Best of 2015 : Best LPs – 20 to 1


Les amis, voici, pour conclure ensemble cette belle année 2015, le classement Still in Rock des
20 meilleurs albums de l’année.

Comme je le disais déjà l’an dernier, ces LPs ont été soigneusement sélectionnés avec pour ambition de se rappeler dans plusieurs années quelle aura été la grandeur de ces 356 jours. Un immense merci à ces artistes pour leur génie singulier. 

Vous trouverez également une petite critique accompagnant chaque album, justifiant sa place et faisant le point sur l’impression laissée par celui-ci plusieurs mois après sa sortie.

Party on!

illustration par www.mariongo.com

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20. Mean Jeans – Single (lire l’Album Review)
La scène slacker occupe trop d’espace sur Still in Rock pour que je ne mette pas un de ses albums dans le top 20 de l’année 2015. Cette compilation des singles de Mean Jeans est passée en dessous de bien des écrans radars. Pourtant, on y trouve tous ce qui fait le succès de groupes tels que Fidlar, Pangea, Audacity & co.

De l’inoubliable “Bogus Memory“, façon Animal House, en passant par le punk creepy de “Possessed To Party” façon Friday the 13th jusqu’aux chansons d’amour (sale) de “Tears In My Beers“, cet album est une énorme fiesta qui n’en finit jamais. Silly et trash, il ravira tous les amateurs d’un rock’n’roll volontairement grossier et assurément jouissif.

19. Sufjan Stevens – Carrie & Lowell (lire l’Album Review)
Ce nouvel album de Sufjan Stevens était attendu de beaucoup, et il n’a pas déçu. On y retrouve notre artiste de l’Illinois poétique et souffrant, contant sa relation avec ses parents. Sa folk se retrouve mêlé à de très belles partitions de bedroom pop pour former un LP qui tire les larmes aux yeux.

Que les âmes sensibles s’abstiennent de trop l’écouter, Sufjan fait partie de ces anges déchus toujours prêts à nous glacer jusqu’au sang, j’en veux pour preuve le titre introductif, “Death With Dignity“. Sans conteste son meilleur album, il a largement été représenté dans le flot sans fin des classements de fin d’année. C’est ainsi que Sufjan continue son parcours artistique hors norme.

18. Seasick Steve – Sonic Soul Surfer (lire l’Album Review)
Très peu en on parlé, pourtant, le dernier LP de Seasick Steve est ce qui s’est fait de mieux cette année en matière de blues rock. Seasick est un écorché vif bien décidé à nous raper l’oreille, ce qu’il fait ici avec brio. On jurerait être en plein désert, en compagnie d’une bande de motards tatoués, peut-être serait-ce les Death Angels. Lui qui introduit son album par son “man you want me to play?” donne le ton d’entrée !

Le reste, c’est une heure où le son rock’n’roll (re)trouve la simplicité des premières compositions de blues, façon Lightnin’ Hopkins. Et une fois encore, si ce style de musique n’est pas suffisamment hype pour attirer l’attention de Vice, tachons de ne pas nous laisser faire : sortez le whisky et enfilez vos boots, ça va swinguer !

17. Drinks – Hermits on Holiday (lire l’Album Review)
2015 fut également l’année de Tim Presley. Plus discret qu’en 2014 où il avait fait paraître le génial For The Recently Found Innocent (classé 7ème meilleur album de l’année), il nous aura cette fois-ci gratifié d’une nouvelle formation avec son ami Cate Le Bon, j’ai nommé Drinks.

Proche de l’univers des Velvet Underground, cet LP est à la fois expérimental et mélodieux. La douceur de la voix de Cate vient souvent contraster avec la guitare psychédélique de Presley, c’est un combo gagnant ! Au final, je ne doute pas que ce Hermits on Holiday obtienne une place de choix dans la discographie de Tim, et c’est dire, tant on sait à quel point il est le Roi le plus absolu en matière de pop psychée.

