Still in Rock présente : Combomatix (Garage Punk)

Combomatix a déjà été présenté comme le papa du garage rennais. C’est vrai et c’est faux. C’est vrai parce que le groupe produit des albums du genre depuis un petit moment déjà, bien avant que ce soit à la mode. C’est faux, parce que Combomatix est originaire de La Rochelle. C’est faux, parce que cela impliquerait que sa musique soit pépère, une sorte de George Clooney du garage. Ouais, mais en réalité, Combomatix fait plutôt dans un garage si lourd qu’il semble facilement s’imposer comme l’un des plus distinctifs de toute la scène française. Oubliez tous ces groupes que l’on arrive jamais à différencier (ces Combotox), avec Combomatix, l’expérience est unique et on peut l’identifier dès les premiers instants de chaque morceau. 

Son nouvel album, Chinese Songs For Bad Boys, est paru le 19 février dernier via Howlin Banana Records (ça vous étonne ?) et Retard Records. Pour se débarasser de tous les poncifs (qui n’en sont peut-être pas), c’est bien produit, c’est efficace, c’est garage, c’est français, c’est rennais, c’est punk, c’est noir, c’est bon.
Le premier titre, “Intro“, est l’une des meilleures intro que j’ai entendu depuis longtemps. Le virus se répand à peine que l’on entend déjà le laboratoire Combomatixia tirer la sonnette d’alarme. On ne sait pas vraiment si le Prêtre a craqué sur son orgue ou si c’est John Dwyer qui revient avec un nouvel album de Damaged Bug, mais le fait est que l’on est déjà captivé. “Another Shakin“, le petit deuxième, est un titre en semi-automatique qui rappelle certaines allures de Parkay Quarts à la différence que Combomatix se la joue plus bouillonnant. 
Chinese Thought“, c’est le single, un hit, un pic, un roc. Le titre, toujours aussi primaire (en ce que ça a de meilleur), rappelle les tous débuts du garage. Et puis, il y a cette exaltation qui était propre à Kim Fowley, cet ange récemment disparu. Combomatix accompagne la propagation du virus, on l’entend se déplacer lentement dans les airs aux rythmes d’une batterie ala Royal Trux (ou early White Stripes ?). L’album gagne en chaleur et “Wet Bones” amorce le processus de transformation. Les os se ramollissent, il y a du Re-Animator. Regardez bien la pochette, les deux membres du groupe sont aussi menaçants que leur musique le suggère. Et puis, cette façon de rester là commence à m’inquiéter…

Finalement, c’est lorsque Combomatix est le plus proche des roots du proto-garage des Gories qu’il est le meilleur. Preuve en est avec “I’m On It“. “Never Cut The Wire“, pour sa part, est probablement le morceau qui laisse le plus de place au clavier, comme pour nous dire que l’Après a également du bon, un peu de tendresse dans un monde de morts-vivants. Vient alors “Take A Ride“. C’est ce que les Combomatix font de plus punk, de plus Jay, de plus Riot boooy (ça devrait exister).
Une fois encore, Combomatix donne une nouvelle définition au mot brut (au sens de brute épaisse, mais aussi de raw) avec “Guinea Pig“. On se dit, pour une fois, que le groupe n’a pas singé les influences sixties. Avec Combomatix, on se croirait plongé dans une scène qui n’a en réalité jamais existé, celle des années 50′ où le proto-garage serait une musique dont la simplicité n’aurait d’égale que ses riffs prédateurs. Yes, Combomatix ramène le garage à ce qu’il a de plus génial, une musique du peuple et pour le peuple sur laquelle les jeunes formations pourront s’essayer, une confrontation des plus directes avec ce qui fait un bon rock’n’roll : un riff autère et une batterie… bestiale. 
Nous connaissons le “I Got Skills” de Mozes and the Firstborn, voici le “I Got Pills” de Combomatix. Le titre bourdonne, la fin approche et Combomatix semble nous préparer un sale tour. Tous aux abris, le virus vient d’atteindre la population locale et les visages se sont transformés en zombies (direction Big Trouble in Little China). “I’ll Make You Mad“, le petit dernier, a le mérite de la clarté : la folie a remplacé le self control avec lequel une partie de la scène se présente parfois à nous, trop timide pour laisser vie à l’animalité pourtant exigée.
Au final, il y a chez Combomatix l’impression constante que le groupe cherche à disséquer sa musique, loin du noisy que le garage accompagne parfois. Et c’est bon. Sans jamais tomber dans un punk pop facile et sans intérêt, Combomatix ose l’album de l’homme de l’Art, nous contant une douce fin du monde où les Oblivians seraient les rois d’un groupe de résistants au royaume de Combomatixinus. Vous l’aurez bien compris, Chinese Songs For Bad Boys est un indispensable de 2016. Un de plus.

Liens afférents :
Article sur Parkay Quarts
Article sur tous les artistes français

Post a comment

Your email address will not be published. Required fields are marked *