FAKE NEWS #1: Deerhunter new LP is called Fuck Off


In a post-truth/post-music-critic world, I am so proud, oh yeah, so, so proud to present a new Still in Rock column entitled “Fake News“. Every once in a while, mostly on Fridayzzz, I’ll publish a paper developing an alternative fact/theory in which I am the only one to believe. Only buzz matters so let’s flush what they call “truth” down the toilet. And by the way, Jay Reatard is not dead and Donald Trump listens to his music. Did you know that?


*********

Deerhunter new LP is called 
“Fuck Off”


Le 15 mai dernier, Deerhunter a fait paraître son nouvel album, Fuck Off. Alors qu’il avait originalement pensé à l’appeler Double Dream Of Spring, il a finalement opté pour ce titre parce que plus proche de ce qu’il est : un gros doigt d’honneur. Deerhunter a fait ce que peu d’artistes ont un jour osé faire, en deux mots, il a profité de son statut de superstar pour sortir un album volontairement inaudible, tout ça, pour se foutre du système qui se cache derrière la musique dite “indé“. Conscient que chaque morceau qu’il sortira fera l’objet d’une large promotion, Deerhunter a décidé de coincer son producteur et son label en les forçant à travailler sur un album qui ne plaira même pas à votre grand-mère atteinte de surdité aux trois oreilles.

Sur “Clorox Creek Chorus“, Deerhunter passe en boucle le bruit de la navette dans 2001 Odysée de l’Espace. Et “Dial’s Metal Patterns” d’enchainer sur un truc baroque expérimental : “je voulais montrer que le dernier album de OCS est à mille lieues d’un objet artistique, il est beaucoup trop mélodique, pas assez élitiste, quel est l’intérêt du truc ? Et puis, ce que fait Sun Ra, c’est facile, preuve en est, je le surpasse ici sans difficulté“, dit-il.

C’est en composant “[untitled]” que Deerhunter a eu l’idée du nom pour son album : “je me suis dit que j’allais enregistrer le bruit de mes chiottes et forcer 4AD à dépenser du fric là-dedans“. “Strang’s Glacier” symbolise alors le temps qui passe, comptant les goutes et les moutons. Et “The Primitive Baptists” de frôle la catastrophe : “j’ai eu l’envie soudaine de faire un truc mélodique lorsque je me suis mis à mon piano, je l’ai finalement échappé belle en écourtant la chose“.

La piste qui vient alors est spécialement conçue pour tester la robustesse de nos systèmes audio, j’ai nommé, “Denim Opera“. L’idée était de faire bourdonner quiconque s’en approche de trop près. Ce morceau s’inscrit en plein dans la lignée de cet album Fuck Off, ce que “Lilacs In Motor Oil” accentue encore : “je suis aller au Palais de Tokyo, une lumière fonctionnait mal alors je me suis rué sur l’occasion, je tenais mon nouveau hit“. Et de rajouter : “la musique expérimentale n’a plus rien d’expérimental, elle est tout juste noisy. Un véritable titre expérimental ne doit s’écouter qu’une seule fois, être comme un visionnage d’American History X : une expérience unique qu’on ne veut jamais revivre“.

Très logiquement, une référence à Faulkner s’imposait (Bradford n’aime pas John Ashbery). L’auteur du Bruit et de la Furreur, un livre illisible dont il est chic de dire qu’il est “trop cool” (avec l’accent), avait en effet sa place dans le Grand Doigt d’Honneur (avec majuscules) de Bradford Cox. “Faulkner’s Dance” est une véritable ode aux cadavres qui avancent vers sa maison de disque. Et puis, pour rendre le tout encore plus regrettable, il a fait de “How German Is It?” un petit aperçu de ce qu’il aurait pu faire s’il avait voulu faire un album de musique qui “puisse s’écouter, erk“. Mais Bradford n’a pas voulu de ça : “le système marche sur la tête, les artistes très connus comme moi peuvent enregistrer leurs défécations et les sortir chez Sony. Avec Fuck Off, je leur dis d’aller se faire voir et d’écouter les albums avant de s’engager. Je leur ai d’ailleurs dit que mon prochain album sortira sous le nom de Bradford Cox Sucker, et que je voulais qu’il apparaisse en gros sur la pochette, rien que pour les faire chier. Je pousse l’expérience plus loin encore, ce sera inaudible et visuellement très laid.” Bradford regrette “Serenity 1919“, parce qu’il n’est pas si détestable que ça et que certains – tel votre serviteur – pourraient même l’aimer.

La démarche derrière cet album est ainsi opposée à celle de 2015 lorsqu’il sortait Fading Frontier : “Je vais donner de la pop au peuple, tout ce qu’il veut c’est danser, danser, DANSER !”. Ici, Bradford Cox a opté pour le statement anti-système. C’est un vrai punk, et pour le montrer, il a sacrifié une sortie. En faisant paraître cette dernière, 4AD prouve son point. Fake newz or not, it’s your call.

Tracklist: Fuck Off / Double Dream Of Spring (LP, 4AD, 2018)
1. Clorox Greek Chorus
2. Dial’s Metal Patterns
3. Untitled
4. Strang’s Glacier
5. The Primitive Baptists
6. Denim Opera
7. Lilacs In Motor Oil
8. Faulkner’s Dance
9. How German Is It?
10. Serenity 1919

Lien:
Tous les articles “Fake News”


Post a comment

Your email address will not be published. Required fields are marked *