16. Jackson Scott – Sunshine Redux (lire l’Album Review)
C’est l’une des très bonnes surprises de l’année, le deuxième album de Jackson Scott est une petite merveille. Qui l’eut dit ? Sa pop spectrale s’étire ici sur plus de 30 minutes qui semblent combiner la puissance énigmatique d’un Jim Jarmusch avec les fulgurances d’un Deerhunter bien inspiré.

Le discrédit a été jeté sur cet album parce que Jackson Scott a été ce que l’on appelle un buzz band. Un single à peine et voilà qu’il était déjà nommé comme étant le prochain Ariel Pink. Si son premier album avait rassuré son monde, ce deuxième essai est plus ambitieux encore, parfaitement produit et inventif à chaque minute qui s’écoule. Jackson Scott devra s’accrocher à ce talent si singulier, sans écouter les mauvaises langues toujours avides de créer des stars sans les supporter ensuite.

15. Nic Hessler – Soft Connections (lire l’Album Review)
La voici la voilà, la première sortie Captured Tracks dans le classement de fin d’année. Nic Hessler, préalablement connu sous le nom de Catwalk, il a délivré un album à la fois dansant et romantique. Si les noms de Nick Lowe et Elvis Costello viennent immédiatement à l’esprit, on se rend compte que le spleen de Chris Bell n’est jamais très loin.

Dans notre interview, Nic Hessler me confiait qu’il cherchait “avant tout à produire une musique catchy dont les gens se souviendront”. Le pari est réussi. On revient régulièrement sur l’écoute de Soft Connections parce qu’il est un opus qui se révèle avec le temps, façon Chris Cohen. Alors, si l’envie de danser avec votre amoureux vous prend soudainement, vous saurez désormais sur quelle musique le faire. 

14. King Gizzard & The Lizard Wizard – Quarters! (lire l’Album Review)
Le King Gizzard annuel, ou plutôt, l’un des deux King Gizzard annuels (voir Papier Mâché). Quarters! est un concept album qui joue avec les codes de l’industrie musicale. Et il le fait magnifiquement bien. Composé de 4 morceaux de 10 minutes et 10 secondes chacun, il laisse apparaître les premiers accords de jazz de la discographie du groupe.

Si j’ai souvent prôné la nécessité que des formations de musique psychédéliques s’essaient à intégrer plus de Sun Ra (free jazz et autres expérimentations façon Blue Note), je ne peux que me réjouir que King Gizzard est finalement franchi le pas. “River“, le premier quart de cet LP, restera comme l’un des moments les plus surprenants de 2015. Une véritable expérience comme on en fait peu !

13. Ultimate Painting – Green Lanes (lire l’Album Review)
Still in Rock attribuait déjà le statut de meilleur groupe européen de l’année 2014 à Ultimate Painting. Si je garde encore un peu de suspens sur le fait de savoir s’il le sera aussi en 2015 (et quel suspens !), on peut d’ores et déjà se féliciter d’avoir eu à témoigner une nouvelle fois d’une pop si prodigieuse.

La science du détail de cette formation est sans commune mesure, un véritable travail d’orfèvre qui rappelle ce que faisaient les Zombies. “Kodiak“, le premier titre, donnait ainsi le ton d’un album à la fois groovy (voyez “I’ve Got The) Sanctioned Blues“) et mélancolique (voyez “Paying the Price“). Une chose est sure, ce duo londonien mérite largement son titre de meilleur groupe anglais de l’année 2015. Vers l’infini et l’au delà ! 

12. Peach Kelli Pop – Peach Kelli Pop III (lire l’Album Review)
L’étonnante (et petillante) Peach Kelli Pop nous en a mis une bien belle ! Son troisième album, sobrement intitué III, mérite très largement son titre de meilleur LP de garage bubblegum pop de l’année. Sur fond de féminisme convaincu, Peach a délivré 10 morceaux qui nous auront régalés par leur aspect fluorescent, sorte de pendant du Dwight Twilley Band.

On se retrouve ainsi à danser sur “Plastic Love“, un titre dénonçant la demande constante de perfection physique tandis que “Please Come Home” nous aura fait vibrer le coeur dans notre chambre ornée de poster de Britney Spears. La génération Burger / Lolipop Records vient là de se trouver une nouvelle icone. Et puis, comment résister à Allie l’enchanteresse, l’incarnation du good spirit.

