume californien et une pochette très british posée avec minutie, le tout dans une pénombre de circonstance. Le côté british, Scott Walker le doit à ses débuts. Membre des Walker Brothers, il ne se lancera dans une carrière solo que quelques années après. Il demeure aujourd’hui à Londres.
Scott, son premier album, parait en 1967. Scott 2 prend la suite ne 1968 tandis que Scott 3 et 4 arrivent en 1969. Ces quatre albums sont de belles créations où sa voix de baryton n’en finit pas de surgir. Ils sont aujourd’hui encensés par un cercle très restreint qui ne manque pas de relever le caractère avant-gardiste de la musique de Scott. Cet article s’attache au 4ème opus, seul album des quatre Scott à ne pas être entré dans le top 10 anglais mais réhabilité quelques années plus tard.

The Seventh Seal” introduit la danse sur du cuivre. Ce premier titre rappellera David Bowie à certains, mais si je n’ai jamais évoqué ce dernier sur Still in Rock, c’est que je suis peu fan de sa démarche très commerciale, ce que l’on ne peut reprocher à Scott Walker. Il y a, quoi qu’il en soit, une grandeur dans cette musique que “The Seventh Seal” traduit indéniablement. Il vous souhaite la bienvenue dans son univers de dandy.
On Your Own Again” est plus soft, ce qui lui va encore mieux. Comme c’est le cas pour les meilleurs morceaux de Leonard Cohen, Scott Walker brille lorsque les arrangements laissent place au plus de simplicité possible. Je ne suis donc pas certain de la nécessité des violons et des quelques chorus, mais “On Your Own Again” est trop présent pour nous laisser insensibles.
The World’s Strongest Man” complète le trio introductif avec une batterie jazzy à la Nilsson que la mélodie, très pop, emporte doucement vers les années 70′. “Angels Of Ashes” joue volontairement la carte du titre poétique que l’on ne saisit pas entièrement. “Boy Child” est du même calibre.

 


 

Hero Of The War” introduit la face B de cet album sur une folk plus prononcée. Scott Walker le fait très bien, on se demande alors qu’elle est son influence sur Calvin Johnson et toute la scène folk lo-fi américaine des années ’90. Vient alors “The Old Man’s Back Again [Dedicated To The Neo-Stalinist Regime]“, la raison d’être de cet article. Ce morceau à la Ennio Morricone est sans conteste la plus grande réussite de toute la discographie de Scott Walker. Hommage ironique aux nouveaux régimes stalinistes de son époque, c’est un Scott Walker mi-pop mi-folk qui se présente à nous. La production, irréprochable, donne toute la place nécessaire à sa voix qui résonne avec puissance.

 

Duchess” nous rapproche du final avec un morceau qui inspirera Randy Newman et cette génération de songwriters. “Get Behind Me“, avec ses airs d’opéra rock, nous faut sauter directement à “Rhymes Of Goodbye“, morceau que Scott introduit avec un élan country. Il aurait probablement excellé dans le genre.

 

 

La musique de Scott Walker n’est pas franchement dans la droite lignée de Still in Rock. Pourtant, on la retrouve dans de nombreux groupes de pop des années 2010′. Beaucoup n’en retiennent que la grandiloquence alors que la beauté de cette musique réside justement dans la tension entre l’intru’ très travaillée et la voix de Scott Walker qui semble avoir été posé avec nonchalance… et une prise seulement.
Avant cela, on retrouve également l’influence de Scott Walker chez David Bowie qui aura complété le tableau avec tout un univers visuel / commercial qui reflète lui aussi les apparats de Scott Walker. Bref, Scott Walker est à mon sens mal compris, si ce n’est par la bande à Cohen et de la scène folk des années 90′ – Beat Happening & co. Il est l’un des premiers dandies anglais de la musique pop et sa nationalité américaine ne pourra rien y changer.

(mp3) Scott Walker – The Old Man’s Back Again (1969)

Tracklist:
1. The Seventh Seal
2. On Your Own Again
3. The World’s Strongest Man
4. Angels Of Ashes
5. Boy Child
6. Hero Of The War
7. The Old Man’s Back Again [Dedicated To The Neo-Stalinist Regime]
8. Duchess
9. Get Behind Me
10. Rhymes Of Goodbye

Liens :
Article sur Randy Newman
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