Anachronique : MC5 (Blues Rock)

MC5, (Motor City Five). Dans la lignée des articles anachroniques déjà écrits sur Blue Cheer, Television et The 13th Floor Elevators, voici l’article sur le légendaire MC5. Auteur d’un Blue Rock psychédélique, les MC5 font partie des groupes les plus influents de leur époque. Les membres du MC5 sont de ceux qui ont inventé la musique psychédélique. Seulement, ils y ont rajouté la puissance que le rock sixties dégageait, sans oublier d’amorcer le rock seventies qui aller ravager les scènes mondiales. Pourtant, le groupe n’a pas en France la reconnaissance qu’il mérite.
Sur fond d’apologie à la marijuana et au LSD, les MC5 vont très vite se construire une réputation d’Hippie Rockeur. Fondé en 1964 par Wayne Kramer et Fred Smith alors qu’ils sont étudiants, le groupe se fait connaître à Détroit, sa ville natale. Anti-establishment, les MC5 étaient avant tout réputés pour leurs performances lives. Mais inutile de chercher à réduire le groupe à un seul aspect de son éclat. Les MC5, c’est avant tout un groupe qui, durant sa courte existence, aura marqué la scène par sa capacité à ne jamais donner ce que l’on attendait de lui.
Kick Out The Jams (1969) est le premier album du groupe. S’il est en fait un album Live enregistré au Russ Gibb’s Grande Ballroom de Détroit, il servira à dresser un fabuleux portrait du son des MC5. Il est l’album le plus nerveux des MC5. Sortit la même année que le Led Zeppelin (métro), cet opus participe de la création d’un Space Rock qui tire vers le Punk. Il s’introduit sur “Ramblin’ Rose“, un morceau qui surprendra à chaque fois les oreilles non prévenues. Rob Tyner prévient pourtant, “I’ll Give You a Testimonial”. Mais rien à y faire, les MC5 ne peuvent être appréhendés. “Kick Out The Jams” est à ce jour le titre le plus connu du groupe. Son motherfucker introductif lui vaudra même d’être censuré sur le continent américain. Aujourd’hui, on n’en compte plus le nombre de reprises. Vient ensuite rapidement “Come Together, une orgie psychédélique où les fleurs ont toutes des épines. Le tourbillon continue avec “Rocket Reducer No. 62 (Rama Lama Fa Fa Fa)“. Et puis, c’est au tour de l’un des chefs-d’oeuvre de l’album, “Motor City Is Burning“. Oubliez ce que vous savez sur le Rock, fermez les yeux, et extasiez-vous. On finit sur “Starship“, un titre de plus de huit minutes qui aura marqué l’Histoire du Blues Rock. Tenez vous bien, la guitare de Fred “Sonic” Smith (alors marié à Patti Smith) tourne rapidement le titre en une pièce de Rock Expérimental à couper le souffle. Petites natures s’abstenir. Kick Out The Jams, c’est le Hard Rock au sens premier du terme, c’est un opus bourré de testostérone, c’est très fort !
Back In The USA (1970) est le premier opus studio des MC5. “Tutti-Frutti” surprend après l’écoute de Kick Out The Jams. “Teenage Lust” vient redresser la barre avec un son plus profond. Et puis, on trouve un des plus beaux titres de la décennie avec “Let Me Try“. La voix de Rob Tyner y est transcendée. Les paroles ne s’effacent jamais, “I’ll be your singer; You’ll be my song; I’ll lay you down softly; I’ll love you long“. Déconnecté de tout ce que les MC5 ont pu faire, ce morceau est une perle cachée au milieu d’un océan de sons dévastateurs, ce qui sublime encore plus sa présence. “Looking At You” vient ensuite nous couper dans notre élan. Mais le titre demeure l’un des meilleurs des MC5, ce qui aide à faire passer la pilule. “High School” suit dans la foulée. C’est l’une des parutions les plus ludiques du groupe. Immanquable. “Call Me Animal” vient ensuite nous initier au Proto Punk. Le dernier titre, “Back In The USA“, boucle la boucle du premier morceau.
High Time (1971) est le dernier album des MC5. Dès l’introduction avec “Sister Anne” on comprend que cet album sera plus tourné vers le Punk. En partie tout au moins, car n’oublions pas que ce titre dépasse les 7 minutes, ce qui n’est pas vraiment dans l’habitude des groupes du genre. La romance du groupe réapparait sur “Miss X“, tandis que la mouvance Blue Cheer se fait la belle avec “Gotta Keep Movin’“. “Future, Now” est la preuve que les MC5 sont toujours les enfants sulfureux de Détroit. C’est finalement très The Amboy Dukes. A notre grande surprise, on se trouve confronté à un interlude planant qui nous laisse dans l’inconnu. Le titre se conclut finalement sur cette atmosphère spectrale assez étrange, comme ci les Vanilla Fudge étaient passés par là. “Over And Over” et “Skunk (Sonicly Speaking)” sont les deux derniers titres des MC5. Les deux guitares sur le dernier cité ont de quoi laisser le meilleur gout en bouche. Le morceau se conclut même sur un concert de cuivres, comme un clin d’oeil aux tout débuts du groupe qui avait commencé en liant free jazz et hard rock. Mais peut-être moins percutant, cet album marquera le début de la fin du groupe, qui finira par se séparer définitivement le 31 décembre 1972.
Les MC5, c’est un groupe sans lequel les Stooges n’auraient jamais été ce qu’ils ont été (et puis seulement car un de ses membres à sauver Iggy Pop d’une overdose). Il en va de même pour les New York Dolls. Les MC5, inspiration revendiquée de Ty Segall, John Dwyer et des autres légendes des années 2010′, c’est assurément un indispensable de ces articles anachroniques.

(mp3) MC5 – Let Me Try (1970)
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1 Comment

  • Anonyme

    Un groupe incontournable des 70's, avec les Jam bien-sûr.

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