11. Shannon and the Clams – Gone by the Dawn (lire l’Album Review)
Shannon and the Clams est loin au-dessus des autres groupes de la scène revival fifties/early sixties. Symbole d’une Amérique passée, le groupe n’en fini pas de sortir des albums d’exception. Celui-ci, plus doo-wop et plus romancé que les autres, est d’une incroyable sensualité (je pense à “I Will Miss the Jasmine“). Cela ne l’empêche pas nous remuer comme ci nous étions à l’apogée du bal de prom’, voir le combo “The Bog” / “The Burl“.

La culture Elvis Presley continue d’être tiré par le haut avec ce duo qui restera parmi les très grandes formations des années 2010. La musique de Shannon and the Clams fait partie de celles qui font l’unanimité : ne pas aimer ce groupe semble impossible tandis que ne pas l’aduler serait une erreur. 

10. Wild Raccoon – Mount Break (lire l’Album Review)

Pour la première fois, un artiste français intègre un top 10 Still in Rock. Cet artiste, c’est Wild Raccoon, un Lillois qui a fait paraître son premier album via Howlin Banana Records. 100% garage, 100% raw et animal, Mount Break est un excellent LP du genre, rien de moins que le meilleur album garage de l’année ! Plus de 6 mois après sa sortie, on ne peut que constater que la puissance de ces morceaux demeure intacte !

Fuck Fuck The Bankers” vient donner le ton d’un album qui n’oublie pas quel est le message du rock’n’roll. Wild Raccon en a également profité pour nous couvrir d’amour (destructeur) avec “Weapon Of Love“. Et puis, quelque chose me dit que le raton fou frappera encore en 2016. La zoophilie serait-elle finalement la nouvelle mode de l’été prochain ?

9. Beach House – Depression Cherry (lire l’Album Review)
Cela faisait 3 années que nous n’avions plus eu de nouvelles de Beach House. La dernière fois que nous en parlions, nous disions que le groupe venait de délivrer ce qui se faisait de meilleur en matière de Dream Pop. Seulement voilà, Beach House est revenu encore plus fort avec Depression Cherry.

Cet album qui laisse passer un son délicat comme filtré par deux fines plaques de glace est probablement le plus poétique de toute l’année 2015. Lui aussi sur le thème de l’amour (cosmique), voir “Beyond Love“, il inspire la sérénité d’une âme soeur que l’on sait être toujours là. Ce genre d’albums donne une raison d’être à nos millier d’heures d’écoutes, parce qu’il prouve à lui seul que l’on peut toujours s’émouvoir de la moindre parcelle d’un couplet. Beach House met d’accord les amoureux de punk comme les aficionados d’un garage transpirant et les inconditionnels de musique de chambre, parce que l’on y retrouve ce qui fait les plus grands LPs : un message unniversel exprimé dans une fome singulière et inédite.

8. Juan Wauters – Who Me? (lire l’Album Review)
La deuxième sortie Captured Tracks de ce classement est Juan Wauters. L’ancien leader des Beets s’était déjà illustré en 2014 en intégrant notre top 20 des meilleurs LPs de l’année (classement). Il sera désormais l’un des rares à avoir fait le doublé en 2015. Who Me? est de loin son meilleur essai, un album d’une rare gaîtée où il a complexifié son instrumentalisation pour le meilleur, un exercice éminament difficile.

Meilleur album de folk de l’année, Juan Wauters a délivré un statement qui ne passera pas inaperçu : la folk brute des Beck et autres Calvin Johnson est toujours vivante. Nul besoin d’en faire des tonnes pour produire un excellent album du genre, bien au contraire. Ce nouvel ensemble de 13 morceaux vient prouver, si besoin était, que la voix seule d’un homme accompagné de sa guitare peut suffire à former l’un des plus beaux moments musicaux d’une année. Et puis, comment résister à ses morceaux chantés en espagnol ? “Así No Más” et les autres sentent bon le soleil de son pays natal, la belle Uruguay d’Horacio Quiroga. 

