Anachronique : The Remains (British Invasion)

The Remains était un groupe formé en 1964 à Boston à la suite d’un voyage en Angleterre qui lui aura notamment fait découvrir les Kinks. Le paradoxe des Remains s’établit très rapidement ; on jurerait avoir affaire à un énième groupe de la British Invasion alors que ses membres étaient américains. On retrouve cette dualité dans la plupart des morceaux des Remains qui semblent parfois hésiter entre pre-psychédélisme et un son garage à la Sonics.


Heart“, le titre introductif, est un  bel exemple de la dualité des Remains. On y trouve aussi bien du 13th Floor que du Kinks. “Lonely Weekend” laisse lui aussi entrevoir une partie de la puissance rock’n’roll des Remains. On y remarque surtout une basse qui prend de nombreux chemins déviants, ainsi qu’un superbe travail sur les voix. “Don’t Look Back” prend le relais avec de nombreux arguments similaires. Seulement, la structure de ce morceau est plus classique, un véritable titre sixties qui fait bien le job, tellement qu’il est présent sur la Nuggets : Original Artyfacts from the First Psychedelic Era, 1965-1968. Il faut dire que la deuxième minute arrive comme une véritable surprise, les Remains parviennent enfin à faire de leur garage une pièce collector. Vient ensuite “Why Do I Cry“, le quatrième de la tracklist, un véritable hit qui demeure l’une des meilleures composition des Remains. Ce titre est le premier single du groupe, une pièce de pop comme seule les sixties savaient en produire.
Il faut ensuite attendre “Thank You” pour être à nouveau confronté à titre génial. Les morceaux qui le précédent sont relativement axés fifties ce qui a pour effet de créer une écoute festive mais pas vraiment transcendante. “Thank You“, pour sa part, est bien plus unique. Ses airs rappellent les Creation et on y ressent l’influence directe des Beatles.
Si la sortie originale sur le label Epic ne comporte que 10 titres, la réédition de 2007 y ajoute 10 morceaux supplémentaires. On y trouve de nombreuses compositions qui s’inscrivent comme les toutes meilleures du groupe. J’en veux pour exemple “My Babe“. Ce titre, c’est une autre apologie de la grande simplicité vers laquelle tendait la musique sixties. C’est ce qui fait que cette décennie demeure, aux yeux de beaucoup, la plus mythique de toute. L’écoute répétée de “My Babe” ne peut que nous amener à nous demander comment ce titre a pu ne pas arriver en haut des charts ? Les Remains étaient un de ces groupes à singles, ce qu’il démontre ici avec brio. “Baby I Believe In You” imite le King pour notre plus grand plaisir avant d’initier un son Garage pop très shiny. Création la plus noire des Remains, c’est “When I Want To Know” qui parvient à captiver une dernière fois notre attention, façon Syd Barrett. Et puis, ne boudons pas la présence de “All Good Things” qui nous rappelle que les Remains savaient également faire honneur au spirit des Sonics.
Alors, s’il est a priori difficile de trouver une accroche sociale à la musique des Remains, on se réfugie sur les quelques morceaux qui inscrivent le groupe au panthéon des années ’60. Et puis, ce paradoxe entre la nationalité et le style musical fait des Remains un des premiers produits d’exception de la mondialisation. En un slogan publicitaire, les Remains, c’est l’énergie d’une scène américaine au service d’un rock’n’roll super British.
Sans conteste, la présence du groupe sur la première Nuggets y est pour beaucoup dans la reconnaissance aujourd’hui mondiale de ce groupe inconnu à son époque. Les Remains avaient pourtant fait la première partie des Beatles sur l’une de leurs tournées américaines, mais rien n’y aura fait et il faudra attendre les seventies pour que les Remains gagne enfin en popularité. Problème, le groupe était séparé depuis 1966, l’année de la sortie de leur seul et unique LP. Aujourd’hui, les Remains demeurent l’un des groupes les plus populaires de l’histoire de la ville de Boston. Il est également l’un des premiers à avoir fait la synthèse entre Garage Rock et British Invasion. C’est pour cette raison que les titres sont tout aussi colorés qu’ils sont bruts. Aujourd’hui, quelques rares groupes reprennent cette même ambition, avec les Resonars comme chef de file. Il n’est donc pas exclu que les Remains soient encore plus connus dans 10 ans que ce qu’ils le sont aujourd’hui.
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