Album Review : Widowspeak – Widowspeak (Grunge)




Chronique : Widowspeak

Album “Widowspeak“.




Fiche technique : Leur ville d’origine ? Brooklyn. Nombre de membres ? Trois. Leader ? Molly Hamilton. Date de sortie ? 15 août.


Widowspeak est de ses groupes qu’il est, historiquement, impossible de situer. La formation produit un rock très sixties et très moderne à la fois qui joue de beaucoup d’influences : The Vaccines, The Drums, The Black Keys, Warpaint, She & Him ; mais aussi The Kinks, The Who … Parfois et même souvent ce sont les années plus sauvages 90′ qui font leur apparition, Widowspeak étant alors l’incarnation du revival grunge (Nirvana pour père fondateur). Un tout qu’il faut savoir apprécier. Si la formation vient donner un coup de jeune à la grunge musique, c’est par des touches très lazy à la Captain Beefheart que le résultat prend forme.


La force majeure de cet opus est, disons-le immédiatement, Molly Hammilton, guitariste et chanteuse à la voix fort malléable. Elle est aussi le point faible de l’album, ne jouant pas assez de ses possibilités et faisant état de trop de titres plats. Les premiers titres du groupe avaient été enregistrés sur cassette (dont je signale au passage que plusieurs labels ont décidé d’éditer à nouveau pour leurs albums à venir), certains semblent à ce titre édulcorés. Et pourtant. Widowspeak est une formation qui a un bel avenir. L’orchestration est toujours réussie, aucun titre n’échappe à la règle. Le groupe dispose par ailleurs d’un univers convaincant, brumeux et intrigant. Pour le reste, place à la critique détaillée :


  • Puritan : une bonne entrée en matière. Molly chante sur le fil rouge, l’orchestration elle aussi semble fragile et Widowspeak annonce la couleur : cet équilibre miraculeux sera celui de l’album, la plupart du temps.

  • Harsh Realm : Harsh Realm avait un énorme potentiel avec sa lineup façon Black Keys, en ressort un titre agréable qui ne marque pas l’album. Alors que l’on croit enfin le morceau lancé à la 80ème seconde, il n’en est finalement rien. Ce n’est pas l’effet recherché, mais cela laisse plus de place au titre suivant.

  • Nightcrawlers : meilleur titre de l’album. Nightcrawlers est l’exemple même que Widowspeak doit suivre : on ne reste pas sur sa faim, exit cette frustration des deux premiers titres, à présent, place à un son plus lourd et qui ne boude pas sa nervosité. Molly prend sa voix grave et ses allures plus sombre, un pur régale.

  • In the Pines : à l’image de Harsh Realm, la guitare est très bonne et il semble que ce soit un manque de créativité qui empêche Widowspeak d’atteindre ici le stade supérieur. Étonnant.

  • Limbs : sombre et lancinant, Limbs fait la part belle à un son très fouillé, minutieux et de plus en plus obscure.

  • Gun Shy : Gun Shy pourrait faire la bande son d’un film vous présentant les bienfaits de la “American Way of Life”. C’est une musique de western que l’on aurait aimé avec plus de rebondissements. Le tout demeure toutefois réussi, et don’t forget, “You’re still a wild one but what is it you’re running from“..

  • Hard Times : cette chanson mi-Widowspeak mi-She & Him n’est à l’évidence pas la voie à suivre pour les premiers. À la différence de She & Him, Molly Hamilton est capable de ce ton dramatique et inquiétant, pourquoi ne pas en profiter ?

  • Fir Coat : titre guilleret qui ne faillit pas par manque d’originalité. Fir Coat est la face ensoleillée de Widowspeak.

  • Half Awake : un riff entraînant, on peux reprocher à ce titre d’avoir une structure bien trop répétitive pour véritablement séduire. Lorsque la guitare prend le dessus, on regrette que le guitariste ne se contente que de 3 accords.

  • Ghost Boy : la voix de Molly Hamilton est radieuse. Les paroles peut être moins. Ghost Boy, une fois de plus, semble ne pas oser assumer un grunge qui frappe pourtant à la porte. On y était pourtant presque.


Plusieurs façons d’écouter cet album s’offrent à vous : vous choisirez la version soft et mettrez l’album en fond sonore autour d’un apéritif dont vous seul avez le secret. Widowspeak remplira alors très bien sa tâche. Vous choisirez la version plus pêchue d’une écoute ultra attentive et c’est alors que Widowspeak révélera sa faiblesse principale : une sensation de frustration, une insatisfaction due au potentiel de la formation que l’on sent énorme et pourtant comme mal exploité.


Widowspeark semble avoir voulu jouer d’un esprit minimaliste et éviter l’écueil du premier album où chaque membre du groupe veut prouver son savoir-faire au monde entier. Ok. Toutefois, il manque un ingrédient que seuls quelques titres contiennent. Le deuxième album sera meilleur, incontestablement. À écouter.



Note : 7,2 / 10 (barème)



(mp3) Widowspeak – Gun Shy
(mp3) Widowspeak – Nightcrawlers



Lien afférent :

BandCamp du groupe


2 Comments

  • redBloodC.

    Je suis entrain d'ecouter les deux chansons que tu as poste et je trouve ca tres bon. Ca me rappelle essentiellement la voix de Hope Sandoval (plutot en solo qu'avec Mazzy Star) et puis un groupe australien qui s'appelle Howling Bells (que ce soit pour la voix et pour la musique elle meme). En parlant de Howling Bells, un nouvel album sort bientot il me semble, mais si tu ne connais pas, je te conseille le 1er album eponyme, tu me diras ce que tu en penses. Le 2e n'est pas tres bon par contre.
    *downloading*

    Sinon, j'avoue que je m'attendais un peu a du vrai grunge, style nirvana haha.

    Autrement, quand tu dis "qui joue de beaucoup d'influences", c'est pas plutot de ressemblance dont tu veux parler? Parce que c'est un peu etrange de dire que The Vaccines, qui viennent de debarquer ait pu influence un groupe qui leur est contemporain. Autant pour les vieux ca peut marcher, mais pour les nouveaux arrivants c'est de l'anachronisme.

  • redBloodC.

    influencer*

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