7. Deerhunter – Fading Frontier (lire l’Album Review)
Le grand retour de Deerhunter était fort attendu. Après avoir fait paraître Monomania, classé meilleur album de l’année 2013, Bradford Cox avait une lourde pression sur les épaules. Fading Frontier, présenté comme plus pop, se sera attiré les satires de quelques commentateurs. Pourtant, on y retrouve toujours le même Deerhunter, tourmenté, lyrique et poétique.

La musique de Deerhunter est pleine d’automatismes, la raison pour laquelle j’ai écrit sur la distinction entre romantisme et classicisme, le second étant empreint d’une méthode tandis que le premier la délaisse plus facilement. Avec Bradford Cox, on est confronté aux codes de sa musique déstructurée, pop expérimentale sans pareil, un genre musical à elle toute seule. Son influence sur la scène est déjà immense (Jackson Scott, également présent dans ce classement, avait remercié Deerhunter dans notre interview) et je prends le pari que Deerhunter accouchera de nombreux groupes qui le citeront comme référence absolu dans une dizaine d’années. “Carrion” nous aura notamment retourné les tripes, ce “leave me alone” est perçant. Et c’est finalement “Leather and Wood”, mélange de textures et de sonorités, qui symbolise ce qu’est la pouvoir de cet artiste en tout point génial.

6. Warm Soda – Symbolic Dream (lire l’Album Review)
Warm Soda fait partie de ces grands noms de la scène à avoir délivré leur meilleur album en 2015. Symbolic Dream est, ainsi, l’un des plus grands LPs de Power Pop des années 2010′. Ses influences sont très claires, allant des Shoes jusqu’à Cheap Trick en passant par les Flamin’ Groovies et les Real Kids. Il se pourrait finalement que ces légendes du genre soient celles qui doivent le remercier d’opérer un tel revival de la scène Power Pop.

Aucun album n’aura autant parlé d’amour en 2015 que celui-ci. Avec “Cryin For A Love“, “Find That Girl“, “Can’t Erase This Feeling“, “Will You Be There For Me Tonite” et j’en passe, Warm Soda nous aura gratifié d’un LP à écouter en temps d’amour comme un soir de rupture. C’est le pouvoir ultime des grands albums du genre, celui de transcender encore et toujours un thème si bateau que l’on ne sache plus quoi en faire. Et puis, mention spéciale à la pochette, photo prise par Melton himself, que nous avons nommé plus belle cover de l’année. 

5. Wavves – V (lire l’Album Review)
On attaque le top 5, rien ne va plus, les jeux sont faits. On se souvient que Wavves s’était hissé à la troisième place de notre classement de 2013 (lien). Revoilà Nathan avec un nouvel opus, toujours sur fond de skate parks et de palmiers à perte de vue. V est un LP pour les amateurs de culture slacker, ceux qui aiment le punk et le surf. V est un album pour les mateurs de bikinis, un album pour les tatoués qui hésitent à vivre dans un van ou dans un bungalow au bord de l’océan. Et puis, V est également un album pour ceux qui veulent s’évader d’une année 2015 qui aura parfois été bien grise.

Introduit par le titre “Heavy Metal Detox“, on se rend rapidement compte que Wavves sera présent au concours du plus gros riff de guitare. Et puis, on comprend bien que le lendemain de soirée est parfois difficile sur “My Head Hurts“. C’est également la sensation que produit l’écoute de V, celle de nous vider de toute notre énergie tant on veut son écoute être le plus intensive possible.

Alors ouais, je me répète, mais cet album est super fun, plein de punchlines, de refrains entêtants et de souvenirs rêveurs ; il traduit la most invincible joke in history dont parlait Lester Bangs. Il ne prend rien au sérieux, il est là pour nous donner le sourire et l’adrénaline que l’on recherche constamment. Et il le fait à la perfection. 

