LP Review : Escobar – Bird of Prey (Garage Proto Punk)

Escobar est un groupe français originaire de L.I. (dit aussi Limoges) qui a fait paraître un premier album intitulé  エスコバル  (sans copié-collé) au début de l’année 2015. Les 12 morceaux qui le composaient étaient bruts, une sorte de statement sur fond de : le rock’n’roll se suffit à deux et sans trop d’arrangements. Ce parti pris aventureux – sans être pour autant minimaliste – avait convaincu une large partie de tous ceux qui ont eu la chance de les voir évoluer en live. Le deuxième LP fera donc logiquement beaucoup plus parler, parce que l’on sait désormais qui ils sont, parce qu’un sacré combo de labels est derrière eux (Beast Records et Ill Records), parce qu’ils joueront plusieurs dates parisiennes et parce que la pochette (de Sir Pedro Garot) tue.

Qu’en est-il du contenu, alors ? Confidences pour confidences, lorsque Vince de Freaky Loud Things m’a fait écouter quelques extraits du ce nouvel album d’Escobar, je me suis d’abord dit que ça allait cogner fort. Erreur, ça cogne très fort. Bird of Prey, puisque tel est son nom, n’a rien d’un petit moineau qui viendrait gentiment vous susurrer quelques mots au creux de l’oreille. Bird of Prey, c’est plutôt un énorme goéland qui vient dégueuler sur le bord de la plage. Mais en bien.



You Must Get Stoned” vient immédiatement nous percuter, sans prévenir. Première surprise, Escobar pourra bien être le premier groupe français à faire dans la musique slacker avec tant de facilités. Ce premier titre fait l’apologie du get stoned sur un rythme acharné, on est instantanément dedans, c’est déjà fort. “Before You Die” complète un excellent duo introductif en nous dictant quoi faire avant de mourir (dans le désordre, et sans tenir compte des paroles) : réécouter les MC5 une dernière fois, aller voir du côté de la scène punk de Washington, danser avec Country Teasers et taper les Mummies.
Plus aucun doute au stade de “Bird of Prey“, Escobar (ici Charly Kayo) est un “maître rythmique”, un grade pourtant peu décerné chez les bouddhistes. Le titre finit dans une sorte de marshmallow de punk salace et de rock’n’roll noirâtre, c’est beau.
Clinic Time” reprend le spirit du titre introductif pour une glorification du tomorrow will never happen. Ces quatre premiers morceaux défilent à toute vitesse et le TGV punk d’Escobar se dirigent en direction de l’orgiasme rock’n’roll. “Partner In Crime” réduit alors l’intensité, c’est de la pop façon Escobar. Je crois qu’il faille écouter ce morceau comme on écoute du kautrock, sans trop penser à rien d’autre que la guitare qui complète une voix récitant une formule d’hypnose.
Paranoid Love” attaque la deuxième face de cet album sous des hospices plus fervents encore. Escobar joue avec le rythme de ce morceau pour le meilleur. “Negative Song” est particulièrement bon parce que la guitare se permet une explosion noisy que l’on attendait. L’album nous fait l’amour depuis 12 minutes déjà et il fallait que quelque chose de nouveau se passe. “I Believe In God” reprend ensuite le rythme de croisière, une nouvelle fois pour nous convaincre de son autorité.
Weakness” continue ce mélange pour le moins très original entre garage punk et sonorités grunge (sur la voix). On ne pourra pas reprocher à Escobar de proposer un son qui a déjà été joué des dizaines de fois, et ça, c’est déjà beaucoup. “Control” enfonce le dernier clou et c’est alors qu’il convient de faire un big up à Christophe Marraud pour son travail à la production qui fera beaucoup du succès de cet LP.

Au final, Bird of Prey est un très bon album du genre. Escobar délivre dix morceaux de proto punk à très forte tendance garage dans le but de réveiller Wayne Kramer. Mais l’album souffre logiquement de ce qui constitue par ailleurs son point fort : à toujours cogner, on finit par s’essouffler. Remi Lucas compense avec plusieurs effets sur sa voix, mais peut être aurait-on également voulu que la guitare ose plus, à la façon de “Negative Song“, histoire de briser l’once de monotonie qui s’y trouve. C’est, à dire vrai, le reproche que l’on peut adresser à tous les albums de “proto” quelque chose, proto-pop, proto-rock, proto-punk…

Quoi qu’il en soit, c’est au fer rouge que Bird of Prey marque l’année 2016 de la scène française. Les titres introductifs sont particulièrement prenants et Escobar affirme son identité en contentant les laboratoires spécialisés dans l’ibuprofène. Blague à part, la production de cet LP est irréprochable et les 10 morceaux qui le composent sont loin de saturer, bien au contraire. Il sera désormais intéressant de voir ce que le groupe tentera sur son troisième LP, parce que la maitrise de ces gars-là pourrait bien les emmener très loin.

(mp3) Escobar – You Must Get Stoned
(mp3) Escobar – Before You Die

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Article sur le groupe Country Teasers

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