Anachronique : The Shoes #2 (Power Pop)

 

The Shoes. Je réfléchissais il y a peu à quels étaient mes groupes de Power Pop favoris. Ce style de musique est largement représenté sur Still in Rock et je me disais qu’il était peut-être temps de classer tout ça (eh oui, encore). Un top 3 s’imposait rapidement : Big Star, Milk ‘n’ Cookies et The Shoes. J’ai déjà eu l’occasion d’écrire sur chacune de ces trois formations, seulement, si la discographie de Big Star et Milk ‘n’ Cookies est rapidement appréhendé, celle des Shoes est un brin plus fournie.

Le premier article anachronique de cette année 2016 inaugure ce que je n’ai pour l’instant jamais fait : écrire deux articles sur le même groupe (du passé). Le premier article sur les Shoes concernait leur album Black Vinyl Shoes, paru en 1977. On s’attachera aujourd’hui à décrire Present Tense, souvent présenté de pair avec Tongue Twister et paru en 1979. À la différence du premier, Present Tense est plus glam rock. La scène punk est passée par là et le son des Shoes s’en trouve transformé.
Avant de s’y plonger, rappelons tout de même que The Shoes était un groupe de Power pop originaire de la banlieue de Chicago. Formé en 1974, il a fait paraître un total de 8 albums studio. Et puis, une fois encore, le groupe tire son nom d’une blague de Paul McCartney, qui, satirique, avait un jour confié à la presse que “we could have been called the Shoes for all you know“.
Alors, ces Shoes se présentent à nous en 1979 avec un son de guitare bien plus loud, à l’image du titre introductif “Tomorrow Night“. “Too Late” n’est pas encore trop différent des Shoes de 1977, mais déjà, on y entend une musique musclée, plus fournie. Ce titre fait par ailleurs partie de la très belle collection Poptopia ; à écouter. Vient rapidement “Hangin’ Around with You” qui fait office de hit. Je ne crois pas qu’il soit possible de lui enlever sa place parmi les meilleurs titres de cette fin de décennie. On reprend tous les codes de la Power Pop, son thème (l’amour), ses riffs super répétitifs, ses mélodies volontairement mielleuses et ses voix à bout de souffle, le tout pour former un grand moment de la discographie des Shoes. Et puis, dans un style bien différent, “Your Very Eyes” vient immédiatement nous convaincre du génie de cet LP. Il parvient à coupler la douceur de Black Vinyl à cette instru’ plus colorée encore.
In My Arms Again“, pour varier les plaisirs, est plus glam rock, du style de “Hangin’ Around with You“. “Somebody Has What I Had” reprend la même structure pour trois minutes qui emprunte un peu au hard rock (au sens de l’époque), des bribes de new waves/post punk (écoutez le refrain à 1min20) et la mélodie façon sixties.
Now and Then” est l’un des morceaux avec le plus d’en train de tous Present Tense. Si le riff pourrait être celui des Ramones, une sorte de punk tombé tout petit dans la marmite pop music, la voix de Gary Klebe vient lui donner la coloration power pop qui lui va si bien. Quant à “Every Girl“, il est à classer dans la catégorie romance à la Harry & Sally.
On approche d’el grande finale avec “I Don’t Miss You“, la troisième merveille absolue de cet album, une nouvelle démonstration du songwriting exceptionnel du groupe. Le “Ooh, I’m glad you left me and I hope you don’t come back” sur fond de batterie super sonique crée indéniablement son effet. “Cruel You” vient perpétuer l’ambiance.
L’avant-dernier morceau est “Three Times (See Me/Say It/Listen)” qui, je le dis sans vergogne, est à mon sens le meilleur titre de cet LP et l’un des meilleurs titres de power pop. Comme son nom l’indique, trois temps le composent. Absolu indispensable de toute bibliothèque musicale, ce titre vous collera à la peau à de nombreuses occasions. D’une rare poésie, d’une rare justesse dans le choix des harmonies vocales, d’une rare efficacité pop, “Three Times (See Me/Say It/Listen)” est un must have. “I Don’t Wanna Hear It” vient finalement clôturer Present Tense avec panache, un autre morceau à classer dans la catégorie Power Punk Pop.
Lorsque j’ai demandé à Wyatt Blair (créateur de Lolipop Records) quel était son album préféré, c’est Present Tense qui a emporté la mise. Voilà ce qu’il préconisait : commencer l’écoute des Shoes par Black Vinyl et la continuer avec Present Tense. Sans jamais délaisser la romance que la power pop exige d’étaler, the Shoes parvient ici à donner une nouvelle couleur au genre, plus proche du son qui allait sévir dans les années ’80, plus trapu et démonstratif. Present Tense fait partie de ces rares albums de l’histoire où aucun titre n’est à écarter, où l’on ne retoucherait rien, surtout pas. Ainsi commence 2016 !
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