3*. Fuzz – II (lire l’Album Review)
Le deuxième album de Fuzz est celui que vous, lecteurs, avez nommé comme votre album préféré de l’année (voir les résultats du sondage). Loin de moi l’idée d’être patronizing, mais je dois dire ma fierté des résultats de ce dernier. Il faut dire que cette formation menée par Ty Segall a fait très, très fort.

J’ai écrit l’album review de ce dernier sur fond d’assassinat de la pop. Là se trouve à mon sens le statement majeur de II. Sans une once de ce style musical, Ty Segall vient de prouver au monde entier que l’on pouvait encore délivrer un petit chef-d’oeuvre reconnu aussi bien par ses pairs que par le public.

La violence de cet album est telle qu’il ne peut je crois que susciter des réactions extrêmes. II est l’album de cet top 20 qu’il serait le plus difficile de mettre entre toutes les mains, ce qui participe de créer un sentiment de communauté tout à fait séduisant. Des titres tels que ” Say Hello” et “Jack The Maggot” illustrent quelle est la frénésie qui s’abat sur l’auditeur de Fuzz. C’est ce que l’on retrouve aussi sur le premier album de ce classement (ne me faites pas croire que vous n’avez pas déjà regardé). Alors, je le répète pour la 100ème fois, Ty Segall est le plus grand artiste de la décennie et je crois que cet opus fera honneur à ce titre honorifique. Le stoner vient, quoi qu’il en soit, de trouver son album de légende. 

3*. Mac DeMarco – Another One (lire l’Album Review)
Je me souviens avoir écrit à l’occasion du classement 2014 que Mac DeMarco était, à l’inverse de Fuzz, l’artiste le plus universel de tous.  Je réitère et les place tous deux sur la même marche du podium, pour des raisons tout à fait opposées. Il serait fou de ne pas voir en lui le nouveau Jonathan Richman, sorte d’artiste au-dessus du lot, des haines et des polémiques, parce que fondamentalement trop cool pour être rabaissé à ce niveau.

Son nouvel (mini) LP laisse place à huit morceaux qui, je l’ai dit, déconnectent totalement la forme artistique du message. Sur fond majoritaire de jangle pop, il est composé de textes très tristes, présentant un visage nouveau de notre artiste je-m’en-foutiste. On se retrouve ainsi à danser sur des paroles de rupture, l’exercice est unique en son genre. Je le répète ainsi, “lorsque Mac DeMarco se saisit d’un sujet grave, l’apparence ne traduit pas l’idée. Les titres les plus poignants d’Another One sont également ceux où l’instrumentalisation est la plus allègre (notons à ce titre que les titres sont ici plus fournis que les précédents). Et c’est finalement en cela que l’artiste traduit l’universel”.

“Cela ne paraît rien, mais combien d’artistes formulent un message qui soit en pleine confrontation avec son expression ? Combien de peintres ont exprimé la haine avec des sourires, combien de romanciers ont exprimé la peur à travers le déroulement d’une soirée entre amis, combien de chanteurs ont exprimé le désespoir avec une pop rieuse ? On ne badine pas avec l’amour, mais on badinera désormais avec le désamour.”



De plus, Another One restera comme le meilleur album de pop de l’année 2015. Il restera également comme le meilleur LP non-américain de notre classement. Il restera enfin comme un album dont l’absoluité fera rougir les plus grands noms de l’histoire. 

2. Kurt Vile – b’lieve i’m going down… (lire l’Album Review)
Kurt Vile est un gourou, cela ne fait aucun doute. Seulement, ce que l’on ne savait pas, c’est que Kurt Vile est également un visionnaire. Son nouvel album, b’lieve i’m going down…, exprime quelque chose que peu savent faire, explication :

“Dans ses Mémoires d’Hadrien, Marguerite Yourcenar expose le concept de la temporalité des arts. Chaque époque est enfermée dans un ensemble qui pousse la majorité des artistes à traduire les inquiétudes de l’époque. Ainsi trouve-t-on des cycles où la force s’impose comme élément central (art de la Grèce antique), d’autres où famille occupe tout l’espace (Néo-classicisme) et certaines où l’amour semble monopoliser les sujets (romantisme).”

