Anachronique : The Desperate Bicycles (English Punk)

L’histoire de Desperate Bicyles (qui officia également sous le nom de The Evening Outs) est quelque peu singulière. Le groupe, désireux de faire paraître un premier single sur son label, décide de louer un studio à Dalston. Il en ressort trois petites heures plus tard avec  “Smokescreen” et “Handlebars“. Et puis, le revoilà en studio quelques semaines après, cette fois pour enregistrer “No More Time For Spectating“. On est bien évidemment en 1977, le label Refill Records vient de prendre de vie et les Desperate Bicyles par la même. Le groupe continuera sa formule 7inch avant de faire paraître son seul et unique album en 1980, le bien nommé Remorse Code. Ne nous le cachons pas, Desperate Bicycles fait partie de ces groupes obscurs qui auront été submergés par les grands noms du punk. Il y a pourtant chez les Desperate quelque chose que l’on trouvait peu ailleurs : une spontanéité qui lui donne un côté amateur / D.I.Y. que tant veulent aujourd’hui copier. L’anthologie Singles, paru en 2010 l’atteste très largememt.

The Desperate Bicycles, c’est tout ce que l’on aime dans le punk anglais : de l’humour, des riffs sauvages et de l’humour (“The Housewife Song“, hm hmm..). Je ne peux m’empêcher de penser que “Smokescreen“, le premier single retenu, s’imposera en haut de la liste des meilleurs singles de l’année. Quatre couplets, la voix de Danny Wigley comme mitrailleuse et le tour est joué. C’est brut brut brut, du vrai punk anglais. Je note ici que la scène anglaise a probablement perdu son mojo en ce qu’il a délaissé l’immédiateté de sa musique. Ah, si seulement les D.B. pouvaient en inspirer quelques-uns… Plusieurs punk parties plus loin (“The Medium Was Tedium“) se cache l’excellent “(I Make the) Product“. Le voici le voilà, l’hymne du black friday, l’apologie cachée du croni-capitalism. On y retrouve des Desperate Bicycles saignants et mélodiques. C’est là qu’il exprime le mieux son potentiel, lorsqu’il parvient à mailler son animalité à quelque chose d’harmonieux.
Le son change considérablement avec “Paradise Lost“, l’instru s’efface légèrement au bénéfice d’un texte mélancolique. Et puis, on trouve presque de la jangle pop sur “Advice on Arrest“. Je serai curieux de savoir ce que ce titre, l’un des meilleurs de l’anthologie, pourrait bien donner en live. Avis aux groupes qui lisent cette chronique, envoyez-moi une vidéo de votre reprise de “Advice on Arrest” et on s’arrangera pour faire parvenir ça aux autres lecteurs de Still in Rock (la proposition, en réalité, fonctionne aussi avec “Smokescreen“) !
Holidays” est l’un des titres le plus long de tout l’album. Sa structure est plus classique, comme un statement pour démontrer que les vélos désespérés savez aussi produire une pop aguicheuse. Mais l’on ne peut s’empêcher de se blottir contre un peu de brutalité avec “Cars“, le titre punk par excellence. On ne saurait faire plus simple, les paroles, la guitare, la section rythmique, tout est là pour nous rappeler le promptitude du punk de l’époque, ce qui faisait sa magie. “Occupied Territory“, pour sa part, pourrait être un morceau de Guided by Voices, en cela que l’on ressent directement à quel point la mélodie, enfouie sous une montagne de lo-fi, aurait pu afficher un des hits des Beatles. La fin de compil’, après “Skill“, est moins solide. Le synthé occupe tout l’espcae sonore, c’est un témoignage des débuts du post punk, mais certainement pas une pièce mélodique qui enchantera vos soirées amoureuses. 
C’est injuste, mais comme Dan Treacy, Danny Wigley aurait pu laisser une trace dans l’histoire s’il avait accepté de faire partie du système. La même remarque vaut d’ailleurs pour les Homosexuals dont la musique présente des similarités avec celle de Desperate Bicycles. Mais le groupe ne s’y est jamais essayé, préférant enregistrer ses morceaux sans les avoir répétés. Il nous revient de lui donner aujourd’hui la lumière qu’il mérite. Après tout, un groupe qui dit avoir enregistré parce que “it was easy, it was cheap” mérite tout l’or du monde. Et la moralité dans tout ça ? Passez du temps en studio si vous êtes certains d’avoir le meilleur producteur du monde avec vous. Sinon, retenez immédiateté comme mot d’ordre et ne cherchez pas à sur-produire des morceaux qui seraient meilleurs en démo. 
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