Anachronique : The Rubinoos (Power Pop)

The Rubinoos était un groupe formé en 1970 dans la ville de Berkeley (Californie). Autre indispensable de la série anachronique de Still in Rock, il était grand temps de s’y attaquer. Une fois encore, me direz-vous, Still in Rock consacre un groupe de Power Pop. Une fois encore, Still in Rock laisse place à des chansons d’amour. C’est tout juste, mais que dire sinon que les Rubinoos sont un essentiel de toute bonne bibliothèque musicale.

The Rubinoos est le premier album du groupe. Paru en 1977 via le génial Beserkley Records (le label de Jonathan Richman, des Modern Lovers et j’en passe), il est constitue l’un des albums les plus groovy de cette année mythique. C’est dire ! Bizarrement, une large partie de la presse semble être décidée à négliger quelle a été l’importance des Rubinoos sur la scène Power Pop. On retrouve heureusement une petite poignée de titres des Rubinoos dans les meilleures compilations de Power Pop, à l’image de Shake Some Action: The Ultimate Power Pop Guide, sans compter celles de Bubblegum (écoutez le Right To Chews, Tribute To Bubblegum Classics). Et puis, les Rubinoos étaient également de la partie sur le deuxième volume des légendaires Yellow Pills. Tout espoir n’est pas perdu que les Rubinoos soit un jour reconnu comme étant, avant tout, l’un des essentiels des années ’70, tous genres confondus.

L’album s’ouvre sur “I Think We’re Alone Now“, un des plus grands classiques de Power Pop de tous les temps. Period. Premier cri au monde des Rubinoos, il est et restera comme une perle du genre. La version originale de Tommy James & The Shondells constitue certes l’un des grands chefs d’oeuvre des années ’60, mais la force des Rubinoos est de parvenir à le transformer également en titre pionnier des années ’70. De fait, ce morceau peut prétendre au Top 50 de deux décennies… “Leave My Heart Alone” est un standard de son temps. Déjà la deuxième chanson d’amour de cet opus, aucun doute, ce n’est pas The Rubinoos qui briseront nos coeurs attendris.
Je parlais de groove dans l’introduction, le voilà à sa jauge maximum sur “Hard To Get“. Ce morceau, un autre titre de Power Pop qui intègre la légende du genre. Ce type de morceau me fait toujours me demander (un leitmotiv) pourquoi la Power Pop n’est pas reconnue comme étant l’fun des trois genres supérieurs de l’histoire de la musique ? Il est impossible de trouver une musique plus joviale que cette dernière. Et puis, la Power Pop est un genre codé, avec ses constantes et ses invariables, toujours là pour nous donner le sourire. Cela devrait suffire à ce que les capitales du monde n’aient de cesse d’organiser d’immense soirée Power Pop. Quoi qu’il en soit, “Hard To Get” est l’un des trois essentiels de l’album du jour.
Le ventre de l’album est un poil plus standardisé que le sont l’introduction et la sortie. “Peek-A-Boo” est la preuve de tout le fun des Rubinoos. Sorte d’école du bon monstre, on se plaira à l’écouter encore et encore lors du prochain Halloween. “Rock And Roll Is Dead“, voilà un statement que les Rubinoos s’empressent de combattre dès l’introduction, guitare à fond à la seventies. Et puis, où était-elle la ballade amoureuse ? Je le disais la semaine dernière à l’occasion de l’article sur Dwight, tout bon album de Power pop doit nécessairement en avoir une. La voilà avec “Memories“. On s’écarte bien entendu du genre précité, mais les Rubinoos démontrent qu’il était aussi un groupe capable d’imiter ceux qui ont fait danser de nombreuses High School Queens.
Ladies, accrochez rapidement les ceintures de votre vieille Chrysler, “Wouldn’t It Be Nice” est l’un des morceaux les plus clichés de la décennie, forcément l’un des meilleurs. Si les quelques titres qui le précédent ne vous ont pas convaincu de la puissance pop des Rubinoos, je ne crois pas une seule seconde qu’il soit possible d’échapper à la beauté de celui-là. De la même fratrie que les titres de Paul Collins, “Wouldn’t It Be Nice” est absolument imparable. Voilà, une fois encore, un morceau comme il ne s’en est plus fait depuis de longues années.
Make It Easy” laisse place à l’un des seuls solos de guitare au son jangle pop de tout l’album. Les albums de Power Pop regorgent généralement de ce type de sonorités, le paradoxe de ce Rubinoos est de ne pas trop en (user et) abuser tout en parvenant à s’inscrire dans le genre. L’album se conclut finalement sur “I Never Thought It Would Happen“, une dernière émanation de Power Pop. L’histoire se finie bien, ils vécurent heureux et eurent beaucoup d’enfants.
Je ne saurai que trop vous conseiller d’aller également vous plonger dans l’écoute de Party of Two, le deuxième opus du groupe paru en 1983 (et logiquement au son plus eighties). Cet album participera de booster la popularité des Rubinoos. On retrouvera finalement deux morceaux du groupe dans le film Revenge of the Nerds paru en 1984.
Paru en 1977, The Rubinoos était déjà à l’époque un tant soit peu anachronique. Cet album laisse une place majeure à la voix de Greg ‘Curly’ Keranen. Ce n’était plus dans l’air du temps, la guitare dominait toute la scène et nombre de groupes recherchaient la puissance rock’n’roll (via le punk) avant toute chose. À l’image de cette pochette, The Rubinoos est un album qui s’était écarté de la mode de son temps. Résultat ? Cet LP est toujours autant d’actualité, 40 ans plus tard. Les grandes compositions le sont toujours, et si certains des groupes de 2015 décidaient de moins se calquer sur ce que (certains) labels (qui s’immiscent dans la production des albums, à tort) imposent de faire, je suis persuadé que tout le monde en ressortirait gagnant.

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