“Après le cynisme des nineties, le trop-plein dégoulinant des années 2000, peu d’artistes s’attaquent désormais à exprimer leurs ressentis comme le faisaient ceux de l’ère Power Pop. Kurt Vile se place au-dessus de la mêlée avec un album qui entre en plein dans la problématique. Cela fait bien entendu de b’lieve i’m goin down… un LP fascinant et plus exceptionnel que bon nombre d’autres.”

Je le répète ici, cet album fera date parce qu’il est trop sincère dans un monde trop uniformisé où l’on rejette les sentiments au profit de la sensation. Et puis, c’est ce dont j’ai parlé avec Bret Easton Ellis, Kurt Vile est l’un des derniers guitaristes à faire part d’une volonté d’être reconnu comme soliste. Son nouvel LP, entre folk et rock’n’roll, est teinté de cette magie qu’avaient les grands opus de Van Morrison et Randy Newman. Entre hits (“Pretty Pimpin“), balade (“Lost my Head there“) et pure poésie façon Beat Generation (“Wild Imagination“), Kurt Vile vient de démontrer que le bon vieux rock’n’roll avait encore ses plus beaux jours devant lui. 

1. Thee Oh Sees – Mutilator Defeated At Last (lire l’Album Review) (voir la vidéo)
L’idée me trotte dans la tête depuis la parution de cet album : et si Mutilator Defeated At Last était le meilleur LP de l’année ? Le cheminement n’était pas évident. Le groupe de John Dwyer a fait paraître de nombreux LPs et le réflexe est d’être moins surpris à la parution d’un bon/excellent album des Oh Sees. Surtout lorsqu’il s’agit des Oh Sees, un groupe qui figure déjà au panthéon du rock’n’roll.

Seulement, cette fois-ci, John Dwyer a fait plus qu’il ne fait d’habitude. Fini les sonorités stridentes (et agaçantes) de quelques anciens morceaux, fini les titres moins engageants que les autres, Thee Oh Sees s’est transformé en groupe à hits. Ces hits sont ceux d’une formation qui, munie de deux batteurs, vient de transcender l’idée de stoner psychédélique. Ces hits sont ceux d’un groupe qui vient de dire que l’expérimental d’un titre pouvait ne rien enlever de son immédiateté quasi-mécanique.

Et puis, ces hits forment une histoire, redorant le blason du concept d’album (plus que de simples singles). L’histoire commence avec “Web” et le tourbillon s’accélère sur “Withered Hand“. Je défie quiconque de résister à la tension de “Turned Out Light” comme il serait impossible pour un amateur de rock de ne pas jouir à l’écoute de “Sticky Hulks“. Qui a dit qu’on avait besoin de l’existence du Kamasutra ?! Je l’ai dit, cet album pourrait servir à la réécriture de la Bible. L’idée semble si bonne. Parce qu’après tout, John Dwyer est désormais un Dieu (du rock). 


Enfin, notons que cet LP est celui qui est celui que l’on peut le moins identifier à un groupe du passé parmi tous ceux présents dans ce classement. Et ce n’est pas rien. Si les Oh Sees ont déjà fait paraître d’excellentissimes LPs, j’entends déjà les voix me disant que “c’était mieux avant”, je note ici que l’on savait toujours quelle était l’influence majeure de tel ou tel album. Ce n’est pas forcément problématique, mais force est de constater que le rock’n’roll s’est aussi et surtout construit sur des albums innovants qui ont marqué une époque. J’affirme (et non j’accuse) que ce neuvième Oh Sees en est. Il faudra simplement un peu plus de temps pour s’en rendre compte que si Mutilator Defeated At Last était un premier essai (fulgurant). 












































































































































































































































































3 Comments

  • Anonyme

    Patrick Watson, Love Songs for Robots ?

  • Anonyme

    A peu près ce que j'ai écouté (entre autres) dans l'année. Juste ce Mac DeMarco, non lui, ça ne passe pas.
    Bonne fin d'année rock à tous !!!!

  • Unknown

    J'ajouterai : Protomartyr, Gengahr, Metz, Blackmail le dur au mal pas l'autre, Girl Band
    bisous

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