LP Review : J.C. Satàn – J.C. Satàn (Garage Stoner)

J.C. Satàn est un groupe français originaire de Bordeaux. D’ores et déjà auteur de 3 albums ainsi que plusieurs EPs, il vient de faire paraître son nouvel LP via Born Bad et Animal Factory. Self-titled, il est composé de dix morceaux de garage stoner que l’on ne saurait manquer. Halloween arrive, et ça tombe bien, J.C. Satàn n’a jamais été aussi noir, un peu à l’image de sa pochette. Nous l’avions laissé sur un 45 tours qui intégrait notamment le très bon “Italian Summer“, le revoilà zombéifié transformé pour le meilleur. 

Un groupe qui intègre l’écurie Born Bad, ce n’est pas rien. Mais le groupe n’en est pas à son premier fait d’arme. Ty Segall a repris ses morceaux sur scène, il a intégré de nombreuses compilations et a ouvert pour tous les grands noms de la scène américaine. Cette scène, c’est celle qu’il cite comme influence première, à travers les Reatards, Oblivians et les Gories, ce que l’on retrouve bien entendu sur cet LP. S’il me disait par ailleurs que “le mot ‘garage’ a presque remplacé le mot ‘rock'”, je ne peux m’empêcher de constater que ce nouvel LP s’inscrit au moins en partie dans ce genre musical. Mais pas seulement. Le groupe a pris le temps de la composition, cassant son rythme d’une publication par année, et ça se sent. Plus éloigné des figures du style qui sont souvent citées, cet album de J.C. Satàn est une découverte à bien des niveaux, nous allons y revenir. 



Mais d’abord, éliminons-les d’entrée, certains morceaux n’apportent rien à la discographie du groupe, je pense à “Dialog With Mars“, Ti Amo Davvero” et Don’t Work Hard. Que l’on ne s’y trompe pas, ces titres-là sont somme toute agréables, mais ils sont finalement anecdotiques, à mon sens trop proches de ce que le J.C. faisant d’avant. Et puis, le reste fait preuve de trop de maitrise et d’inventivité pour que l’on s’y attarde. 

L’introduction, “Satan II“, est, pour le coup tout, à fait réussie. Les 20 premières secondes nous maintiennent dans le flou avant la grande explosion. Plus fantastique, c’est “I Could Have Died” qui délivre les premières notes de pop, proche d’une valse à la Tim Burton. Quant à Don’t Joke With The People You Don’t Know“, il est immédiatement captivant. Les chorus semblent émerger d’une armé d’enfant de coeur devenus fantomes à cause d’être trop restés dans l’église. Lorsque le curé se met au piano, J.C. rapplique, et c’est si bon. “Waiting For You” emprunte plus encore au côté psychédélique que l’on voudrait J.C. Satàn développer. Plus long morceau de l’album, il est non seulement parfaitement produit, mais force est de constater qu’il est sans égale dans le paysage français. Post-apocalyptique, au sens personnel d’une dévastation amoureuse, “Waiting For You” est un grand morceau de pop psychédélique. 
I Will Kill You Tonight” a tout du single, un chorus sexy à souhait, une guitare qui rajoute en sensualité et un duo vocal captivant. Le titre s’écarte effectivement des productions garage et si on se situe bien des les fifties, c’est plus du côté des crooners et autres femmes fatales qu’il faut aller chercher. “Ingrid” reprend véritablement l’univers des premiers titres de l’album. J.C. Satàn parvient à l’inscrire en plein dans cette mouvance de l’expressionisme allemand qui hante tous les meilleurs titres de cet LP. Il joue sur la fascination qui nous amène doucement vers “The Greatest Man“. Là se trouve la force principale du groupe, cette capacité à conceptualiser un univers a priori éloigné des studios de musique, de sorte à se créer une identité sonore tout à fait unique mais également fort récréative. Ce dernier morceau intervient comme une synthèse. Je ne sais s’il a ou non été composé dans cette optique, mais voilà qu’il trouve là une place toute désignée. 

Lorsque j’ai récemment interviewé le groupe (lien), ce dernier me confiait “je crois qu’en France, les gens en ont eu assez du ‘rock’ français, figé et mortifié dans ses propres boots. Qui a encore envie d’entendre dire que le rock en France, c’est Noir Désir ?“. Avec ce nouvel LP, J.C. Satàn se crée pour la première fois un univers fascinant que, je l’espère, il perpétuera longtemps. Il y a beaucoup à y faire, de nombreuses facettes à développer. Mais pour l’heure, constatons à quel point ce premier album d’une série qui je l’espère sera longue est à bien des égards remarquable.

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